Proposer un éclairage à la fois scientifique et didactique sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler le « Printemps arabe » n’est guère aisé, alors que manque le recul nécessaire et que la diversité des pays concernés n’autorise aucune réponse simple et univoque aux questions que l’on peut se poser. Aussi ce dossier n’a-t-il pas visé l’exhaustivité : nous avons privilégié la diversité des perspectives, avec la volonté de briser quelques clichés et de susciter des échos entre les réflexions des chercheurs et les interrogations des enseignants qui, dans le cadre scolaire, seront amenés à évoquer cette actualité complexe, à la fois enthousiasmante et difficile à lire.
Trois contributions sont consacrées à deux pays inégalement présents dans le paysage médiatique français. Le cas de l’Égypte, qui a fait la une de l’actualité, est traité par François Ireton, qui propose, d’une part, un compte rendu détaillé des journées qui ont vu la chute du président Moubarak et, d’autre part, une analyse de la genèse de la « révolution du Nil », qui suppose de remonter bien en amont de ces journées. Franck Mermier, quant à lui, donne un aperçu synthétique des rapports de forces et des tensions propres à la situation politique du Yémen, pays rarement mis au premier plan dans les médias français : sans ces données, les enjeux de la contestation dans ce pays sont en effet illisibles.
Trois autres contributions du dossier proposent des éclairages plus globaux. Youssef Courbage explique en quoi la connaissance des grandes tendances démographiques peut contribuer à la compréhension du phénomène politique. Yves Gonzalez, fort de sa connaissance des pratiques et usages d’Internet dans les pays arabes, apporte un éclairage essentiel à la compréhension du rôle de la jeunesse et des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les bouleversements en cours. Enfin, la réflexion de Baudouin Dupret sur la pertinence du terme « révolution » pour nommer l’événement auquel nous assistons est une invitation à la prudence : les mots risquent parfois de nous faire oublier la diversité des situations.
Enfin, la contribution de Frédéric Alpi s’éloigne de l’actualité brûlante pour évoquer l’histoire des communautés chrétiennes du Proche-Orient arabe : leurs origines, leur extrême diversité, leurs Églises, rites et langues liturgiques multiples.
Les enseignants trouveront dans une dernière partie des liens vers des ressources extérieures, parfois brutes, pour faire travailler les élèves et mettre leurs travaux en perspective avec nos articles.
On pourra, à travers toutes ces contributions, lire une commune invitation à questionner notre regard sur les pays arabes.
Lætitia Démarais
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