« La fonction professorale doit prendre un sens nouveau ». Interrogé par la Commission de l’éducation de l’Assemblée nationale lors de la présentation de son budget, le 23 octobre, Jean-Michel Blanquer a du préciser ses intentions sur la revalorisation du métier enseignant. Il en ressort que comme E. Macron, il ne voit de « revalorisation » que dans une augmentation du travail enseignant.
Pas de revalorisation en 2020
Si pour la députée LREM A-C. Lang « les enseignants sont augmentés de 300 €; c’est incontestable », la réalité budgétaire pour 2020 est sensiblement différente et présage mal d’une véritable revalorisation. Selon JM BLanquer le budget prévoit 300 millions pour le GVT(hausses de salaire liées à l’ancienneté) auxquels s’ajoutent 340 millions par application des accords PPCR signés en 2016 et retardés d’un an par le gouvernement d’E Macron. Il y a également 60 millions en règlement de la hausse de la prime de Rep+. Cette augmentation est la seule à mettre au crédit du gouvernement et elle est loin de représenter 300 € par enseignant.
D’après JM BLanquer, il reste 30 millions « pour l’agenda social », c’est à dire à négocier avec les syndicats. Encore le ministre explique t-il qu’ils seraient destinés à une amélioration du taux d’accès à la hors classe pour les enseignants du 1er degré (leur taux d’accès est nettement inférieur à celui des enseignants du second degré). Aucune revalorisation n’est donc budgetée pour 2020 en ce qui concerne les enseignants.
Heures supplémentaires et personnalisation
« On va se revoir avec les syndicats sur l’articulation réforme des retraites, rémunération et définition du métier enseignant », annonce le ministre. Il lie ainsi, comme E Macron le 3 octobre, toute revalorisation à une redéfinition du métier. E Macron avait expliqué que ce serait lié à la hausse du temps de travail et la réduction des congés.
JM Blanquer indique deux pistes. D’abord les heures supplémentaires qui permettent aux enseignants de gagner plus. Mais on sait que cela ne concerne pas les enseignants du premier degré, dont les salaires sont généralement inférieurs à ceux du 1er degré. Ces heures ne sont pas disponibles pour toutes les disciplines. Et globalement ce sont les hommes et les enseignants des catégories les plus élevées (agrégés, CPGE) qui en font davantage. Autrement dit, les heures supplémentaires augmentent les inégalités dabs le corps enseignant.
Ensuite, « la fonction professorale doit prendre un sens nouveau. Cela passe par la capacité à personnaliser la carrière du professeur ». Autrement dit aux carrières ponctuées par un avancement statutaire succéderait une « personnalisation » de la carrière selon le « mérite ». Cela sera rendu possible grâce à la loi de réforme de la fonction publique adoptée cet été qui donne de nouveaux pouvoirs à la hiérarchie immédiate. Au ministère on parle de « gestion de proximité » des relations humaines.
La commission rejette les amendements
La commission de l’éducation a adopté le budget 2020. Elle a aussi rejeté les amendements déposés par l’opposition et quelques députés de la majorité concernant le métier enseignant. Ainsi trois amendements PS demandaient le rétablissement des 440 postes supprimés dans le second degré ou la création de postes dans le 2d degré pour accueillir les 40 000 élèves supplémentaires. Un autre amendement PS en faveur de la titularisation des contractuels a aussi été rejeté.
F Reiss (LR) et M Victory (PS) ont relevé la baisse de 3.5% des crédits de formation du 1er degré, en contradiction avec le discours ministériel, et demandé son annulation. Les deux amendements d’un montant de 30 millions ont été repoussés par la majorité. Un amendement PS prévoyant de doter chaque professeur d’un crédit formation de 100€ a été aussi rejeté.
Des députés de la majorité sont intervenus pour défendre le service médical de l’éducation nationale en pleine déliquescence du fait des salaires insuffisants. M Isaac-Sébille et Mme Bannier, Mme Descamps et MM Bournazel et Zumkeller ont demandé un million pour revaloriser les salaires des médecins scolaires en vain. Mme Temarelle Verhaeghe et les députés PS ne demandaient que 250 000 € . Ils ne les ont pas obtenus.
F Jarraud
Revalorisation : ça commence mal