Attention, danger ! Plus d’un ministre ont échoué à faire évoluer le métier enseignant. Annoncées à la mi juillet, les consultations sur les métiers de l’enseignement s’ouvrent le 18 novembre. Elles concernent pas moins d’un million de fonctionnaires. Le Café mettra en ligne à 13 h 30 une entretien vidéo exclusif avec Vincent Peillon et une présentation des mesures proposées par le ministère. Le ministre n’a pas fait mystère de sa volonté de modifier sensiblement les métiers enseignants mais a-t-il les moyens de cette politique ?
1 030 467 personnes : c’est le nombre de salariés dont la vie professionnelle pourrait être impactée par les négociations qui s’ouvrent le 18 novembre entre le ministère et les syndicats. En pleine bataille des rythmes, les débats sur le métier pourraient aussi bien être un moyen de surmonter la crise qu’un dernier combat pour le ministre. Après 10 années de rabotage du volume d’emplois, de multiples tentatives sous Robien, Darcos ou Chatel pour supprimer des avantages catégoriels ou imposer une hiérarchisation stricte, les enseignants attendent avant tout des allègements dans un métier devenu de plus en plus difficile.
16 juillet l’annonce de la consultation
En recevant les syndicats le 16 juillet 2013, V Peillon leur a fixé un rendez-vous pour une évolution des métiers de l’enseignement. « Les chantiers de l’agenda de la refondation… doivent être accompagnés par l’engagement de discussions relatives aux métiers », a-t-il déclaré. Il faut « mettre en cohérence les missions et les parcours professionnels par rapport aux enjeux pédagogiques ». Il a indiqué le lancement de 13 groupes de travail concernant toutes les catégories de personnel : enseignants du 2d degré et professeurs des écoles, mais aussi directeurs, personnels de direction, Rased, formateurs, conseillers pédagogiques, CPE, chefs de travaux, inspecteurs, administratifs, personnels médicaux et contractuels. Chaque groupe de travail abordera « les missions de façon à intégrer les réformes pédagogiques », les « thématiques des parcours professionnels et de la formation ». Les discussions devaient démarrer en septembre. La question des rythmes scolaires aura sans doute fait perdre deux mois au projet. L’objectif final, février 2014, ne devrait pas être modifié.
Quelle vision du métier d’enseignant ?
En septembre, dans un entretien accordé au Café pédagogique, le ministre avait évoqué quelques objectifs. « Nous avons beaucoup de choses à améliorer, pour rendre le métier plus agréable et plus attractif, au-delà des éternelles polémiques sur le statut », disait-il. Il avait évoqué le rapprochement des conjoints, la circulation d’un corps à un autre, la reconnaissance du travail des enseignants dans l’éducation prioritaire. » Il faut donc que les équipes, qui savent mieux que personne comment répondre aux besoins des élèves, aient la capacité de s’organiser pour le faire », précisait-il. « C’est de la question de l’autonomie pédagogique, de l’autonomie des équipes, dont je parle ici, et non de l’autonomie « de l‘établissement » c’est à dire de la privatisation de la gestion telle que la concevait la droite. Nous allons réfléchir à ces moyens, et nous allons permettre ces pédagogies ». Il reprenait ici des idées déjà émises en mars 2013.
Parler métier sans parler statut ?
On aura remarqué que V Peillon ne parle pas de statut si ce n’est pour évoquer les polémiques. C’est que ses prédécesseurs s’en sont mordus les doigts. Gilles de » Robien avait décrété la suppression des décharges horaires de nombreuses catégories de professeurs pour aller dans le sens de la RGPP. Son successeur, X Darcos, avait supprimé son décret avant qu’il ne soit appliqué. Lui même a mis à mal la formation des enseignants et décrié les enseignants avant d’être remplacé par Luc Chatel. Dernier ministre de N Sarkozy, sa réforme de l’évaluation des enseignants souleva la profession contre son parti. Aussi Vincent Peillon se garderait bien de toucher au statut de 1950. Mais comment faire quand la vie réelle de l’enseignant s’est nettement détachée des bases statutaires ? Ainsi le temps de travail réel d’un professeur des écoles est de 44heures par semaine, selon une étude ministérielle, quand le statut ne prévoit que 25h34 en moyenne (HSA incluses) rémunérées. Dans le secondaire on trouve 41h17 travaillées dont 20h rémunérées. Pratiquement la moitié du temps de travail réel de l’enseignant n’est pas prévu par les décrets de 1950. Le rapport de l’inspection signale que les missions particulières effectuées par les professeurs sont payées sur des bases très variables d’un établissement à l’autre.
Quelle marge de manoeuvre pour V Peillon ?
Dans la situation budgétaire actuelle, même si l’éducation nationale est très privilégiée par rapport aux autres ministères, il est illusoire d’attendre du ministre une revalorisation salariale pour les enseignants. L’effort qui pouvait être fait l’a été avec la création de la nouvelle prime des enseignants du premier degré. Les améliorations qui pourraient être portées par les négociations ne pourront donc être que légères financièrement. Sans argent, le ministre n’est pas non plus riche en postes. Il ne pourra pas avant la rentrée 2015 ou 2016 bénéficier d’un volant de postes susceptible de donner de la souplesse sur le terrain pour oser de nouveaux métiers.
Mais laissons lui présenter ses projets :
Rendez-vous vers 13h30 le site du Café pour une vidéo réalisée avec le ministre et un article présentant les propositions ministérielles.
François Jarraud
Les syndicats face à la réforme