« On a fait un énorme travail sur cette question ». Le 7 janvier, c’est dans une classe de troisième du collège Staël de Paris que N. Vallaud-Belkacem veut démontrer les progrès de la « Grande Mobilisation de l’école pour les valeurs de la République ». La ministre a signé une convention avec le Défenseur des droits, Jacques Toubon, et participé à une séance d’éducation civique avec l’association Initiadroit.
En classe avec Initiadroit
Pour une séance sur la libre expression, la professeure principale de la classe de troisième a fait appel à Initiadroit, une association qui envoie des avocats dans les classes pour illustrer par des exemples concrets les cours d’éducation civique. Près de 800 jeunes avocats vont ainsi donner de leur temps dans les collèges et les lycées. « On a préfiguré la réserve citoyenne », nous a dit Lucille Rambert, sa directrice générale. L’association existe depuis 10 ans.
Pour la professeure, Mme Karsenti, les interventions d’Initiadroit sont efficaces car concrètes et faites par des spécialistes du droit. Elle même pratique des ateliers philo en 3ème et 4ème sur les heures de vie de classe sur le harcèlement, l’idée de grandir ou la liberté d’expression. « C’est intéressant de voir les élèves s’écouter. La discussion enfle et se développe. Elle se construit et les élèves adorent cela ».
Former 300 000 enseignants à la laïcité
Le 7 janvier, la liberté d’expression est un thème un peu parachuté pour cause de visite ministérielle. Mais les élèves ont des choses à dire. Quand l’avocate leur demande s’ils en bénéficient au collège, la réponse ne laisse pas de place au doute. Une élève témoigne aussi de la contestation d’un enseignement à propos de l’islam. Et la ministre intervient pour expliquer la différence entre croire et savoir.
Pour N Vallaud Belkacem au lendemain des attentats de Charlie « des enseignants étaient désarmés pour répondre aux questions des élèves sur la laïcité. Cette notion avait été tellement dévoyée que les élèves ne la comprenaient plus. Beaucoup la voyaient comme une agression notamment les élèves de confession musulmane. On a fait un énorme travail sur cette question ». La ministre cite la formation de 1500 formateurs. « Mon engagement c’et de former 300 000 enseignants d’ici la fin de l’année », affirme-t-elle. « Il fallait des ressources pédagogiques, on les a créés ».
Justement la ministre est avec Jacques Toubon, Défenseur des droits, pour signer une convention. Le Défenseur mettra à disposition des enseignants une plate forme pédagogique sur les droits.
Mettre en oeuvre la fraternité ?
Comment concilier la promotion des valeurs républicaines et un système éducatif très inégalitaire voire ségrégatif ?, lui demande le Café pédagogique. « Si on arrive pas à démontrer par la réalité aux élèves que liberté, égalité fraternité est une vraie ambition alors on n’arrivera pas à les entrainer avec nous dans cette dynamique », répond la ministre ». Pour elle, « toutes les réformes tournent autour de ce sujet. Quand on donne la priorité au primaire, à la scolarisation avant 3 ans ou davantage de moyens dans les quartiers populaires. Quand on réforme le collège pour donner une égalité de chance à tous els élèves et pas seulement à ceux qui en connaissent le code. Quand on lance le chantier de la mixité sociale au collège dans 20 départements en redessinant la carte scolaire ».
Alors considérable le pas ? Le budget 2016 donne plus de place aux mesure sociales avec 1500 postes. Mais les autres mesures avancent modestement. La mixité sociale va concerner au mieux une quarantaine de collèges quand il y en a 5279 pour le seul public. Le taux de scolarisation des moins de trois ans a légèrement diminué en 2014. La direction est bonne. Mais la rouyte est longue…
François Jarraud