Les évaluations de CM2 devront avoir lieu du 19 au 23 janvier. Les livrets arrivent tout juste dans les écoles. Le Café a demandé à René Macron, responsable du Bureau des écoles au ministère, de montrer leur intérêt pour le système éducatif et les enseignants.
Qu’est ce qui est nouveau dans les évaluations de CM2 ?
Ce sont des évaluations organisées autour des programmes. C’est la grande différence avec les évaluations précédentes. La référence c’est le programme. Par conséquent on a affaire à une évaluation bilan de ce que les élèves ont acquis. En même temps, quand on regarde ce qui n’a pas été réussi on est sur le versant du repérage voire du diagnostic. Par exemple il y aura des épreuves de grammaire, de vocabulaire. Quand les enseignants regarderont les résultats des enfants, par exemple meilleurs en lecture qu’en vocabulaire, ils établiront déjà un diagnostic. Les enseignants savent très bien faire ça.
En revanche comme l’évaluation est basée sur le programme elles apparaît plus difficile qu’une évaluation diagnostic. Il faut savoir qu’on a eu deux types d’évaluation précédemment. La première, en ce 2 et 6ème, relevait du diagnostic et du bilan même si le diagnostic était plus appuyé. Pour la dernière, en cm2, on avait que le diagnostic avec un taux de réussite élevé. Notre évaluation ressemble plus a ce qu’on avait dans le temps avec les évaluations de 6ème
Justement dans les questions que se posent les enseignants, il y a la peur que l’évaluation montre surtout les faiblesses de l’école et en même temps que ça crée une hiérarchie entre les écoles. Qu’en pensez-vous ?
Que ça montre les faiblesses de l’école, si c’est le cas il vaut mieux le savoir. Il vaut mieux que les enseignants sachent si le programme est acquis. Ils ont un programme il est bien qu’ils sachent où en sont leurs élèves. Mais normalement ils ne devraient pas faire de découvertes. La plupart des enseignants connaissent bien le niveau des élèves. D’ailleurs du temps de l’évaluation diagnostic ils trouvaient parfois que ce n’était très utile car il savaient déjà à quoi s’en tenir sur leurs élèves.
Sur la hiérarchisation des écoles, ça supposerait que les résultats des écoles, que les enseignants connaissent, auraient été donnés sur plusieurs écoles. Or ce n’est pas prévu
Effectivement la question de la diffusion des résultats est posée.
Des indications seront données concernant les résultats des élèves aux niveaux départemental, académiques et national. On aura en tout 5 indicateurs : le pourcentage des élèves ayant réussi moins de 33% des items, c’est-à-dire ceux qui sont en difficulté, de 33 à50%, des élèves qui ne sont pas au niveau mais qui pourront s’améliorer d’ici la fin de l’année; ensuite de 50 à 66%; puis plus de 66%, les très bons résultats qui maîtriseront le programme en fin d’année. Le 5eme indicateur c’est la médiane. Ces 5 indications sont générales. L’accès a ces informations ne se fera que pour les écoles. Puis ils seront calculés au niveau départemental ou académique.
Ca veut dire que chaque parent aura une feuille avec ces 5 indicateurs ?
Chaque parent pourra en avoir une. On fournit aux écoles un outil d’exploitation qui génère une feuille de suivi individuel que les parents auront pour chaque compétence et domaine. C’est la base de la communication vers les parents. Ensuite ils auront une feuille des résultats totaux. Et ce qui pourra rassurer les parents d’élèves, ce n’est pas qu’il y ait des élèves en difficulté, mais qu’il y ait des élèves qui ne soient pas en difficultés. Et il y en a dans toutes les écoles.
D’accord mais il y aura des écoles où on aura, compte tenu des variables sociologiques, des résultats très faibles.
Mais ça ce ne sont pas les évaluations qui vont le révéler. C’est déjà bien connu.
Oui mais là il y aura des résultats chiffrés…
Il faut pouvoir comparer les écoles. Il n’y aura moyen de faire un classement des écoles que si les enseignants diffusent la moyenne des résultats de leur école.
Ces évaluations seront utiles pour le pilotage du système ? Comment ce sera utilisé pour améliorer le système ,
Il y aura deux niveaux de pilotage. Un niveau concerne la synthèse globale académique et nationale : elle permettra d’avoir par exemple une idée des résultats en français ou en maths et donc une indication sur la maîtrise du programme. Actuellement on n’a aucune visibilité là-dessus. On aura des données fiables, qui pourront être actualisées chaque année. On pourra voir les évolutions. On pourra réfléchir à ce qu’il faut faire au niveau académique pour améliorer tel ou tel résultat.
Au niveau de l’école, les enseignants ont besoin d’informations beaucoup plus précises sur les élèves pour voir comment ils réussissent sur tel ou tel point de compétence.
Il y aura deux outils d’information bien différents l’un de l’autre. Deux séries d’informations bien différentes qui ne se rejoignent que pour le calcul de pourcentage.
Dans les critiques, il y a l’idée que ça peut pousser les enseignants à ne travailler que pour l’évaluation et à travailler moins les compétences générales.
Les enseignants vont démentir ces propos. Ce serait curieux que les enseignants aient une seule obsession qui serait que les élèves réussissent les évaluations tout en ne sachant rien par ailleurs. On peut faire confiance aux enseignants. Ils veulent que leurs élèves réussissent. Par ailleurs la probabilité la plus forte c’est que, quand les élèves réussissent l’évaluation, c’est qu’ils maîtrisent les compétences…
On a pourtant vu cela ailleurs aux Etats-Unis ou en Angleterre où certaines disciplines passent à la trappe, les disciplines artistiques par exemple, au bénéfice de la préparation aux tests.
Si les outils conduisaient à ces dérives, les tests trop simples, on reverrait notre dispositif. Notre objectif ce n’est pas de faire du chiffre. Mais de donner aux enseignants des outils de travail.
On a vu ailleurs aussi qu’on pouvait avoir la tentation de faire monter les chiffres pour montrer l’efficacité d’une équipe. Avec des progrès pas toujours réels.
Si l’ensemble du système éducatif considère que la situation est excellente alors effectivement l’évaluation ne sert à rien… Ce n’est pas un défaut de progresser. Mais notre objectif c’est de montrer la réalité. On peut espérer que les résultats s’améliorent. Nous serons vigilants sur deux points : que les évaluations ne soient pas des outils si simples qu’on puisse les réussir sans maîtriser réellement les compétences; que les outils de communication soient suffisamment clairs pour qu’on ne puisse pas suspecter un traficotage.
Les outils actuels ont été testés ?
Ils ont été testés et sont bien sûr adaptés. Mais probablement ils ne sont pas parfaits…
On entend dire qu’ils sont trop difficiles. On cite par exemple cet exercice : « dans la phrase le vol était indéniable que signifie le mot indéniable » Ca paraît difficile pour un enfant.
Les enseignants savent que parmi les compétences développées chez les élèves il y a « percevoir le sens d’un mot dans son contexte ». On ne s’attend pas à ce que les élèves connaissent le sens du mot « indéniable » mais à ce qu’ils puissent dégager le sens de ce mot du contexte. Voilà d’ailleurs un exemple type d’activité pour laquelle il est très difficile de former les élèves à la réussite au test.
Les épreuves sont bien calées sur les programmes et tout ce qui est demandé est dans les programmes.
Quels progrès attendez vous ?
De pouvoir dresser un bilan des acquisitions des élèves en référence au programme ce qu’on ne pouvait pas faire avant.
Et le bilan de compétences ?
Dans ce bilan on met aussi les compétences. On a des connaissances et des compétences.
Entretien : François Jarraud