La première réunion sur la réforme des retraites et la revalorisation nécessaire des enseignants a eu lieu le 8 octobre entre le ministre, le haut commissaire aux retraites, M JP Delevoye, et les syndicats. Si le ministre se dit toujours favorable à une revalorisation c’est dans le cadre qu’Emmanuel Macron a fixé le 3 octobre. La revalorisation butte sur les exigences du « travailler plus ».
Macron trouble la négociation
» Alors que le Ministre de l’Éducation nationale dit vouloir une « réflexion approfondie sur la rémunération des enseignants », les propos du Président de la République lors du débat de Rodez le 3 octobre dernier, inquiètent fortement la FSU puisqu’il conditionne ces discussions à une « transformation de la carrière », comprendre accepter de travailler plus et réduire les vacances… « , écrit la Fsu à l’issue de cette première réunion. » Les propos du président de la République jeudi, à Rodez, sur l’étalement sur un temps long de la revalorisation, tout en interrogeant les vacances et le temps de travail, ont placé le premier rendez-vous entre J.P. Delevoye, J.M. Blanquer et les organisations syndicales représentatives de l’éducation nationale sous de mauvais auspices », écrit l’Unsa. « Jean-Michel Blanquer a plutôt parlé de mettre sur la table « l’ensemble des enjeux de ressources humaines » « en termes de droits et devoirs », et souhaite être « extrêmement créatif sur ces questions-là, que ce soit le sujet obligations réglementaires de service, le sujet vacances », écrit le Snalc.
On se rappelle les propos d’Emmanuel Macron le 3 octobre à Rodez. « »Il faut repenser la carrière. Il faut arriver à ce que la carrière progresse davantage. Comme on paye mieux on change le temps de travail (des enseignants) pour accompagner les jeunes différemment.. On regarde les vacances ». Le président de la République part du principe qu’un enseignant a une retraite de 1200 € par mois (la moitié de la retraite réelle) et lie toute augmentation à une modification de ses obligation. Dans sa vision la revalorisation doit se financer elle-même. Ce sont les suppressions de postes, résultant d’une hausse continue du temps de travail des enseignants, qui doivent permettre la hausse de salaire rendue nécessaire par la réforme des retraites. Cette vision des choses , purement comptable, ignore le temps réel de travail des enseignants. Elle est faite candidement au milieu d’une vague de suicides des professeurs pour burnout…
Les revendications syndicales
Evidemment il est difficile pour la plupart des syndicats d’entrer dans cette logique. » Il est inacceptable de détourner la question salariale en cherchant à aggraver un peu plus l’exercice quotidien des métiers des personnels. Et la FSU refusera toute logique de prise en compte d’un prétendu mérite qui ne revaloriserait que certains personnels au détriment de tous les autres », écrit la Fsu. La Fsu semble seule à refuser le mérite comme critère de revalorisation. Le syndicat veut négocier une hausse des débuts de carrière et un aménagement de la fin de carrière avec allègement du temps de service, une perspective validée par E Macron le 3 octobre. Pour la Fsu la revalorisation pourrait se faire par le doublement de l’ISAE et de l’ISOE et de l’indemnité des CPE et l’alignement de son montant pour les professeurs documentalistes et Psy EN.
Pour l’Unsa, » le ministre a renouvelé ses engagements sur une réforme juste pour les personnels du ministère. Pour autant, il reste encore trop de flou… L’UNSA Éducation y a porté fortement ses exigences pour que l’ensemble des personnels de l’éducation nationale ne soient pas pénalisés par cette réforme. Nous avons demandé des éléments concrets de calendrier et d’engagement avant le vote de la Loi… La question de la revalorisation en lien avec la réforme des retraites dans notre ministère se pose pour l’ensemble des personnels ».
Le Snalc a demandé « que les négociations à venir sur les « compensations » portent dans un premier temps exclusivement sur « une augmentation de la part fixe du traitement sans contreparties » (dégel du point d’indice, hausse des grilles et/ou hausse des indemnités fixes, et ce pour tous les personnels) ».
Le Sgen Cfdt reste pour le moment flou dans ses objectifs. « C’est désormais au gouvernement de préciser son engagement budgétaire pour le rendre crédible, d’organiser le calendrier de discussion avec les organisations syndicales prêtes à s’engager pour obtenir des avancées pour toutes et tous ».
Alors que la revalorisation semblait acquise, après de nombreuses déclarations de bonne intention du ministre, elle apparait maintenant hors de portée. Aucun syndicat ne s’est dit prêt à entrer dans une logique gouvernementale introduite au dernier moment au milieu de la vague de suicides.
F Jarraud