L’Ecole et l’épidémie
L’Ecole d’après : Véronique Decker : Comment imaginer la rentrée ?
« Le COVID 19 aura mis à nu les fractures sociales et aura permis de montrer que ce n’est pas l’école qui crée les inégalités, même si elle ne parvient pas à les combattre. Combattre pour une société plus juste devient une urgence sanitaire ». Ancienne directrice à Bobigny (93), enseignante engagée, autrice de plusieurs livres, dont « Trop classe », Véronqiue Decker a rendu visible le quotidien d’une enseignante de Seine-Saint-Denis. C’est en partant de la réalité des conditions de vie des familles du 93, du fonctionnement des écoles et de ce qu’ont vécu familles et enseignants, qu’elle évoque les urgences de la reprise.
L’Ecole d’après : Philippe Champy : Premières leçons du confinement
Peut-on à chaud tirer de premières leçons de ce que l’expérience inédite du confinement a pu engendrer chez les professionnels de l’éducation, les élèves et leurs parents ? Certaines pratiques minoritaires se sont-elles généralisées, de nouvelles ont-elles fait leur apparition ? Les rapports entre professeurs, élèves et parents ont-ils évolué, les représentations des uns et des autres ont-elles changé ? Comment l’institution Education nationale sur le terrain a-t-elle vécu et vit cette épreuve ? Pour commencer à y répondre, on dispose d’une multitude de témoignages, de prises de position, d’expressions de toutes sortes qui permettent d’avoir un premier retour . Mais il est beaucoup trop tôt pour se faire une idée plus fine et plus précise en l’absence d’enquêtes qui permettraient de mieux prendre la mesure des réalités dans leur diversité.
L’Ecole d’après : Marc Bablet : La sortie du confinement et après
« Ce que la crise révèle principalement c’est la notion d’intérêt général, de bien public…On ne peut donc plus accepter la politique conduite jusqu’ici qui a fait de la santé un bien de consommation comme un autre, sujet aux économies du « New public management » sans ménagement. On ne peut plus accepter que le bien public d’intérêt général soit soumis aux lois du marché… Il en est évidemment de même pour l’éducation, la formation et la recherche ». Marc Bablet, ancien responsable de l’éducation prioritaire au ministère, propose trois réponses, à court terme, moyen et long terme, au confinement imposé à l’Ecole. Il appelle à des états généraux de la reconstruction pour construire une autre Ecole et une autre politique d’éducation.
L’Ecole d’après : Rodrigo Arenas : Il nous reste l’espoir…
« L’imagination au pouvoir »… Plus de cinquante ans après, ce slogan soixante-huitard est plus que jamais d’actualité. Si seulement nos gouvernants avaient déjà pu imaginer que le coronavirus allait débarquer de Chine, que le service public serait ce phare qui nous permettrait de ne pas perdre le nord… Mais non, ils n’ont rien vu venir, alors comment pourrions-nous leur faire confiance pour avoir une vision de l’avenir ? Comme c’est dommage que notre pays n’ait pas pu avancer davantage vers le revenu contributif, si cher à Bernard Stiegler, qui aurait pu permettre à bien de nos concitoyens de ne pas se retrouver sans un sou aujourd’hui, comme ce million d’auto-entrepreneurs ou ces milliers d’étudiants déjà pauvres. Inimaginable ! Bien regrettable aussi que notre président qui exultait au son de l’Hymne à la joie lors de son élection n’ait pas maintenant soutenu une stratégie européenne originale pour traiter la crise sanitaire, ou à tout le moins la sortie de crise plutôt que de la penser à l’aune rétrécie de nos Régions. Inimaginable ! Ennuyeux que J.-M. Blanquer n’ait pas songé à former dans l’urgence les enseignants à l’enseignement à distance plutôt que de les laisser se débrouiller pour inventer des pratiques déjà éprouvées par d’autres. Inimaginable !
« L’Ecole d’après » : Marc Douaire : Faire face aux inégalités
« Ce modèle de continuité pédagogique numérique correspond à un modèle d’élève précis : celui des couches sociales supérieures bénéficiant du cadre de travail et de toutes les aides techniques et pédagogiques dans le cadre familial ». Président de l’Observatoire des Zones Prioritaires, une association regroupant des acteurs de l’éducation prioritaire, Marc Douaire analyse les effets de la fermeture des établissements sur les élèves des milieux populaires. Malgré les efforts des enseignants, les inégalités augmentent. L’Ecole d’après devra être pensée pour tous les élèves, avec les parents et les acteurs locaux.
Marc Bablet : Décryptage sur la « continuité pédagogique »
« Il est impressionnant de voir comment le pouvoir, sensible à ce qui se dit de la réalité vécue du confinement, cherche à imposer son récit face aux acteurs du monde réel qui convergent sur beaucoup de points, tant dans les foyers que dans les institutions. Pour l’école, il est important que ceux qui travaillent gardent la maîtrise du récit face aux silences, aux demi vérités, voire aux mensonges. » Marc Bablet se livre à un décryptage du discours officiel sur la « continuité pédagogique » dont il démonte les mensonges. Non , tout n’était pas prêt. Non, la continuité pédagogique n’existe pas. Il invite à garder la mémoire et à préparer pour la sortie de crise une autre Ecole.
Marie-Aleth Grard : « Il faut éviter que les inégalités scolaires se creusent avec le confinement »
Marie-Aleth Grard est vice-présidente d’ ATD Quart Monde France et représentante du mouvement au Conseil économique, social et environnemental (CESE) où elle a rendu en 2015 un rapport sur « Une école de la réussite pour tous » (1). Elle vient par ailleurs de rejoindre le Conseil scientifique qui conseille l’exécutif sur la crise du coronavirus. Elle s’inquiète ici des conditions de scolarité à domicile des enfants en situation de pauvreté et des inégalités que la crise sanitaire et le confinement risquent encore de creuser.
Le CHSCT demande au ministère le dépistage des élèves et des personnels avant la reprise des cours
Réuni le 3 avril, le CHSCT ministériel, qui est compétent en matière d’hygiène et de sécurité au travail, demande au ministère un dépistage généralisé des élèves et du personnel en préalable à toute reprise des cours. Le ministère annonce une meilleure protection des enseignants accueillant des enfants de soignants.
Blanquer : Les cours jusqu’au 4 juillet pour les lycéens
« Tous les lycéens auront cours jusqu’au 4 juillet dès lors que la période de confinement serait terminé », a confirmé le 6 avril Jean-Michel Blanquer sur RTL. « Du fait du contrôle continu, il n’y aura pas les établissements pris par les examens en juin comme c’est le cas habituellement… C’est une façon aussi de rattraper le retard pris actuellement. » Le ministre continue à parler ainsi de « continuité pédagogique », alors qu’il est flagrant qu’une partie des élèves a rompu avec l’Ecole et que dans de nombreux cas les enseignants ne peuvent pas avancer dans le programme. En même temps, JM BLanquer reconnait que la situation n’est pas normale en ne tenant pas compte des notes délivrées durant la « continuité pédagogique » pour le bac et le brevet. On est donc bien dans une communication à l’usage des électeurs.
Dubet : La pandémie transformera l’école
» Peut-être que la pandémie transformera davantage l’école et l’université que n’ont pu le faire les ministres », écrit François Dubet dans La Tribune. « Si l’enjeu dominant de la sortie de la pandémie est celui de la solidarité et de la confiance démocratique, je ne vois comment l’école ne pourrait pas être interrogée. Plus que le fonctionnement de l’école, c’est le modèle éducatif français lui-même qui sera bousculé. Evidemment, les parents ne seront pas transformés en enseignants, mais les relations aux apprentissages, au temps de travail, aux évaluations scolaires, ne sortiront pas indemnes de cette crise. On peut cependant être optimiste quand on voit à quel point les enseignants, souvent perçus comme frileux et repliés sur leurs traditions pédagogiques, se mobilisent, inventent, se lient à leurs élèves, ne comptent pas leur temps. Il semble que 10% des élèves soient aujourd’hui à l’écart. C’est beaucoup, mais je n’aurais pas spontanément parié sur un chiffre aussi faible. «
Les ENT utilisés par tous les enseignants selon Régions de France
« Les ENT sont apparus comme les outils indispensables permettant la continuité pédagogique ». Président délégué de Régions de France, François Bonneau a fait le point sur la participation des régions à la « continuité pédagogique ». Outre une hausse très importante des connexions sur les ENT, les régions participent au prêt de matériel informatique pour lutter contre le décrochage. F Bonneau estime que la distribution de maques aux enseignants et lycéens permettrait de sécuriser la reprise des cours.
Continuité ou choc scolaire ?
L’Ecole demande t-elle trop aux parents ? La FCPE des Pyrénées orientales a consulté ses adhérents sur l’impact de la fermeture des écoles et établissements sur la vie familiale. Le sondage montre l’importance du travail demandé surtout dans le second degré. Seulement la moitié des parents d’écoliers et un quart des parents de lycéens se sentent capables de suivre leur enfant.
Faut-il rouvrir les écoles maintenant ?
Une nouvelle étude de l’University College London (UCL) réévalue à la baisse l’impact sanitaire de la fermeture des écoles. Surtout elle estime que le gain sanitaire est inférieur au coût économique de la fermeture. Même si cette étude n’est pas suivie par le gouvernement britannique, elle inaugure un discours qui devrait influer sur les décideurs tant le coût économique de la fermeture est élevé.
Pour Alain Bouvier, la crise sanitaire va faire évoluer le statut des enseignants
Dans un second texte envoyé à des correspondants, curieusement non publié sur son blog, Alain Bouvier revient sur la crise sanitaire et ses effets. Evoquant l’Ecole d’après, il annonce un enseignement en présentiel et à distance plus individualisé et des enseignants coachs sous la surveillance des parents.
OCDE : La France était-elle préparée à la continuité pédagogique ?
La France était-elle bien préparée à la continuité pédagogique ? Une étude de l’OCDE, basée sur Pisa 2018, montre que les enseignants français sont parmi les moins bien préparés au passage à l’enseignement à distance. L’étude pointe les mesures à prendre dans les systèmes éducatifs.
Fermetures : Où en sont les pays européens ?
Tous les pays européens ont-ils fermé leurs écoles ? Et jusqu’à quand ? Selon Eurydice, le système d’information de la Commission européenne, seules la Suède et l’Islande maintiennent leurs écoles ouvertes. La France comme le Royaume Uni , l’Espagne et las pays du centre de l’Europe ont fermé les écoles « jusqu’à nouvel ordre »; la Finlande et les Pays Bas jusqu’à la fin de l’année. L’Allemagne et les autres pays ont fixé des dates de réouverture en avril.
Postes et budget
Avec 1248 postes supplémentaires, JM Blanquer réoriente les priorités de l’Education nationale
L’éducation prioritaire est-elle déjà morte ? Une semaine après avoir annoncé qu’il n’y aurait pas de fermeture de classes en zone rurale sans l’accord du maire, JM Blanquer annonce la création de 1248 postes supplémentaires dans le premier degré. C’est globalement une bonne nouvelle pour les écoles. Mais c’est surtout un virage politique. Contrairement aux apparences cela ne rompt pas avec la politique d’austérité menée par JM Blanquer depuis son arrivée rue de Grenelle. Par contre, alors que depuis 40 ans l’Education nationale a déclaré les banlieues pauvres comme prioritaires, JM Blanquer confirme que les zones rurales sont prioritaires, au détriment des quartiers populaires. Il met en pratique les orientations du rapport Mathiot.
Pas de créations de postes dans le second degré
» Les dotations supplémentaires ne peuvent se restreindre au seul premier degré », écrivait le 8 avril l’intersyndicale Cgt, Fsu, Fo, Sud, Snalc, Faen. JM Blanquer lui a répondu le lendemain sur France Info. « La France dépense plus pour son enseignement secondaire que la moyenne de l’OCDE.. On va consacrer des ressources à la hausse des rémunérations et à d’autres mesures comme les heures supplémentaires ». Il n’y aura pas de créations de postes dans le second degré alors qu’on y attend 40 000 élèves supplémentaires. Le ministre a confirmé que les 1248 postes supplémentaires pour le 1er degré seraient de vrais postes mis aux concours. « On n’aura pas plus de contractuels que d’habitude », a-t-il dit.
Les syndicats en ordre dispersé pour une rallonge budgétaire
La création par le ministère de 1248 postes dans le premier degré relance la question budgétaire. Les syndicats font pression mais en ordre dispersé. La Fcpe appuie.
Examens et concours
Blanquer : Reconquête du mois de juin, contrôle continu intégral et déjà dérapage
Mis à jour à 21h45- Va-t-on vendre le bac plutôt que le donner ? Après l’intervention du premier ministre le 2 avril, JM Blanquer a annoncé ses décisions pour les examens et la fin de l’année. Le ministre veut « reconquérir le mois de juin », un vieil objectif de son ministère. Les cours auront lieu jusqu’au 4 juillet à tous les niveaux, sauf si le confinement était maintenu. L’assiduité des élèves sera évaluée pour le bac et le brevet. Pour ces examens le ministre impose un contrôle continu intégral, sauf en français où un oral sera maintenu si cela est possible. Jusque là on était dans les clous. Mais si cet article en est à sa 4ème rédaction en 24 heures (du jamais vu!) c’est que le ministère change d’avis sur des points importants dans la journée. Et dérape ce soir : le ministère accepte finalement l’idée que les candidats libres puissent passer le bac en juin sur la base de leur livret scolaire. Et ça c’est permettre simplement d’acheter le bac…
Bac : La fronde des profs de français
» Mais qu’arrive-t-il à notre ministre avec le français ? « , demande le collectif Lettres vives, qui regroupe des professeurs de français. Des professeurs de lettres se demandent pourquoi ils sont les seuls à devoir participer à une épreuve en présentiel. Ils jugent aussi l’épreuve inégalitaire et s’interrogent sur leur sécurité sanitaire.
Le bac 2020 aura lieu au contrôle continu
Finalement Edouard Philippe n’a pas laissé Jean-Michel Blanquer annoncer les épreuves du bac 2020. Le premier ministre a annoncé lui-même sur TF1 l’annulation des épreuves habituelles du bac et son remplacement par le contrôle continu intégral ou quasi intégral. Il a également laissé planer le doute sur la réouverture des écoles d’ici la fin de l’année scolaire. JM Blanquer donnera les détails de l’organisation de l’examen le 3 avril à 11 heures.
Les limites du bac au contrôle continu
La question du bac était en suspens au moment où l’épidémie est venue vider les lycées. S’il est clair que les circonstances exceptionnelles liées à la pandémie ne laissent guère d’autre choix que de miser sur le contrôle continu, la décision du premier ministre va-t-elle anticiper sur l’avenir du bac ? Le ministre et le gouvernement penchent vers un bac au contrôle continu. Or, s’il a des avantages, le bac au contrôle continu a aussi ses inconvénients…
Examens : Les syndicats pointent les limites du discours ministériel
Si globalement le principe d’examens 2020 au contrôle continu est accepté, les syndicats soulignent ses manques, ses problèmes voire ses incohérences. A coté de l’oral de français, qui mobilise contre lui de nombreux professeurs de lettres, c’est le cas notamment pour le brevet, où les déclarations de JM Blanquer devraient être clarifiées et pour l’enseignement professionnel, tout juste survolé par le ministre.
Privatisation : L’évaluation des étudiants de BTS confiée au privé
Couac au milieu des discours louangeurs sur le service public. L’attribution du bac par contrôle continu aux élèves du privé hors contrat ne suffit pas au gouvernement. Un décret et un arrêté publiés au JO du 5 avril impose aux candidats au BTS une certification de leur niveau en anglais par un organisme privé. Ainsi l’Education nationale se décharge à nouveau sur un acteur privé pour la délivrance d’un diplôme universitaire. La privatisation de l’éducation s’accélère.
BTS et DCG : Adaptation des examens
» Pour les épreuves de B.T.S., les épreuves terminales sont annulées et l’ensemble des épreuves du B.T.S. à l’instar des baccalauréats général, technologique et professionnel, seront validées à partir des notes du livret scolaire », annoncent les ministères de l’enseignement supérieur et de l’éducation nationale. » Pour chaque étudiant de B.T.S. en mesure de présenter un livret scolaire ou de formation, le diplôme national du B.T.S. sera attribué sur le fondement du contrôle en cours de formation déjà effectué et du livret scolaire (moyenne des notes obtenues durant l’année scolaire 2019-2020 à l’exception des notes attribuées pendant le confinement dans les disciplines concernées). Un jury d’examen des livrets arrêtera les notes définitives. Ce jury étudiera les livrets scolaires pour, le cas échéant, valoriser un engagement, les progrès des élèves, garantir l’équité entre les candidats, et vérifier l’assiduité des candidats jusqu’à la fin de l’année scolaire ».
Réforme du BTS : L’APLV contre l’évaluation externe
« Subordonner la délivrance d’un diplôme à la certification d’une compétence par une entité extérieure signifie ici confier une tâche d’évaluation d’un niveau d’acquisition d’une discipline scolaire à un organisme à but lucratif, ce qui, aux risques d’inégalités et d’injustice à l’égard de certains candidats, rajoute l’emploi scandaleux des deniers publics pour enrichir des organismes privés alors même que le service public dispose de la compétence requise pour mener à bien la tâche d’évaluation que le gouvernement fait le choix d’externaliser », écrit l’APLV, association des professeurs de langues. « Les professeurs d’anglais de l’enseignement public évaluent depuis longtemps les élèves au moyen du CECRL. Ils seraient donc à même de certifier le niveau atteint dans les différentes activités langagières par leurs étudiants de BTS, et ils le feraient dans le cadre de programmes, d’activités et de situations de communication proches des utilisations de la langue en contexte naturel et non en fonction de tests fabriqués pour être corrigés rapidement et faisant une large part à des QCM grammaticaux et à des jeux de rôles simplistes. De ce fait, non seulement le premier ministre dilapide l’argent de l’Etat et marque son mépris pour le service public, mais il sape aussi l’enseignement des langues au lycée en mettant en question la pédagogie actionnelle adossée au CECRL qui y est pratiquée aujourd’hui… De plus, les tests de compétence en anglais (IELTS, TOEFL, TOEIC) étant valables deux ans à partir de leur date d’obtention, ils présentent un intérêt extrêmement réduit pour les étudiants qui envisagent une poursuite d’études au-delà du BTS. Obliger ces étudiants-là à bachoter pour réussir une certification qui ne leur servira à rien paraît être une exigence gouvernementale dépourvue de sens ».
Le Snes demande des clarifications sur le DNB
» Il faut toutefois clarifier les modalités de délivrance du DNB. La communication ministérielle se réfère aux notes des élèves dans les disciplines concernées par les épreuves terminales, mais les informations de la foire aux questions du site ministériel sont en contradiction et comportent de nombreuses ambiguïtés (notes, livret complet, bilan de fin de cycle…). Par ailleurs, ces mesures ne doivent pas donner lieu à de nouvelles injonctions des chefs d’établissement sur la période, ni à du travail supplémentaire pour les enseignants en ce qui concerne les évaluations des trimestres précédents », écrit le Snes Fsu. » Dès le 3 avril, des chefs d’établissement qui ont lu rapidement la FAQ ministérielle se précipitent sur leur téléphone pour pressurer les enseignants en leur demandant de transformer toutes leurs notes de 3ème en niveaux de compétences (l’inverse s’étant aussi produit) ! », écrit le Snes. « Les collègues sont pourtant déjà épuisés par un travail chronophage dont ils n’ont pas l’habitude et stressés par la volonté de faire au mieux. Ce type de préconisation est inepte et inacceptable. Les chefs d’établissements doivent attendre un texte réglementaire clair avant de lancer les personnels dans une nouvelle course à l’échalote ».
Une intersyndicale demande la suspension de la réforme de la formation des enseignants
« Pour ne pas ajouter des difficultés, ni ouvrir une crise supplémentaire dans la crise actuelle, la suspension de la “réforme” doit être annoncée immédiatement », demandent les syndicats Fsu, Sgen Cfdt,CGT et Sup Recherche Unsa. « Il est complètement irréaliste de croire (que la réforme) pourrait être mise en oeuvre à la rentrée de septembre 2020, compte tenu également de la situation de confinement, dont le terme demeure encore indéterminé ». Il y a quelques jours, les directeurs des Inspe faisaient part de leur difficulté à respecter les délais, notamment celui de mai pour définir les masters. La crise sanitaire a aussi figé les concours de recrutement 2020, les épreuves écrites externes ayant eu lieu pour certaines disciplines (Capet, capeps, certaines agrégations) et pas pour d’autres. Il faudra là aussi des décisions rapides.
Stagiaires, candidats aux concours : Les Inspe prêtes à revoir les modalités
Dans la situation de confinement comment suivre les professeurs stagiaires ? Comment réorganiser les concours ? Selon Mario Cottron, Ludovic Morge et Alain Frugière, vice présidents du réseau des Inspe, le réseau des Inspe se prépare à des ajustements et souhaite en discuter avec les ministères et les universités. Il souhaite aussi des délais pour adapter les Inspe à la réforme de la formation des enseignants. C’était le message porté lors d’une conférence de presse à distance. Une sorte de classe virtuelle…
Métier enseignant
Pourquoi se reconvertit-on professeure des écoles ?
Qu’est ce qui motive une ingénieure commerciale ou une analyste à devenir enseignante ? C’est la question que soulève la revue Recherche et formation (n°90) totalement consacré aux reconversions féminines vers l’enseignement. Alors que le malaise enseignant est devenu public et qu’on assiste à une hausse des démissions, le métier attire toujours des femmes. Pourquoi ? On verra que la question a des conséquences sur le métier.
L’Education nationale arme les EMS
Nouveau saut pour l’Education nationale. Un arrêté publié au JO du 9 avril autorise l’Education nationale à armer les Equipes mobiles de sécurité du rectorat de Mayotte. Ils pourront utiliser des matraques téléscopiques et des tonfas, armes de la catégorie D. Crées dans un but éducatif, les EMS changent de nature et deviennent dans ce rectorat , peut-être ailleurs également prochainement, une police supplétive. On nous dira que la situation à Mayotte est exceptionnelle. Mais on sait que ce genre de décision essaime. C’est un véritable glissement sécuritaire à l’Education nationale assumé par le ministre. Dorénavant, comme le dit l’arrêté, « le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse peut acquérir et détenir des matraques de type bâton de défense ou tonfa, matraques téléscopiques et tonfas téléscopiques, relevant de la catégorie D ». Les personnels de l’Education nationale vont-ils bientôt les rencontrer ?
Parcoursup : Les algorithmes locaux devront être publiés
C’est une victoire pour les opposants à Parcoursup. Dans une décision rendue le 3 avril suite à une question prioritaire de constitutionnalité déposée par l’Unef, le Conseil constitutionnel valide le secret individuel sur les décisions des universités et écoles dans le cadre de Parcoursup mais leur demande de publier les critères d’examen des candidatures.
Numérique
Bruno Devauchelle : Chronique d’un confinement 4
La crise va t-elle raviver les consciences , demande Bruno Devauchelle. « La prise de conscience de notre fragilité d’humains va probablement être à la base de nombreux débats, échanges, recherches, dans les temps à venir, mais pour l’instant nous sommes en expérience « in vivo », sachons l’observer ». Dans ce 4ème journal du confinement il évoque le bac, la personnalisation, les états généraux du numérique et nos consciences…
Bruno Devauchelle : Chronique d’un confinement 3 : Dépasser les inégalités
« Les fameux « absents à distance » ne le sont pas uniquement par manque de connexion, ou par manque de compétence de travail à la maison, mais ils sont aussi absents, entre autres, parce que l’école ne leur apporte pas ce qui leur permettrait de s’y sentir à leur place et de pouvoir en faire un levier pour leur propre développement ». Dans ce 3ème épisode de sa chronique, Bruno Devauchelle revient sur la question des inégalités face à l’enseignement à distance.