Entre les résultats calamiteux des régionales et les réveillons sous état d’urgence, c’est passé quasi inaperçu. Le 16 décembre 2015, les 9 « super recteurs » des nouvelles grandes régions ont été nommés. Parmi eux, 2 femmes. Un recul inquiétant.
« Le changement c’est maintenant », avait promis François Hollande. En fait de changement, nous voilà en pleine régression. On avait connu la ministre Najat Vallaud-Belkacem plus sourcilleuse lorsqu’elle dirigeait le portefeuille des Droits des femmes.
Dans un premier temps, le ministère avait pourtant fait des efforts pour améliorer la parité. Les nominations de femmes avaient été privilégiées. Et on était arrivé à 11 rectrices sur 30. Un peu plus du tiers. Alors qu’elles atteignaient à peine le quart sous l’ère Sarkozy.
Que faire des 30 académies ?
Mais la réforme régionale est survenue. Les régions ont été ramenées à 13. L’idée étant, paraît-il, de simplifier. Pour l’instant, ça n’est pas évident.
Alors qu’on se déchirait sur le nom des futures grandes régions, à l’Education nationale, on se prenait la tête pour savoir quoi faire des 30 académies – elles correspondaient à peu près aux anciennes régions. Les supprimer, et avec elles les recteurs et rectrices à leur tête ? En créer 13 nouvelles ?
Un nouveau découpage abracadabrantesque
La solution trouvée (1) a été la suivante:
– côté pile, on a décidé de garder les 30 académies, avec leurs recteurs et rectrices, dans les mêmes limites géographiques.
– côté face, on a décidé de coller à la réforme en créant 17 régions académiques (13 en métropole et 4 en outre-mer) correspondant au nouveau découpage abracadabrantesque – certaines régions sont immenses, d’autres toutes petites sans qu’on sache pourquoi.
9 recteurs deviennent « super-recteurs »
Concrètement, cela donne la chose suivante. Pour coller aux nouvelles entités administratives, on crée 9 grandes régions académiques regroupant jusqu’à 3 académies. Par exemple, celle d’Ile de France couvre les académies de Paris, Créteil et Versailles, celle d’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, couvre Nancy-Metz, Strasbourg et Reims, etc.
A leur tête, on désigne 9 « super recteurs » (7 hommes, 2 femmes), des recteurs d’académie qui vont coordonner le travail des uns et des autres sans pour autant devenir le chef de leurs collègues – les explications officielles sont opaques.
Pour les 8 régions académiques restantes, rien ne change. Elles correspondent aux anciennes académies – Orléans-Tours, Rennes, Nantes et la Corse, ainsi que les 4 d’outre-mer, Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion.
Les gros recteurs sont des hommes
Comment a-t-on abouti à un tel recul de la parité ? On est passé du tiers de femmes rectrices à moins du quart de « super-rectrices ».
La réponse est toute bête: les « super-recteurs » sont les recteurs des plus grosses académies. Or les gros recteurs sont plutôt des hommes…
L’Education nationale, qui devrait monter l’exemple, est à cet égard une caricature. Les femmes y forment l’écrasante majorité des bataillons – 80% des professeures des écoles par exemple. Mais plus on monte dans la hiérarchie et l’on arrive aux postes « de pouvoir », moins on en trouve.
Quand ça veut pas, ça veut pas… Alors, à quand des quotas ?
Véronique Soulé