Comment un réseau d’éducation prioritaire arrive-t-il à améliorer les résultats scolaires des élèves ? Quel impact attendre des conseils école – collège ? Voilà quelques unes des questions posées par l’Observatoire des zones prioritaires (OZP) à Christine Lenglace, principale du collège Jean Rostand de Doullens (80) et pilote du RRS local. Alors que se prépare la réforme de l’éducation prioritaire, l’OZP entendait montrer la réalité de la vie d’un réseau prioritaire.
C’est que le RRS de Doullens peut mettre en avant son efficacité. Situé à la limite de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais, dans une région en déprise démographique et une des communes les plus pauvres du département, le collège J Rostand accueille des élèves dont un quart en 6ème bénéficie d’un PPRE passerelle. A l’issue de la 3ème, si les élèves manquent encore d’ambition scolaire , 85% obtient le brevet. Le collège fait donc partie des établissements qui savent faire face aux difficultés des élèves. Mais comment expliquer la réussite du réseau ? Si l’on en croit C Lenglace , le collège et le réseau n’affichent pas de doctrine pédagogique précise.
Est-ce l’aide du conseil général ? Celui-ci finance une politique culturelle active dont bénéficie le collège. L’objectif c’est d’ouvrir culturellement les élèves. Ils sont régulièrement mis en contact avec des artistes et un programme audio visuel ambitieux est financé par le département.
Est-ce la qualité de la liaison école – collège ? Alors que se prépare le conseil école collège, le réseau bénéficie déjà d’un comité exécutif qui se réunit 4 fois par an. Il réunit les directeurs d’école et des enseignants du collège. Ses sous commissions français maths, svt, histoire-géo élaborent déjà des projets avec les écoles. Le comité exécutif travaille sur les PPRE passerelle, sur les écarts d’évaluation entre école et collège.
A quoi servira le prochain conseil école-collège ? Sa composition sera différente de celle du comité exécutif du RRS. Ce ne sera pas les mêmes écoles et les mêmes représentants des écoles. Ce ne sera pas non plus les mêmes enseignants du collège puisque le collège y enverra les professeurs principaux de 6ème. Mais il reprendra les projets du comité exécutif.
Est-ce finalement la stabilité des enseignants ? A la différence de nombreux établissements, le collège dispose d’un gros noyau d’enseignants stables et anciens. Le turn over ne concerne qu’un petit nombre de jeunes enseignants de passage par Doullens. Ces enseignants expérimentés sont aussi volontaires pour participer aux activités des différents comités mis en place par le réseau.
Ce qui est certain c’est que ce qui fait fonctionner ce réseau c’est la bonne volonté des enseignants. Largement sollicités pour une multitude de réunions, toutes situées en plus des cours, le soir, ils sont encore volontaires pour coordonner un niveau ou une discipline ou accepter al tache de professeur principal. S’il n’est pas certain que le futur conseil école collège change quoi que ce soit à Doullens, puisque ce qu’il veut mettre en place existe déjà, la décharge horaire prévue par la réforme de l’éducation prioritaire pourrait permettre aux enseignants de voir reconnus officiellement leur travail. Encore faut-il que le RRS fasse partie des réseaux sélectionnés pour devenir REP+.
Représentatif des réalités du terrain, le RRS de Doullens montre surtout l’impact de la bonne volonté et de l’engagement d’enseignants qui semblent un peu laissés à eux-mêmes par l’institution.
François Jarraud