Par Françoise Solliec
Pour entrer en 2nde GT, mieux vaut être une fille qu’un garçon et si l’on est issue d’une famille favorisée, c’est encore mieux ! Pourtant, « avec de meilleurs résultats scolaires, les filles n’ont pas les mêmes parcours de formation et leurs projets professionnels sont moins ambitieux ».
Les décisions d’orientation en fin de 3ème à l’échelon national
En juin 2008, près de 600 000 élèves étaient scolarisés dans une classe de 3ème de l’enseignement public et environ 80 000 dans l’enseignement privé.
En moyenne nationale, 5,7 élèves de 3ème de l’enseignement public sur 10 ont obtenu un passage en 2nde générale et technologique, avec une forte disparité entre les filles (6,2 sur 10) et les garçons (5,2 sur 10). Les décisions d’admission suite aux conseils de classe sont moins nombreuses que les demandes des familles, avec un écart d’un peu plus de 2%, ce qui représente quand même, en valeur absolue, près de 12 000 élèves.
A l’inverse, pour la voie professionnelle (2nde pro ou CAP), les demandes des familles sont inférieures aux décisions des conseils de classe (-5,14% de demandes par rapport aux décisions) qui y orientent 3,9 élèves sur 10. Les garçons sont nettement plus nombreux à s’orienter vers cette voie (4,4 sur 10) que les filles (3,4 sur 10).
A l’issue de la classe de troisième et après décision des établissements, le redoublement concerne 3,71% des élèves, le taux le plus faible de la scolarité de la sixième à la seconde générale et technologique. L’écart est faible, cependant les filles sont à la fois moins nombreuses à solliciter un redoublement et à redoubler après décision du conseil de classe.
Les chiffres l’orientation
http://eduscol.education.fr/D0123/bilan2008-troisieme.htm
Disparités et inégal
Dans les cadémies et les départements
Mais ces chiffres nationaux masquent de fortes disparités locales, ainsi qu’on peut le constater à la lecture des bilans d’orientation de telle ou telle académie. Ainsi, dans l’académie de Créteil, les taux de passage vers la 2nde GT sont en juin 2008 de 65% pour la Seie-et-Marne et de 64,6% pour le Val-de-Marne, mais seulement de 58,4% pour la Seine-Saint-Denis. Et dans ce département même, les taux varient de 57,5% à 61,4% suivant les bassins. En étudiant spécifiquement les collèges ambition réussite, nombreux dans le département, on constate que les taux de décisions d’orientation en 2nde GT y sont de 53,6% et ceux d’orientation vers la voie professionnelle de 43,1%, à comparer avec les moyennes nationales de 60,9% et de 35,3% respectivement.
Le bilan d’orientation et d’affectation 2008 de l’académie de Créteil
http://orientation.ac-creteil.fr/doc/08_09/Bilan_orientation[…]
Dans les procédures d’affectation en 2nd pro et 2nde GT
L’inégalité se retrouve aussi dans les procédures d’affectation, avant même la rentrée scolaire dans le nouvel établissement. Comme le constate le rapport du Hcé de 2008 sur l’orientation scolaire, « l’élève orienté en lycée professionnel peut se voir affecté dans une spécialité qui ne l’intéresse pas ou qui ne correspond pas à ses aptitudes, ou bien il peut être contraint de quitter son secteur géographique, ou les deux : c’est là une différence importante avec le lycée général et technologique où, sauf pour certaines options à recrutement limité, l’offre de seconde est adaptée constamment aux effectifs et uniformément répartie sur le territoire. Malgré la mauvaise image de l’enseignement professionnel, il est plus difficile d’intégrer certaines de ses spécialités qued’entrer en seconde générale et technologique ».
En comparaison, les élèves entrant en 2nde GT sont très largement, sauf situations particulières (par exemple en région parisienne), affectés sur leur premier vœu. Ainsi l’académie de Paris annonçait en juin 2008 que 80% des élèves étaient affectés en 2nde GTsur leur 1er vœu, mais l’académie de Grenoble constatait que seulement 58% des élèves étaient affectés sur leur 1er vœu à l’entrée en 2nde pro ou en 1ère année de CAP.
Le rapport du haut comité de l’éducation
http://www.hce.education.fr/gallery_files/site/21/49.pdf
Le poids des inégalités sociales
Point n’est besoin de s’appesantir sur le sujet. Les études montrent clairement que le passage 3ème – 2nde GT filtre largement les élèves issus de catégories sociales défavorisées, puisque le taux de ces élèves, de 40,6 % en moyenne au collège, n’est plus que de 27,8% en 2nde GT, mais de 63% en CAP et d’environ 53% en BEP et Bac pro.
Les élèves du second degré ] Repères et références statistiques – édition 2008
http://media.education.gouv.fr/file/2008/69/3/chap4-3_33693.pdf
L’égalité filles garçons
Le site Eduscol consacre tout un dossier à cette problématique.
« Le constat est connu : si la mixité scolaire est réalisée dans les faits dans les écoles et les établissements depuis le début des années soixante-dix, si elle est obligatoire depuis la loi du 11 juillet 1975, elle ne recouvre pas pour autant aujourd’hui une complète situation d’égalité entre les filles et les garçons. Avec de meilleurs résultats scolaires, les filles n’ont pas les mêmes parcours de formation et leurs projets professionnels sont moins ambitieux ».
Une série d’actions et de dispositions sont proposées, notamment pour attirer les filles vers le secteur sciences et techniques.
Le dossier d’Eduscol