La décision de reprendre les cours le 11 mai suscite de nombreuses réactions. Les parents et personnels de direction s’inquiètent des conditions sanitaires. Les maires veulent des précisions. L’ordre des médecins déconseille de le faire…
Dans une tribune publiée par Le Figaro, Patrick Bouet, président de l’ordre des médecins, critique vertement la décision présidentielle de rouvrir les écoles et établissements scolaires le 11 mai. « Ce choix révèle un manque absolu de logique. Nous ne comprenons pas cette annonce. La première décision a été de fermer les écoles, lycées et universités. Pour deux raisons. D’une part, parce qu’on sait que les enfants sont des vecteurs potentiels sans développer eux-mêmes l’infection, sauf à de rares exceptions. D’autre part, parce qu’il est très difficile en milieu scolaire de faire respecter les gestes barrières. Et maintenant le premier milieu que le Président veut déconfiner est le milieu scolaire! Comment ne porterait-il plus les mêmes risques? Il faut qu’il y ait une logique entre les affirmations du gouvernement et celles des scientifiques », dit-il. Pour lui, « déconfiner le milieu scolaire reviendrait à remettre le virus en circulation ». Il invite à reporter la rentrée en septembre. C’est aussi ce que fait une étude de l’Inserm sur la propagation du virus qui n’envisage pas la réouverture des écoles.
La FCPE, première association de parenst d ‘élèves, demande une remise en état des sanitaires des écoles, le nettoyage régulier des locaux et des horaires de récréation et d’entrée / sortie décalés avec des effectifs réduits dans les classes et des masques. « La Fcpe sera aussi vigilante sur l’obligation qui serait faite aux parents de scolariser leurs enfants alors qu’ils considéreraient que les conditions pour les protéger ne sont pas réunies ».
Le Snpden, premier syndicat des chefs d’établissement, interroge le ministère sur les conditions de la rentrée. Il demande « des garanties sur des conditions assurées de protections sanitaires tant pour les élèves que pour les adultes, un temps de réflexion partagée sur les objectifs, les priorités et les modalités envisageables de reprise des établissements en fonction de la progressivité des retours : accueillerons-nous – selon les effectifs des élèves au sein des collèges et lycées – par demi-journée, demi-semaine, semaine A et B, demi-quinzaine, sur une alternance de présentiels et de cours à distance, … ? » Il souhaite des « formats d’accueil souples, planifiables et adaptables aux spécificités particulières des EPLE ».
Les maires demandent aussi des précisions au ministre. L’AMF demande » un calendrier et des modalités de mise en œuvre suffisamment détaillé pour garantir la sécurité de tous les élèves et personnels. L’AMF est, naturellement, disponible pour élaborer, avec le ministère de Education nationale, un protocole d’organisation harmonisé avec l’ensemble des communes de France, quel que soit leur taille ».
L’association des maires d’Ile de FRance (AMIF) demande des informations sur les masques annoncés par le président de la République : quel type de masque dans quelle quantité seront disponibles. S’agissant des écoles, l’AMIF demande « des clarifications sur le dispositif prévu, en termes de moyens, de matériel, et de ressources humaines, pour permettre le respect des mesures barrières dans les écoles maternelles et élémentaires en particulier. Afin de préparer l’ouverture de nos établissements scolaires dans les meilleures conditions, nous devons connaître au plus tôt les modalités du dispositif prévu pour pouvoir organiser le retour des élèves, la restauration scolaire, l’accueil périscolaire et extrascolaire ».
Une pétition s’opposant à la réouverture des écoles et établissements le 11 mai a dépassé les 50 000 signatures en 24 heures, preuve que les propos de l’exécutif ne rassurent pas. « Le risque de rebond de la pandémie est très important. Relancer l’activité économique est très important pour nous tous, mais pas au prix du sacrifice de milliers de vies. Nous risquons fortement de retourner à la case départ ».