Inviter les enseignants du primaire à ne plus effectuer les heures d’APC et donc à ne pas respecter les obligations de service revient à désobéir. Pour la première fois, c’est la position prise par le Snuipp Fsu, généralement beaucoup plus prudent dans es actions. Une position nouvelle qui mérite explication. Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu , s’en explique.
Pourquoi lancer cette action ?
On invite les enseignants à récupérer ces 36 heures pour effectuer d’autres taches au profit des élèves. C’est une question qu’on avait posée lors des discussions sur les obligations de service. Mais la ministre n’avait pas souhaité à l’époque travailler ce sujet. Alors on force un peu la porte.
On pose ainsi la question du temps de travail des enseignants. Les enseignants ont plus de responsabilités. Le métier s’est complexifié. Les enseignants ont besoin de temps pour travailler en équipe, pour gérer les enfants handicapés, accueillir les parents. Mais l’institution n’a pas mis de temps en regard.
A partir de là, lors du congrès, on s’est dit que les APC n’ont pas fait leurs preuves et que ce temps pourrait être récupéré pour travailler en collectif. Les APC n’accueillent pas que des enfants en difficulté et on sait que les aides externalisées aux cours et qui ne sont pas effectuées par des spécialistes sont peu efficaces.
Le Snuipp appelle à désobéir. C’est une première ?
Pour nous c’est nouveau. Mais ce n’est pas de la désobéissance. Les professeurs ne feront pas rien sur ce temps. On sait bien qu’ils travaillent au delà des horaires réglementaires. On leur demande de noter le travail « invisible » effectué à la place de ces 36 heures annuelles.
N’est ce pas faire prendre un risque aux enseignants ?
Une action c’est toujours une prise de risques. Mais l’action collective est là pour construire un rapport de forces. L’objectif c’est que la ministre ouvre le débat. On demande une reconnaissance du temps de travail réel des enseignants. Et on a lancé cette action qu’après avoir recueilli 35 000 signatures d’enseignants.
Que risquent les enseignants qui ne feront plus les 36 heures ?
Ils risquent des déductions de salaire s’ils ne font rien. Mais ce serait terrible de sanctionner des gens qui font beaucoup de choses pour les élèves. D’autre part les heures doivent être faites d’ici la fin de l’année. Cela nous laisse le temps de la négociation. On ne se débarrasse pas des APC mais on veut amener une réflexion sur le temps de travail.
Propos recueillis par François Jarraud