Gilles Moindrot, secrétaire général du Snuipp, premier syndicat de l’enseignement primaire, réagit au courrier de Luc Chatel annonçant une réorganisation de la prise de fonctions des nouveaux enseignants du primaire.
Avez-vous le sentiment d’avoir été écouté par Luc Chatel ?
C’est certain que le ministre a pris conscience qu’il n’était pas réaliste de nommer en responsabilité des professeurs stagiaires dès la rentrée sachant que certains n’avaient jamais fait de stage en école. Ces professeurs ne devraient pas être en responsabilité de classe à la rentrée mais en surnombre. C’est une évolution positive.
Mais de nombreux problèmes restent entiers : l’absence de cadrage des masters, l’inquiétude sur l’avenir des IUFM par exemple. On souhaite d’ailleurs que le réseau des écoles d’application et des maîtres formateurs soit associé à cette mesure afin d’assurer réellement une formation de qualité dans le cadre des IUFM.
Mais comment ce qui n’était pas prévu sur le papier est-il soudainement devenu possible ?
Il y a d’abord le fait qu’il y a eu moins de départs en retraite d’enseignants du premier degré que prévu. Et puis à la rentrée prochaine il y aura à la fois les actuels PE2 qui arriveront dans les écoles et les nouveaux enseignants recrutés au niveau master. En début d’année cela devrait être suffisant pour ce dispositif d’autant que la demande de remplaçants est moindre à ce moment.
Le ministre annonce sa volonté de continuer la réflexion sur cette année de stage. Gardez–vous l’espoir d’une évolution favorable de la nouvelle formation des enseignants ?
Luc Chatel annonce la constitution d’un groupe de travail sur la formation. Pour nous, en effet, il y a urgence compte tenu de la mise en place de la formation. On part d’une autre conception de la formation des enseignants qui n’est pas le compagnonnage. Pour nous la formation doit pouvoir faire appel à des formateurs, notamment en IUFM. Il faut que pendant la moitié de l’année les stagiaires puissent être rassemblés, exprimer leurs besoins de formation et travailler avec des formateurs. On ne peut pas limiter la formation à un simple compagnonnage. Il faut des allers – retours entre théorie et observation et mise en pratique sur le terrain.
Est-il plus facile de négocier avec Luc Chatel qu’avec Xavier Darcos ?
Le ministre, qui est aussi un maire, a compris que la situation risquait d’être explosive à la rentrée. Et il a cherché le moyen d’y répondre. Mais les autres dispositifs de la réforme sont maintenus : les épreuves, la place du concours, la conception de la formation des enseignants…
Entretien : François Jarraud