Spécialiste reconnu des questions de violence scolaire, chargé de mission par Luc Chatel, Eric Debarbieux a abattu un énorme travail réunissant les Etats généraux de la sécurité à l’Ecole, puis les Assises sur le harcèlement tout en participant à la formation de formateurs dans les académies. Un travail où il faut engager, porter la botte, parer mais aussi esquiver. Il défend ici le récent décret sur les sanctions dans les établissements secondaires où il voit « des avancées ». La prochaine circulaire d’application devrait mettre les points sur les i.
Le décret sur la nouvelle échelle des sanctions est paru au Journal Officiel du 26 juin. Qu’apporte-t-il de positif ?
Il y a de bonnes choses dans ce décret. Un exemple ? On a beaucoup parlé d’automaticité des sanctions. Le décret instaure une automaticité de la saisine du conseil de discipline. C’est très différent. Et la circulaire d’application va encadrer cela. Le décret met fin aux exclusions temporaires de plus de 8 jours qui étaient une cause importante de décrochage et d’absentéisme. C’est une avancée intéressante.
La « mesure de responsabilisation », les travaux d’intérêt général, ça existait déjà. Mais on les généralise et surtout on les définit. Ce ne sera pas envoyer l’élève balayer la cour. Cela passera par des conventions avec des associations ou la protection judiciaire de la jeunesse. A l’image de ce qui s’est déjà fait avec la préfecture de police où un jeune en dérive avait accompagné des policiers qui s’occupent des SDF. Derrière ces idées il y a le travail du conseil scientifique que j’ai réuni. Pour moi ce sont de vraies avancées.
D’autres pays ont les mêmes pratiques ?
Oui l’Australie par exemple. Ce sont de vraies procédures de justice réparative. On n’est pas en train d’expérimenter. On applique des choses qui ont fait leurs preuves. On avait d’ailleurs fait venir un spécialiste australien de la justice réparative dans les formations de formateurs impulsées par les Etats généraux qui ont eu lieu cette année.
On pourra nous reprocher d’être laxistes. Mais c’est faux. Au contraire, il y a sanction. Mais on va demander que les sanctions soient intelligentes, qu’il y ait une véritable réflexion sur la sanction. On sait bien que dans les problématiques de violence la punition peut être contreproductive. Ce que demandent les victimes ce n’est pas la punition de l’agresseur. Mais qu’il comprenne qu’il a mal agi.
Mais ca veut dire que la sanction est rejetée hors de l’école ?
Elle peut avoir lieu dans l’école. Mais ce sera dans le cadre de conventions précises. Ce qui compte maintenant c’est l’accompagnement. Enfin il y a une autre avancée qu’il faut citer c’est la commission éducative. Elle comprendra des parents et des personnels. Elle devra assurer un suivi individualisé des problèmes de discipline. La circulaire qui paraîtra prochainement précisera tout cela.
Propos recueillis par François Jarraud
Liens :
Harcèlement : Chatel et Debarbieux ouvrent le dossier
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2011/123_6.aspx
Déidéologiser le débat scolaire
http://cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Pages/2010/119_3.aspx