Rebelle, héroïne, femme d’affaire, féministe avant l’heure, première femme peintre célèbre Artémisia Gentileschi est à l’honneur au musée Maillol jusqu’au 15 juillet 2012. C’est la première fois en France qu’une exposition dévoile sa peinture. Une cinquantaine d’oeuvres, provenant essentiellement d’Italie, présentent sa vie rocambolesque et son extraordinaire carrière.
Fille d’Oranzio Gentileschi, l’un des plus grands peintres de la Rome baroque, Artémisia connaît la gloire très jeune, chose remarquable à une époque où l’homme a la pleine autorité et où les femmes sont considérées comme mineures à vie. A l’aube du XVIIème siècle, Artémisia brise toutes les lois de la société en n’appartenant qu’à son art et en gagnant sa vie à la force de ses pinceaux. Après avoir longtemps travaillé à l’ombre de son père, malgré les jalousies des ses collègues et un viol qui marque sa jeunesse, Artémisia s’émancipe en se lançant dans la peinture de figures historiques et bibliques. Elle peint l’histoire au féminin et choisit des héroïnes restées maîtresses de leur destin. C’est Cléopâtre, Judith, Esther, Lucrèce qui apparaissent sous ses pinceaux. Figure unique et extraordinaire de l’histoire de l’art italien, Artémisia est la première femme admise à l’Accademia Del Disagno, l’ illustre institution florentine créée par Léonard de Vinci. A cette distinction, elle doit sa gloire et surtout la liberté essentielle pour elle, de créer et de construire sans répit son oeuvre.
L’exposition » Artémisia, pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre » retrace le parcours et l’oeuvre d’une femme d’exception. Ses débuts à Rome aux côtés de son père, ses années florentines sous la protection du Grand-duc de Médicis, les années 1620 à Rome, la période napolitaine qui voit son apothéose, où pendant vingt cinq ans elle dirige son atelier et forme les grands talents qui prendront la suite. Le parcours de l’exposition commence toutefois par une entorse à la chronologie. Les commissaires ont fait le choix de saisir les visiteurs en montrant des toiles exécutées à l’apogée de sa carrière, qui couvre un quart de siècle, pendant lequel toute l’Europe la célèbre et se dispute ses oeuvres. » Mais vous verrez les oeuvres, écrit Artémisia à ses commanditaires; les oeuvres se suffisent à elles-mêmes ».
Béatrice Flammang