Par François Jarraud
Alors que parents et enseignants sont soucieux de l’autorité dans les établissements, la note de vie scolaire a été imposée par Robien en 2006. Elle a soulevé de vives critiques aussi bien chez les enseignants que chez les parents. « Non sens pédagogique » pour le Sgen-Cfdt, » la note de vie scolaire n’est pas une réponse adaptée à la difficulté scolaire et aux problèmes de discipline des élèves » estime le Snes. Pourtant elle s’est imposée dans les établissements…
Une mesure Robien. La note de vie scolaire a été instituée par une circulaire publiée au B.O. du 29 juin 2006. Elle est attribuée par le chef d’établissement en concertation avec le professeur principal et le Cpe chaque trimestre de la 6ème à la 3ème. Elle évalue 4 choses : l’assiduité, le respect du règlement intérieur, « la participation de l’élève à la vie de l’établissement » et l’obtention de l’Assr et de l’attestation de formation aux premiers secours. Ces deux derniers aspects peuvent donner des points supplémentaires. « La note de vie scolaire est prise en compte pour l’obtention du diplôme national du brevet, dans les mêmes conditions que les résultats aux disciplines évaluées en contrôle en cours de formation. Elle est la moyenne affectée d’un coefficient 1 des notes de vie scolaire obtenues par l’élève chaque trimestre en classe de troisième ».
Une note contestée et contestable. Les reproches adressés au dispositif relèvent à la fois de la pédagogie et de la vie des établissements. D’un coté, la note est perçue comme un retour à la note de discipline qui transformait en points inclus dans la moyenne les fautes de comportements ce qui est dénoncé par une partie des enseignants. Ils craignent l’injustice inhérente à l’évaluation de comportements. L’évaluation pourra-t-elle être justifiée clairement aux familles ? Mais la note soulève un autre tabou : celui du monopole de la notation par les enseignants. « Ce qui nous choque vraiment c’est qu’une personne s’est permis le droit de juger les élèves au niveau mise au travail » écrit par exemple un enseignant sur une messagerie professionnelle. Dans son collège, les surveillants ont élaboré une grille précise et proposent des notes minimums au conseil de classe. Autrement dit le pouvoir de noter n’est plus l’apanage du professeur. Ailleurs la note peut opposer le chef d’établissement à son équipe ou le professeur principal à ses collègues. On aura compris que les pratiques de notation sont très variables d’un établissement à l’autre. Est-ce normal pour un diplôme national sensé être identique ?
Installée dans 90% des établissements. » Dans leur très grande majorité, de l’ordre de 90 %, les établissements ont appliqué la mesure et, dès le premier trimestre de cette année scolaire, les élèves, en particulier ceux des classes de troisième, ont bénéficié d’une note de vie scolaire figurant sur leur bulletin trimestriel ». Publié en avril 2007, le rapport de l’inspecteur général Jean-Yves Herbeuval sur la mise en oeuvre de la circulaire relative à la note de vie scolaire dresse un bilan globalement positif de l’application de la circulaire.
Selon lui, » la plupart des établissements ont appliqué les textes, certes parfois en prenant quelques libertés avec les instructions de la circulaire, mais sans s’éloigner véritablement d’une réelle démarche éducative, souvent avec intelligence, toujours au bénéfice des élèves, et en veillant tout particulièrement à ne pas stigmatiser une fois de plus les élèves en situation difficile ». Pourtant le rapport signale une double opposition. » Chez des professeurs contrariés, voire choqués par les notes de 19 ou de 20 portées sur les bulletins trimestriels, le trouble est réel. Ils posent la question de savoir si l’on ne va pas dans une direction opposée à celle souhaitable et souhaitée : en donnant une très bonne note à tous les élèves ne dévalorise-t-on pas l’autorité des maîtres ? » En effet, 85% des élèves auraient au-dessus de 17.
Pour l’Inspection, » deux des critiques les plus souvent entendues et les plus abondamment relayées à l’encontre de la note de vie scolaire portaient sur le risque d’arbitraire inhérent à l’absence de critères précis et quantifiables dans l’élaboration de la note, de même que sur l’absence d’harmonisation entre les établissements. Les observations ne confirment pas ces inquiétudes ». Pourtant la Fcpe a pu dresser en 2007 un « bêtisier » de la note de vie scolaire montrant une grande irrégularité d’un établissement à l’autre pour une note qui entre finalement dans l’évaluation d’un examen national.
François Jarraud
Le rapport Herbeuval
http://media.education.gouv.fr/file/89/4/4894.pdf
La note de vie scolaire
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/index300606_Colle[…]
La circulaire définissant la note de vie scolaire
http://www.education.gouv.fr/bo/2006/26/MENE0601604C.htm
L’avis d’une CPE
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/viescola[…]