» Créer les conditions d’une égalité réelle permettant à tous de réussir nécessite d’assurer dès le collège un meilleur accompagnement des élèves issus des milieux modestes dans l’élaboration de leur parcours de formation. Tel est le sens des parcours d’excellence que vous mettrez en place, sur l’ensemble du territoire, à partir de la rentrée scolaire 2016″. Une instruction publiée au B.O. du 25 août demande aux principaux des collèges Rep+ de les mettre ne place dès cette année. Mais est ce vraiment un dispositif utile ?
Des « cordées de la réussite » pour les collèges populaires
Annoncés en janvier par le ministère, les Parcours d’excellence veut « assurer l’égalité des opportunités de réussite » tout en ne s’adressant qu’à des élèves volontaires. Les parcours d’excellence reprennent la philosophie des dispositifs du type Cordée de la réussite en les généralisant aux collèges Rep+.
» Les parcours d’excellence ne se substituent donc pas au dispositif des cordées de la réussite Ils s’inspirent des démarches qui ont fait leurs preuves et les amplifient en s’adressant à plus de jeunes et à plus d’établissements, à un public plus diversifié (dans ses dispositions scolaires et dans ses aspirations académiques et professionnelles) et en créant un continuum de la 3e à la terminale pour donner aux élèves issus des milieux modestes des moyens supplémentaires de réussir et d’exceller dans la voie qu’ils ont choisie, qu’elle soit professionnelle, technologique ou générale », précise l’instruction.
» Dans le cadre des parcours d’excellence, les élèves sont accompagnés de la classe de 3e jusqu’au baccalauréat, quels que soient leurs choix d’orientation au cours de cette période, afin de les appuyer, en complément de leur parcours Avenir, dans la construction d’un parcours personnel vers une excellence choisie (poursuite d’études post-bac ou insertion professionnelle directe) », ajoute le texte. » Au collège, il s’agit surtout d’assurer aux élèves un meilleur accès à l’information concernant les différentes possibilités de poursuite d’études tant dans le secondaire que dans l’enseignement supérieur, de manière à travailler avec eux pour éviter les pratiques d’autocensure à l’égard des filières et/ou des métiers. Un travail sur la représentation que les élèves peuvent avoir de certaines filières de formation doit donc être réalisé pour ouvrir des possibles ». Ce travail sera prolongé en 2017 au lycée.
Le principal choisira « des partenaires adéquats » notamment grâce à la réserve citoyenne et aux Comites locaux école entreprise (CLEE). L’instruction donne toutes les précisions pour la mise en place du dispositif.
Et le ministère y met des moyens. Outre des IMP pour l’enseignant référent, les collèges bénéficieront de deux volontaires en service civique.
Une efficacité pas assurée
Deux idées animent ce nouveau dispositif. Le ministère explique qu’il s’inspire des Cordées de la réussite, un dispositif peu évalué et qui est peu présent dans les établissements populaires. Si l’efficacité des Cordées reste à établir, on a eu par contre une évaluation des dispositifs d’aide proposés aux élèves des internats d’excellence. P Rayou a pu montrer, dans Aux frontières de l’école, que ces dispositifs, qui ressemblent à ce que veut mettre en place le ministère, ont échoué et ont finalement été désertés par les élèves. Il ne suffit pas d’offrir des visites de musée pour transmettre la culture bourgeoise. Il ne suffit pas d’une aide en dehors de la classe pour résoudre les difficultés des élèves. Ce n’est pas parce que les élèves travailleront plus, qu’ils auront un encadrement plus attentif que les difficultés, souvent anciennes, s’envoleront.
Une autre idée fonde ce dispositif : l’idée que ce qui empêche les élèves de réussir c’est l’autocensure des familles. Deux études récentes, un rapport de l’Inspection et une étude de la Depp, ont montré que cette autocensure existe. Mais là aussi il ne suffit pas de la gommer pour que la réussite arrive. On aimerait croire qu’il suffise de promouvoir l’information sur les filières sélectives et de donner un coup de pouce ministériel pour que la sélection sociale des élites s’atténue. Malheureusement c’est plus compliqué comme l’ont montré Sylvain Broccolichi et Rémi Sinthon, dans un article paru dans le numéro 175 de la Revue française de pédagogie.
Beaucoup a été fait en faveur de l’éducation prioritaire depuis 2012. Il reste quand même beaucoup à faire simplement pour que les élèves des collèges Rep+ aient des enseignants titulaires en nombre suffisant. Ca par contre généralement c’est efficace. Et pas que pour des élèves volontaires..
François Jarraud