« Le projet de réforme du lycée comporte deux avancées importantes pour la diffusion de la culture économique et sociale. D’une part, les SES intègreraient le tronc commun lors du premier semestre de la classe de seconde, et d’autre part elles seraient proposées de manière optionnelle à tous les lycéens de première et terminale qui le souhaitent. Ces propositions, qui suivent les préconisations du rapport du Conseil supérieur des programmes et du Conseil national éducation économie qui vous a été récemment remis, nous semblent un premier pas nécessaire tant pour la formation citoyenne que pour la préparation à la poursuite d’études supérieures. Pour autant, le projet soulève également de vives inquiétudes quant au maintien d’un parcours cohérent et approfondi de formation aux sciences sociales au lycée, au premier rang desquelles l’économie, la sociologie et les sciences politiques », écrivent dans une lettre commune l’Apses, l’association des chercheurs en science politique (Aescp), l’association des professeurs de khagne (Apkhkses), les sociologues de l’Ases, les chercheurs de l’Afep, l’association de sociologie (Afs) et le CDP Ses) .
« Nous souhaitons que la réforme du lycée tienne compte de ce bilan très positif de la série ES et permette d’améliorer les poursuites d’étude dans l’enseignement supérieur. Or nous avons certaines inquiétudes à ce sujet. Dans le projet envisagé par le rapport Mathiot, l’ensemble des élèves de première générale devront choisir une majeure de deux disciplines. Parmi les 9 couples de disciplines constituant une majeure, 4 seraient des couples d’un parcours « scientifique », et 5 seraient des couples d’un parcours « lettres-humanités-société » au sein duquel les SES ne seraient proposées que deux fois. Les élèves choisiraient ensuite deux disciplines mineures, avec la possibilité de changer de mineure à chaque semestre. Un lycée soucieux de l’égale dignité des voies de formation n’aurait pas cantonné les SES dans un ensemble « lettres-humanités-société » tendant à dénier la spécificité d’une troisième culture qui a justement l’attrait de se situer au croisement des sciences et des humanités », notent les auteurs.
« L’absence d’indications quant au volume horaire de l’enseignement de SES dans le projet nous inquiète à ce titre. La classe de seconde étant le seul niveau d’enseignement où les SES seraient enseignées à tous les élèves, mais pour un semestre seulement, il nous semble indispensable qu’elles le soient pour une durée minimale de 2H par semaine. De même, il nous paraît nécessaire que les élèves qui ont souhaité se spécialiser en majeure SES au long du cycle terminal y bénéficient d’un volume horaire hebdomadaire de 5H minimal en classe de première et de 6H en classe de terminale ».