C’est « une stratégie globale permettant de prendre un véritable virage numérique » qu’a annoncé Jean Castex à Chasseneuil-du-Poitou le 8 octobre. 172 millions, sur trois ans, seront consacrés à 10 nouveaux Territoires Numériques Educatifs (TNE). 77 millions iront à des programmes de recherche et 100 millions à l’adaptation numérique du supérieur. Des annonces qui arrivent tardivement dans le quinquennat.
Un programme éducatif ou économique ?
« Le numérique est un outil technologique qui se développe partout, qui est au coeur de l’économie nouvelle. Pas question de passer à coté ». Alors que le président de la République doit annoncer un plan de relance 2030 le 12 octobre, où le numérique éducatif aura aussi sa place, le premier ministre a pris les devants le 8 octobre à Poitiers. Et même si l’objet de la présentation est l’éducation, J Castex met l’accent sur l’économie. « Notre objectif est aussi de favoriser l’innovation et la réindustrialisation de notre pays. Il faut que la France soit au rendez vous de cette mutation profonde de l’économie.. On est à une nouvelle phase de transformation de l’économie ».
10 nouveaux TNE
Le premier ministre est venu avec trois annonces. La première c’est l’extension des Territoires Numériques Educatifs (TNE) à 10 nouveaux départements : les Bouches-du-Rhône, le Cher, la Corse du Sud, le Doubs, le Finistère, la Guadeloupe, l’Hérault, l’Isère, la Vienne et les Vosges. Le Café pédagogique avait annoncé cette extension en exclusivité le 31 mars 2021. Ils rejoignent l’Aisne et le Val d’Oise déjà TNE depuis quelques mois.
Les deux premiers TNE avaient bénéficié de 27 millions en 2021 pour équiper 2700 classes des écoles élémentaires et un millier de professeurs. 15 000 classes devaient aussi recevoir « un kit d’enseignement hybride » (300€ par classe autrement dit un ordinateur et une webcam) pour faire de l’enseignement à distance. Et 15 000 élèves devaient recevoir du matériel informatique (400€ par élèves).
Les 10 nouveaux TNE recevront 172 millions sur trois années dans le cadre du programme investissement d’avenir PIA4. On reste donc dans les mêmes limites d’investissement mais sur 3 années.
J Castex évoque « une approche intégrée globale : on va équiper les écoles en matériel numérique. On va former aussi les professeurs et les parents d’élèves ». C’était celle des deux premiers TNE. Pour le premier ministre, « on doit développer des pratiques pédagogiques renforcées avec le numérique » même s’il doit « rester un outil ».
La recherche dans l’éducatif numérique
Le deuxième axe c’est la recherche « enseignement et numérique » qui disposera de 77 millions là aussi venus du PIA (mais là du PIA3). Le programme est confié au CNRS, à Aix Marseille Université et à l’INRIA. L’objectif est de développer des environnements de formation. En fait un réseau d’infrastructures (CANDYCE) pour le scolaire et le supérieur, des expérimentations « sur de nouvelles méthodes pédagogiques » pour « personnaliser au maximum la formation ». Enfin 100 millions seront versés à 17 universités ou grandes écoles pour développer l’enseignement à distance.
Le communiqué officiel met en avant la transformation de l’enseignement, la garantie de la continuité pédagogique et bien sur la transformation des pratiques pédagogiques des enseignants dans des termes similaires à ceux des deux premiers TNE.
Quelles réalisations en fin de mandat ?
Autant d’objectifs qui semblent ambitieux pour un programme lancé à 7 mois de la fin du quinquennat. L’expérience du Plan Hollande, plus ambitieux (1 milliard pour le seul collège), lancé deux ans avant la fin de son quinquennat, montre que les financements arrivent mal parce qu’ils ne sont pas à la main des ministres. Le milliard du plan Hollande s’est limité à 307 millions. L’autre problème que vont rencontrer les TNE ce sont les collectivités territoriales. Jusque là elles ont été tenues à l’écart du pilotage des TNE alors que les territoires numériques sont les leurs. Enfin on remarque que si les deux premiers TNE avaient été annoncés par JM Blanquer, le dossier est maintenant entre les mais de Matignon qui lui donne une coloration économique.
Quel sera l’impact réel des annonces du 8 octobre comme celles, à venir, du 12 octobre ? Les millions promis en fin de mandat font surtout de l’effet aux électeurs.
François Jarraud