Dans la situation de confinement comment suivre les professeurs stagiaires ? Comment réorganiser les concours ? Selon Mario Cottron, Ludovic Morge et Alain Frugière, vice présidents du réseau des Inspe, le réseau des Inspe se prépare à des ajustements et souhaite en discuter avec les ministères et les universités. Il souhaite aussi des délais pour adapter les Inspe à la réforme de la formation des enseignants. C’était le message porté lors d’une conférence de presse à distance. Une sorte de classe virtuelle…
Le confinement remet en question la formation des enseignants
Officiellement tout va bien. Les enseignants des Inspe et les étudiants sont formés aux usages du numérique. Il parait même qu’aucun stagiaire n’a de difficulté à suivre les élèves à distance, cas unique sans doute dans le corps enseignant…
En fait tout est remis en question par le confinement. Les stagiaires devraient être dans les classes, ce qui est impossible. Comment se fera leur titularisation ? Les étudiants de M1 devraient préparer leur concours, sauf qu’ils sont reportés et que personne ne sait réellement ce qui sera évalué. Quant aux Inspe elles-mêmes elles devaient proposer de nouvelles maquettes de formation mais là aussi cela nécessiterait des réunions internes.
Concours et diplômes
Concernant les concours, « il est évident qu’ils vont être modifiés » estime Mario Cottron. Pour certains concours l’écrit a eu lieu mais pas pour d’autres, comme le concours de professeur des écoles (CRPE). Or l’écrit est indispensable pour pouvoir trier les candidats. L’annonce du report a eu lieu pour juillet mais les Inspe se préparent à plusieurs scénarios. Visiblement les Inspe sont partagées sur ce que devraient être les concours 2020, avec le souci de « s’appuyer sur le maximum de compétences », selon L Morge. Autrement toutes les Inspe ne sont pas d’accord pour un concours où il n’y aurait qu’un écrit. Les inspe espèrent que les étudiants soient éclairés le plus tôt possible.
Sur les diplômes, le mémoire de recherche devrait être recadré compte tenu du fait que les expérimentations de terrain sont impossibles. En M2 « on s’interroge sur les visites en classe qui ne peuvent pas être faites », déclare M Cottron. Les positions pourraient être différentes d’une Inspe à l’autre.
Comment valider les stagiaires ?
Concernant les stagiaires, leur titularisation se fait après des visites qui ne peuvent plus être faites et qu’il sera difficile de faire au moment où le confinement sera levé. C’est un point en discussion entre les Inspe et les rectorats. Pour M Cottron, ils pourraient être prolongés comme les stagiaires qui étaient malades ou empêchés. « Ca aurait le mérite de ne pas stigmatiser les stagiaires en difficultés qui , sinon, n’auraient pas le temps de se « refaire » au moment du déconfinement. La question que se posent les Inspe c’est celle de l’encombrement lié au nombre d’étudiants cet automne. Les stagiaires ont déjà fait 70% de leur temps de stage et peut-être n’y aura-t-il pas de prolongation. Là aussi les avis divergent.
Le casse tête de la réforme de la formation
S’agissant de la réforme de la formation, il y avait deux échéances. Les Inspe devaient remonter en mai les maquettes de leurs masters. Or il manque selon M Cottron des données sur la formation en alternance des futurs enseignants : sera-t-elle amorcé dès la M1 ou non ? Cela impacte les maquettes de formation et les capacités d’accueil des Inspe. Les Inspe ont besoin aussi d’éclaircissements sur les contenus des concours. Les groupes de travail du second degré n’ont pas terminé leur réflexion.
Les inspe devaient aussi faire remonter les annexes sur les personnels enseignants utilisés en Inspe (à hauteur de 33% des formateurs).
Tout cela est remis en question par les événements et les Inspe voudraient savoir si les délais de mai sont maintenus. Pour une mise en place de la réforme en septembre 2021 les accréditations des Inspe devaient intervenir en novembre avec le nouveau concours en M2. Les Inspe demandent des délais , « quelques moi ou semaines » pour négocier ces dossiers.
Les Inspe sont aussi sensibles aux enseignements portés par les événements. « Il sera intéressant de demander aux étudiants de recueillir des données sur l’enseignement à distance », estime Ludovic Morge. « On va travailler davantage sur l’individualisation », déclare M Cottron. « Quand le confinement sera terminé on va se préoccuper davantage de la proximité avec les familles ».
François Jarraud