Par Monique Royer
Barnier m’a écrit
Michel Barnier, MON ministre, m’a écrit personnellement. D’accord, le texte de son mail était plutôt sibyllin « Lettre d’information sur le budget 2009 en pièce jointe. Michel Barnier », mais il n’était tout de même adressé qu’à moi seule, sans liste de 250 autres destinataires. Pas de bonjour Madame, ou soyons fous, “bonjour chère Monique”, ni de “bien cordialement” voire “vous souhaitant une bonne année scolaire” ou “bien à vous”, toutefois un mail personnel du Ministre, ça impressionne. Mon orgueil ne s’est pas gonflé longtemps. Très vite, des collègues sont venus me chuchoter, l’air entendu “tu sais pas, Barnier m’a envoyé un mail, tu te rends compte”. Comptez sur moi pour leur avoir répondu “alors là, tu vois, c’est du pur marketing, je l’ai reçu aussi mais j’y ai pas trop cru au coup de la lettre perso ».
La pièce jointe au message a de quoi laisser perplexe. Michel (il m’écrit personnellement alors je peux bien l’appeler par son prénom), Michel m’explique que le budget du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche est en augmentation de 2,4%. Même si les chiffres m’échappent, je trouve cela vraiment formidable. La fermeture des classes de 4e ou de 3e, on oublie, l’effacement de la carte de certaines spécialités, on oublie, les dédoublements de classe gommés, on oublie ?? Vraiment, vraiment, merci Michel (je ne l’appelle pas encore Mimi nous n’en sommes qu’au début de notre relation épistolaire.).
Hélas, la deuxième page est beaucoup moins agréable à la lecture « Ces réformes ne se placent pas dans la seule perspective budgétaire. Elles ont également pour objet rendre l’Etat plus efficace, au service des usagers et des acteurs de terrain. Cependant, il faut aussi diminuer les charges de fonctionnement de l’Etat, et les réductions de postes seront, en 2009, de 550 emplois de titulaires et de 100 emplois de vacataires. » nous dit le ministre (forcément là, j’ai plus du tout envie de faire copine avec Barnier).
C’était donc cela. Tous ces « agents », qui, même pour une fraction de seconde ont laissé battre leur cœur tendre, ont dans le retour de flamme reçu une potion amère. C’est pas bien joli de nous faire croire à de l’amour là où nous ne trouverons qu’un cœur de pierre.
La lettre du ministre
« A la croisée des chemins »
Le cinquième schéma prévisionnel de l’enseignement agricole doit prochainement définir les grandes orientations de ce système pour les cinq années à venir. Pour préparer ce schéma, un groupe consultatif conduit par la sénatrice Françoise Férat a mené une mission exploratoire et rencontré des acteurs de l’enseignement agricole. Le rapport de la mission, intitulé « à la croisée des chemins » témoigne de « l’exceptionnelle convergence des ressentis et des constats exprimés qui réunissent inquiétudes et attentes de décisions. »
« L’enseignement agricole » va mal, nous dit il, à cause principalement d’une perte d’identité et du « recul de la capacité d’innovation de l’enseignement agricole » induit par un « pilotage uniquement financier ». Le constat est sévère mais clairvoyant. Pour être capable de répondre aux nouveaux enjeux de la société liés à l’alimentation, au territoire et à l’environnement, l’enseignement agricole devra innover à nouveau , expérimenter, en se posant comme des « maisons du savoir » sur le territoire. Un pilotage efficace à tous les niveaux du système semble indispensable pour réussir une telle mutation.
ftp://ftp.arftlv.org/portail/general/rapport_ferat.pdf
La rentrée dans l’enseignement agricole
Le rapport Férat présenté par Michel Barnier
Michel Barnier est intervenu le 7 octobre dernier devant le Conseil National de l’Enseignement Agricole pour présenter le rapport Férat. Des constats et propositions développés par la commission, le ministre tire trois grandes orientations : la qualité des formations, l’innovation et le pilotage. A lire ses propos, on en déduit que la carte des formations devrait être profondément remaniée avec une simplification des diplômes, le renforcement des spécialisations locales et la prise en compte des nouveaux enjeux de l’agriculture et de l’innovation. Côté pédagogique, la modularisation des diplômes, l’individualisation et la mixité des publics sont à l’ordre du jour. Le ministre reprend l’idée de « maison des savoirs » ouvertes sur le territoire préconisée par le rapport Férat. Le 5ème schéma devrait aussi redessiner les contours du pilotage national et régional en incluant des modalités d’évaluation.
L’intervention de Michel Barnier
http://agriculture.gouv.fr/sections/presse/discours/conseil-national