Qui soutient la réforme du lycée professionnel ? Après le Snuep Fsu, les autres syndicats d’enseignants marquent leur critique du rapport Calvez – Marcon, notamment parce qu’il ne ferait du L.P. qu’un réservoir pour l’apprentissage. Cette rare unanimité mérite d’être soulignée. Seul le Snpden, le premier syndicat de personnels de direction, accueille positivement le rapport.
» Le rapport sur la voie professionnelle scolaire qu’ont remis Céline Calvez et Régis Marcon à Jean-Michel Blanquer le 22 février, ne lève pas les inquiétudes des enseignants de l’Unsa quant à l’avenir des lycées professionnels. Ceux-ci ne veulent pas être réduits à accueillir les jeunes qui ne seraient pas, ne seraient plus ou ne pourraient pas être en apprentissage », écrit le Se Unsa, un syndicat « réformiste » généralement plus bienveillant pour les réformes. » Le rapport propose plusieurs leviers pour développer la formation en apprentissage en dehors ou au sein des lycées professionnels, partant du présupposé que la formation en apprentissage serait préférable à la formation sous statut scolaire. Nous contestons ce parti-pris. La formation en apprentissage est sélective, à l’entrée car elle exige de trouver un employeur et pendant la formation car elle demande une forte autonomie. C’est au prix de cette sélection qu’elle peut afficher des taux d’insertion supérieurs à ceux de la voie scolaire. La voie professionnelle accueille pour sa part tous les jeunes sans discrimination aucune et les conduit dans leur immense majorité à une qualification de niveau V ou IV ». Le syndicat pose notamment son opposition à » l’ouverture de formations en apprentissage en substitution de formations sous statut scolaire et à une mixité imposée des parcours ou des groupes d’enseignement ».
L’autre syndicat « réformiste », le Sgen Cfdt, n’est pas plus tendre. » En annonçant le 14 février 2018, le maintien des trois voies de formation (générale, technologique et professionnelle), le ministre Jean-Michel Blanquer a renoncé à transformer en profondeur le lycée. Il n’y aura donc pas d’amélioration de la mixité sociale au lycée. Les propositions faites par Céline Calvez et Régis Marcon auront, de ce point de vue, peu d’influence sur les conditions de travail des personnels exerçant en lycée professionnel », écrit le Sgen. » Le Sgen-CFDT est favorable à la mixité des parcours des élèves qui doivent pouvoir passer d’un statut scolaire ou apprenti à l’autre sans rupture. Mais l’accueil dans une même classe de publics scolaires et apprentis n’est envisageable qu’en donnant aux équipes volontaires les moyens en termes d’ingénierie de formation, de concertation. »
Le Snpden Unsa est plus positif. » Organiser les secondes par grandes familles de métiers, préciser la double finalité de l’enseignement professionnel (insertion ou poursuite d’étude), renforcer le triptyque (enseignant, tuteur, élève), favoriser la création de campus de métiers en inscrivant chaque établissement dans un réseau, sont des mesures qui font écho aux mandats de notre syndicat au sujet de la voie professionnelle. Des précisions quant à l’articulation entre branches professionnelles, régions et EPLE dans le cadre de l’apprentissage et de la formation continue restent nécessaires ».