« Cette rentrée est la meilleure possible ». Invité sur LCI le 16 septembre, JM Blanquer a largement minimisé l’impact de la crise sanitaire. Il a précisé qu’une attestation sur l’honneur des parents suffit pour le retour en classe d’un enfant malade ou cas contact.Même le 12 mars, quand il a été désavoué par le président de la République, « c’est la doctrine sanitaire qui a changé, pas moi ».
Selon le ministre 81 écoles ou établissements et 2100 classes sont fermés. L’Education nationale ne recense que 1200 nouveaux cas de Covid chez les élèves en une semaine. Il faudrait donc en moyenne 14 cas de covid dans une école pour obtenir sa fermeture si l’on suit le ministre. « La situation est la meilleure possible », affirme JM Blanquer. Ce n’est pas ce que déclarent les élus enseignants dans les CHSCT alors que les classes sont surchargées, que les consignes du protocole ne sont pas forcément applicables et que l’efficacité des masques semble douteuse.
« Tous les élèves sont revenus » affirme le ministre, « la rentrée est la meilleure possible ». JM Blanquer trouve une nouvelle utilité aux évaluations nationales : elles permettront de connaitre « le niveau » de chaque jeune . Il voit d’ailleurs « beaucoup d’enseignants très heureux des évaluations ».
Pourtant ce même 16 septembre, le syndicat des médecins scolaires, Snmsu Unsa, déclare que « en pleine seconde vague » les médecins scolaires « disent stop ». « Force est de constater que le ministère de l’éducation nationale a mal préparé cette rentrée sur le plan sanitaire et n’a pas tiré d’enseignement de la première vague », dit le Snmsu, mentionnant un « protocole sanitaire minimaliste ». « La seconde vague, concomitante de la rentrée scolaire, était tout à fait prévisible. Pour les médecins de l’éducation, la gestion de cette seconde vague est très lourde… Les élèves suspects ou cas confirmés de COVID-19 sont légions, la gestion des enquêtes cas contacts avec transmission des informations aux ARS est très chronophage… Dans les départements très déficitaires en médecins et à forte circulation virale, les médecins de l’éducation nationale déjà surchargés n’arrivent plus eux aussi à répondre à la demande ». Le Snmsu se plaint d’une lettre envoyée aux recteurs les autorisant à mobiliser les médecins scolaires le week end. Le syndicat rappelle qu’ils sont moins de 800 pour 12.5 millions d’élèves…
Le même jour à Marseille le manque de personnels municipaux amène la mairie à fermer deux écoles sur les 470 de la ville : le choix est fait de fermer deux écoles en Rep+ du 15ème et 3ème arrondissement. Selon La Provence au lycée Diderot , dans un quartier populaire, le nettoyage minimum des locaux n’est plus réalisé faute de personnel. Des enseignants sont aussi manquants mettant en danger l’année scolaire. Un préavis de grève des agents territoriaux est déposé.
Sans être jamais contredit, JM Blanquer fait un remarquable exercice de communication. Certes beaucoup d’élèves sont revenus et c’est très bien. Mais a t-il une idée du décrochage réel des élèves particulièrement en LP ? Comment les élèves feront-ils pour rattraper les mois d’écoles manquants et acquérir des programmes qui, à tous les niveaux, ont été rendus plus difficiles dans une perspective élitiste ? Qu’a t’il prévu pour les élèves fragiles qui vont être nombreux ? Devoirs faits uniquement ? La négation des problèmes seulement ? Quelle sécurité sanitaire dans les écoles si une simple déclaration parentale suffit pour accueillir un enfant déclaré malade ?
F Jarraud