Par Rémi Boyer et Alexandra Mazzilli de l’association Aide aux Profs
Ce mois-ci :
– Rémi Boyer quitte la rubrique Seconde Carrière, après avoir publié près de 100 parcours de carrière d’enseignants du n°79 au n°144, pour laisser place à Alexandra Mazzilli, professeure des écoles, qui souhaite devenir journaliste ;
– A partir de la rentrée 2013, Aide aux Profs se métamorphose…
– L’interview de Danièle Adad, professeure des écoles devenue formatrice de nouveaux enseignants, et conceptrice des éditions de l’Arbre d’Icchä ;
– L’interview de Jack Koch, le « sourire » des profs !
– Pourquoi les jeunes ne veulent-ils plus devenir profs ? Et pourquoi veulent-ils quitter le métier rapidement lorsqu’ils le sont devenus ?
Rémi Boyer quitte la rubrique Seconde Carrière, après avoir publié près de 100 parcours de carrière d’enseignants du n°79 au n°144, pour laisser place à Alexandra Mazzilli, professeure des écoles, qui souhaite devenir journaliste
La rencontre avec le Café Pédagogique restera l’un des plus beaux moments de l’aventure d’Aide aux Profs, puisque le Café a beaucoup contribué à l’essor de notre dispositif associatif d’information, de conseil et d’accompagnement à distance des enseignants du 1er et du 2nd degré dans leurs projets de reconversion professionnelle.
La publication du n°79 en novembre 2006, 5 mois seulement après avoir créé l’association à Rouen, fut un grand moment derrière notre écran d’ordinateur, puisque notre site web, www.aideauxprofs.org est alors passé d’un trafic de quelques personnes par semaine à plus de 1000 personnes par jour pendant près d’un mois ! Ce fut un soutien colossal.
Par la suite, de nombreux acteurs physiques et moraux du paysage éducatif nous ont contactés et soutenus, faisant progressivement entrer Aide aux Profs dans le « paysage éducatif » sur le web et dans les esprits, dans toutes les académies et dans bon nombre de pays francophones :
– associations complémentaires de l’Etat comme la Ligue de l’Enseignement qui nous permet régulièrement d’être présents au Salon Européen de l’Education ;
– syndicats nationaux (Sgen-Cfdt ; SE-Unsa ; UNSA ; CFE-CGC ; FSU ; SNUipp ; Snalc ; Fep, Fnepsec, Avenir-Ecoles, CNGA, etc.) réceptifs à nos idées sur les reconversions des enseignants ;
– associations pédagogiques (Les Cahiers Pédagogiques, les Clionautes, l’AFAE) ;
– associations et fédérations professionnelles : Fédération des auto-entrepreneurs, Caravane des entrepreneurs ;
– associations de parents d’élèves (Jean-Jaques Hazan, FCPE) ;
– mutuelles (MGEN avec Georges Fotinos) ;
– entreprises dédiées au débat éducatif (Pascal Bouchard co-fondateur de l’AEF puis de touteduc.fr) ;
– personnalités du débat éducatif (Philippe Meirieu, Alain Bouvier, Georges Fotinos, François-Roger Gauthier ; Jacques Nimier, François Müller, Philippe Watrelot, Véronique Soulé, Eric Debarbieux, Jean-Pierre Obin, …) ;
– personnalités de l’Institution (Josette Théophile DGRH, Alain Bouvier Recteur et président de l’AFAE, Yvon Robert Doyen de l’IGAENR, Yann Diraison DRH de l’Enseignement privé, Bernard de Saint-Girons DIO, Daniel Auverlot IGEN, … ;
– personnalités politiques rencontrées (Jack Lang, Arnaud Montebourg, Bruno Julliard, Valérie Fourneyron, Jack Guyard, Vincent Peillon, François Hollande…).
En tous temps, en tous lieux, l’accueil a été très positif, avec de nombreux médias :
– Presse papier : Le Figaro, Les Echos, 20 minutes, Le Monde, Le Parisien, Le Journal du Dimanche, L’Express, le Nouvel Observateur, etc. ;
– Radios : France Info, réseau France Bleue, France Inter, France Culture, etc. ;
– Télévision : JT de TF1 (2 fois), JT de France 2 (1 fois), JT de FR3 (2 fois), France 4 ; M6 (Zone interdite) ;
– Web : AEF, Les Cahiers Pédagogiques, Toutpourchanger.com, C’est Classe (Libération), Cap-Education, Education et Devenir, Planète Enseignant, Question Collège, et plus de 600 sites web liés à l’éducation.
Ce fut une fabuleuse aventure qui a permis à Rémi Boyer d’accroître et de diversifier ses compétences, en vue de préparer sa 3e carrière, et de publier deux guides pratiques à destination des enseignants, qui ont séduit près de 8 000 lecteurs à ce jour :
Enseignant…et après ? Comment préparer et réussir sa seconde carrière :
http://livre.fnac.com/a2864779/Remi-Boyer-Enseignant-et-apres
Enseignants et mobilité professionnelle. Conseils et outils pour choisir la vôtre :
http://livre.fnac.com/a3807417/Remi-Boyer-Enseignants-et-mo[…]
Un 3e guide pratique essentiel est en cours, pour une publication d’ici janvier 2014…
Après 100 portraits d’anciens enseignants ayant réalisé une reconversion professionnelle, et de très nombreux petits articles (plus de 6 000 sur le portail d’Aide aux Profs et plus de 200 sur la rubrique Seconde carrière) Rémi Boyer tire sa révérence pour s’en aller sur la pointe des pieds, pour laisser place à une adhérente d’Aide aux Profs, Alexandra Mazzilli, diplômée de Sciences Po et d’un Master I en Journalisme, professeure des écoles actuellement, pour lui permettre d’étoffer son CV de cette nouvelle expérience, puisqu’elle souhaite réaliser sa reconversion comme journaliste.
Elle est particulièrement dynamique, motivée, très productive, rigoureuse, avec le souci d’une grande qualité d’exécution. La rubrique Seconde Carrière est entre « de bonnes mains » pour lui donner un nouvel élan, souhaitons lui bonne chance !
Après 7 années consacrées à la conception, et à la diffusion d’idées sur le web par des milliers d’articles, afin d’apporter aux dirigeants de l’Éducation Nationale le produit de sa réflexion, et de sensibiliser tous les acteurs éducatifs qui le souhaitaient à l’importance de créer des secondes carrières pour les enseignants, en raison de l’allongement de la durée des carrières et de leur pénibilité après 55 ans, Rémi Boyer, qui aura été le seul publicateur sur le portail d’Aide aux Profs, opère une mutation du dispositif qu’il a conçu en :
– Créant une activité d’édition, destinée à valoriser des ouvrages autobiographiques d’anciens enseignants ayant réussi leur reconversion ; à diffuser des travaux d’intérêt général réalisés par des enseignants chercheurs sur les problématiques qui intéressent Aide aux Profs, et à lancer des enseignants devenus de talentueux dessinateurs de BD… ;
– Développant des journées et stages de formation (sur Rouen et Paris) pour nos adhérents, près de 200 en 2012-2013, et qui ont vocation à rejoindre notre dispositif en nombre illimité dans les années qui viennent. Rémi Boyer a réalisé depuis 2011 à la demande de plusieurs organismes de formation et syndicats des conférences sur la mobilité professionnelle des enseignants et des formations pour des conseillers en mobilité carrière, et compte développer cette activité ;
– Quittant son activité de publication sur le portail de l’association, afin d’en faire l’un des nombreux acteurs de la formation des enseignants dans leur professionnalisation, dans l’objectif d’obtenir dans les années à venir un agrément de l’Éducation Nationale pour pérenniser le dispositif qu’il a conçu, pour que cet esprit d’entraide entre anciens enseignants et enseignants rêvant de suivre leurs traces, puisse se poursuivre.
Par Rémi Boyer
Pourquoi avez-vous eu envie de devenir enseignante ? Qu’est-ce qui permet de réussir dans ce métier et d’y rester enthousiaste sur le long terme ?
Je n’ai jamais eu envie de devenir enseignante. C’est au départ un très grand hasard. Je m’étais inscrite en faculté et comme j’ai eu d’autres projets, j’ai passé tous les concours pour pouvoir être autonome financièrement. Dès la prise en charge de ma deuxième classe, j’ai songé à démissionné. Et puis, j’ai essayé encore une année. Pendant 5 ans, je n’ai pas éprouvé beaucoup de plaisir à faire ce métier, et puis, d’un coup, le déclic… c’est devenu une vraie vocation. Comme je n’avais pas d’aspirations initiales, je n’ai pas été déçue :=)
Quel a été votre parcours de carrière jusqu’ici, et quelles compétences pensez-vous avoir développées ?
Après 15 ans d’ancienneté en tant qu’institutrice, j’ai passé le concours professeur des écoles, puis le CAFIPEMF. Depuis 10 ans, je suis mise à disposition de l’IUFM, à mi-temps d’abord, maintenant à temps plein. J’ai enseigné en cycle 3 et en cycle 1 et j’interviens auprès des étudiants en master 1 et 2.
Je passe maintenant le Master 2 « éducation et métiers de l’enseignement du premier degré » en validation des acquis.
De ce métier directement, j’ai développé des compétences sociales (écoute, dialogue, gestion de problèmes familiaux, …), et des compétences d’adaptabilité par rapport à la gestion de l’inconnu (changement d’école, de niveau, poste de ZIL sur remplacements courts), et également par rapport à la gestion des contenus à enseigner, notamment en formation initiale et continue.
Ensuite, pour ce métier et en fonction de ma personnalité, j’ai développé des compétences informatiques (mise en page, retouche d’images, montage vidéo), et j’ai appris à concevoir et mettre en oeuvre des projets à plus ou moins long terme, seule ou en dirigeant une équipe, avec ma classe ou avec toutes les classes de mon école voire de mon groupe scolaire. Ce métier m’a donné une soif d’apprendre et une très grande curiosité pour comprendre les différentes stratégies d’apprentissage.
En quoi consiste la formation du CAFIPEMF et vers quels emplois mène-t-elle ?
Le CAFIPEMF est un certificat d’aptitude aux fonctions d’instituteur ou professeur des écoles maître formateur. Cette épreuve se passe en deux parties. L’admissibilité consiste à présenter à un jury de 5 personnes (2 IEN dont celui de notre circonscription, 1 maître formateur, 1 conseiller pédagogique, 1 professeur d’IUFM) deux séances de 45 minutes dans sa classe. Ce qui est évalué est la faculté de mise à distance et d’analyse de pratique au cours de l’entretien qui suit cette observation en classe. Il s’agit d’être clair et explicite dans les réponses aux questions pour montrer son aptitude à renseigner les jeunes collègues.
L’admission se passe en deux temps. Dans un premier temps, le candidat au CAFIPEMF se mettra en situation de formateur et sera observé par le même jury lors de son entretien avec le jeune collègue ou lors de l’animation pédagogique qu’il dispensera (ceci au choix du candidat). Dans un deuxième temps, un entretien avec le jury lui permettra de répondre aux questions concernant ce temps de formation et de soutenir le mémoire rendu au préalable. Une formation à l’épreuve est proposée le mercredi au sein de l’IUFM.
Ce certificat d’aptitude est très éprouvant au niveau émotionnel et demande beaucoup de travail de recherche et de remise en question. C’est très éprouvant, mais aussi très porteur, enrichissant et intéressant. Le CAFIPEMF est nécessaire pour accéder à différents postes dans l’éducation nationale : maître formateur, conseiller pédagogique généraliste ou spécialisé, maître formateur à disposition de l’IUFM, inspecteur de l’éducation nationale, …
Vous avez publié de nombreux ouvrages: avez-vous le sentiment d’avoir ainsi exercé une seconde carrière en parallèle, qui a maintenu votre passion de l’enseignement ?
Au départ, je ne pensais pas exercer une seconde carrière puisque c’était des ouvrages pédagogiques à destination des enseignants et que ma motivation était de continuer à diffuser ce que j’avais compris, appris, testé. C’était complémentaire à mes différentes missions au sein de l’IUFM et une autre façon de former les professeurs.
Cependant, je me rends compte aujourd’hui que le passage des concours successifs (professeur des écoles, CAFIPEMF, M2) et ces publications m’ont permis de porter un nouveau regard sur ma classe et sur l’enseignement en général. Je suis le plus souvent en analyse de pratique et en expérimentation, et les problèmes qui s’élèvent, quels qu’ils soient, m’intéressent et m’interrogent. Cette mise à distance a participé, je pense, à maintenir ma passion de l’enseignement.
Au départ, je ne pensais pas exercer une seconde carrière puisqu’il s’agissait d’ouvrages pédagogiques à destination des enseignants et que ma motivation était de continuer à diffuser ce que j’avais compris, appris, testé. Par exemple, mes deux premiers livres édités chez Chronique Sociale et intitulés « Lire pour écrire, écrire pour grandir » et « Professeur stagiaire, s’intégrer et réussir » témoignent de ma pratique de projets d’écriture de la petite section au CM2 et s’adressent aux professeurs en poste à temps plein pour des projets longs ou aux anciens PE2 pour mener des projets sur une courte période durant leurs stages. Ou encore, les livres de français en étude de la langue ou en livre unique chez Bordas pour le cycle 3, partagent des supports que j’ai mis en oeuvre et des modalités pédagogiques originales, notamment dans le livre du maître. Alors que pour Vuibert, je continue à aider à la préparation du CRPE, en participant à la rédaction de sujets et à leur corrigé. Les retours sont souvent positifs notamment par mes étudiants qui testent une pédagogie de projet en stage groupé ou filé.
Ce travail de publication est donc complémentaire à mes différentes missions au sein de l’IUFM et c’est une autre façon de former les professeurs.
Cependant, je me rends compte aujourd’hui que le passage des concours successifs (professeur des écoles, CAFIPEMF, M2) et ces publications m’ont permis de porter un nouveau regard sur ma classe et sur l’enseignement en général. Je suis le plus souvent en analyse de pratique et en expérimentation, et les problèmes qui s’élèvent, quels qu’ils soient, m’intéressent et m’interrogent. Cette mise à distance a participé, je pense, à maintenir ma passion de l’enseignement.
Vous avez créé votre maison d’édition récemment, pouvez-vous nous en dire plus ? Quelles démarches avez-vous réalisées pour donner corps à ce projet, et quel genre d’ouvrage éditez-vous ?
Une des qualités que j’ai développée au cours de mon parcours est la persévérance. Quand j’ai enseigné en maternelle et notamment en petite section, j’ai été scandalisée par les pratiques d’évaluation mises en oeuvre dans la plupart des écoles desquelles je faisais partie ou dans lesquelles je suis passée en tant que formateur. J’ai donc conçu et testé un outil permettant de mesurer les progrès des enfants de 2 à 6 ans et mon prototype a vraiment bien fonctionné avec mes élèves de petite section. Alors, quand je l’ai proposé aux éditeurs qui me publient déjà et que ce projet a été refusé parce que ce genre d’outil devait être conçu en équipe, convaincue de sa pertinence et de son utilité, j’ai décidé de le publier moi-même. Pour cela, avec un statut d’auto-entrepreneur, j’ai une enseigne qui me permet d’éditer. J’ai investi la somme qui me permettait d’imprimer en un petit nombre d’exemplaires, par rapport à de grosses maisons d’édition, j’ai trouvé un partenaire graphiste maquettiste qui a accepté d’être rémunéré en droit d’auteur pour la mise en page de mon prototype, et c’est parti ! Je diffuse, je distribue, je m’occupe de la communication.
Aujourd’hui, il y a deux titres au catalogue d’Arbre d’Icchä :
Mon album de réussite – tout ce que je sais faire en maternelle :
http://www.decitre.fr/livres/mon-album-de-reussite-9782953842227.html
Le guide de l’enseignant qui propose une réflexion sur l’évaluation et une construction d’outils en équipe pour une évaluation essentiellement formative.
http://www.decitre.fr/livres/mon-album-de-reussite-9782953842210.html
Pensez-vous pouvoir en vivre un jour à plein temps, en ferez-vous réellement votre seconde carrière ?
J’aimerais pouvoir éditer d’autres ouvrages pour la maternelle, autour de la gestion des émotions. En fonction de l’accueil réservé aux titres déjà édité, je pense que je pourrai en vivre un jour à temps plein, et si c’est le cas, en faire ma seconde carrière. Cependant, le contact avec le terrain et la formation des enseignants me nourrissent et me passionnent. Une seconde carrière ? oui… en gardant un pied dans les écoles et dans les classes, d’une manière ou d’une autre !
Que conseilleriez-vous à un étudiant qui souhaite s’orienter vers l’enseignement, quelles qualités faut-il pour ne pas souffrir dans ce métier parfois éprouvant ?
Il me semble qu’un étudiant qui souhaite s’orienter vers l’enseignement par passion a souvent une idée préconçue de la fonction d’enseignant et a surtout une motivation très personnelle qui le guide. Je pense que ce sont ces deux phénomènes qui créent de la souffrance, parce que beaucoup d’espoir, d’attente, de peur, et de déception.
Il est important à mon sens de prendre de la distance et de savoir, dès le départ, la véritable définition d’enseigner… enseigner englobe tous les métiers du monde ! De l’assistante sociale au déménageur en passant par le psychologue, le gendarme, le chef de projet, l’infirmier, le secrétaire, et j’en passe…
Ce métier est éprouvant parce qu’il associe le personnel et l’affectif au professionnel. Je trouve fondamental d’apprendre à gérer cette association incontournable et de réussir à faire parfois la part des choses.
De l’affectif ? Oui, mais sans se sentir personnellement touché.
Pour être heureux d’être enseignant, je propose de mettre ses propres passions au service de son enseignement, de focaliser son attention sur ses réussites, si petites soient-elles, et d’en être fier, d’accepter de ne pas être infaillible, d’accepter l’échec, d’être confiant sur le fait que si les résultats ne sont pas visibles immédiatement, des graines sont semées, vont germer, et qu’un jour, ça portera ses fruits.
Je propose d’avoir la certitude, même si nous sommes seuls face à notre classe, sans travail d’équipe, sans caution des parents, sans assez de temps… que chacune de nos actions est extrêmement importante dans notre cercle d’influence.
Être enseignant peut rendre heureux !
Pour en savoir plus :
Par Alexandra Mazzilli
Professeur des écoles remplaçant à temps plein, dessinateur au regard vif et acéré le reste du temps, il n’hésite pas à « croquer » les situations scolaires les plus cocasses et les plus incongrues… Il, c’est Jack Koch, de son vrai prénom Jacques… Parmi les enseignants, du premier degré mais aussi du second degré, on ne le présente plus… Il allie en effet deux activités qui le passionnent et qui permettent aux personnes qui sont abonnées à ses pages Facebook et/ou à son blog « Danger Ecole – Les dessins de Jack sur l’école » de partir à l’école le cœur un peu plus léger, avec l’impression d’être (enfin !) compris. Car Jack a l’immense gentillesse de partager ses dessins et de nous offrir chaque jour une bonne dose de sourires et de rires. D’ailleurs, l’artiste autorise la libre utilisation de ses dessins en classe et à l’école, y compris des affiches à usages pédagogiques comme les règles de vie en classe, à condition que soit mentionné l’url de son blog. Ainsi, Aide aux Profs vous offre ce mois-ci le portrait d’un prof connu et apprécié par une large majorité d’enseignants, d’un prof qui gagne à être encore plus connu et apprécié ! Et comme une surprise ne vient jamais seule, Jack a accepté de répondre à nos questions… Vous retrouverez son interview exclusive dans notre rubrique mensuelle « seconde carrière » du Café Pédagogique du mois de juillet… Nous fêterons ainsi dignement l’arrivée des vacances ! Faites tourner ! 😉
Nous le savons tous, le quotidien d’un enseignant est loin d’être rose… Entre les horaires que nous faisons (et non, et non, les profs ne sont pas tout le temps en vacances, et pendant les semaines où nous travaillons, notre charge de travail est énorme !), les réunionites, les préparations, les corrections, le remplissage des livrets d’évaluation, les rencontres avec les parents, les mésententes avec les parents, la quantité de dossiers à remplir exigée par nos supérieurs, les petites frictions avec nos collègues, la paperasse et le fouillis qui s’empilent sur nos bureaux, le stress des programmes à terminer, la gestion des gamins en difficulté, la gestion des gamins au comportement difficile… Il est évident, comme nous l’avons déjà montré à plusieurs reprises dans cette rubrique, que les facteurs qui mènent à l’usure, à la dépression, au burn out ou aux désirs de reconversion sont nombreux dans notre métier. Mais c’est avec délice et à propos que Jack Koch, lui-même enseignant, dessine les situations les plus hilarantes et les plus désopilantes que tout un chacun est amené à rencontrer plusieurs fois dans sa carrière de prof. Ses dessins sont drôles et bien souvent très proches d’une réalité parfois bien moins marrante… Car tout y passe : les mots d’enfants, les déboires des instits, les relations avec les parents, les petits soucis entre collègues, le regard des gens sur nos sacro-saintes vacances… Et Jack n’oublie pas de penser à la dure vie des enfants et conjoints d’enseignants qui eux aussi peuvent s’identifier dans certains dessins de l’artiste. Heureusement, et comme notre métier n’est pas constitué que de mauvais côtés, certains dessins de Jack sont également très touchants et insistent sur des situations plus douces, plus tendres… Comme lorsque nos chères petites têtes blondes apprenantes nous disent des mots d’amour ou nous font de beaux dessins… Vous pouvez d’ailleurs découvrir son dernier opus, le troisième album « Danger école » ici :
http://issuu.com/verger-editeur/docs/koch_danger_ecole_t[…]
La réussite de Jack vient précisément du fait que ses dessins sont universels et que chaque enseignant peut s’identifier au personnage « instit » mis en scène. Jack reste toujours très discret sur sa vie privée et ses élèves (et on le comprend car il a son devoir de réserve à respecter !), mais c’est véritablement notre quotidien qui est retracé… Et c’est de la justesse du ton et des situations que vient le rire… D’ailleurs, Jack le dit lui-même, les pires situations se vivent finalement mieux lorsque l’on s’aperçoit que plusieurs d’entre nous ont vécu les mêmes : « on fait un travail où on est assez isolé, chacun dans son école, chacun dans sa classe, et il y a finalement peu de partage.
http://www.vousnousils.fr/2012/01/02/jack-koch-grace-a-mo[…]
Mais ce que j’ai compris en faisant ce blog, c’est qu’on fait tous le même boulot, on a tous les mêmes gamins, les mêmes parents ! C’est réconfortant. Quand j’ai une anecdote, je me dis parfois : « ça n’intéresse personne, ça ne correspond qu’à moi ». Mais quand je la publie, et que cent personnes commentent en disant « ça m’arrive à moi aussi », ça devient moins grave, beaucoup plus supportable ». Notre métier dès lors est décrit très finement avec humour par un maître qui réussit ainsi à remettre les pendules à l’heure sur certains sujets… Car les dessins de Jack, c’est aussi une rébellion douce, une contestation non violente mais une résistance quand même, une résistance appropriée et intelligente pour dénoncer les dysfonctionnements d’un système qui décourage, agace ou frustre…
Au-delà de tout cela et du plaisir que nous avons à regarder et lire ses œuvres, son parcours démontre, et c’est ce qui nous intéresse ici aussi, qu’il est possible, tout en restant enseignant à temps complet, de développer une activité rémunératrice et autorisée, à côté de son emploi et en même temps, synonyme de plaisir et qui permet précisément de mieux vivre son métier. Une seconde carrière définitive dans la BD ne semble en effet pas à l’ordre du jour mais Jack passe de nombreuses heures à dessiner, est édité et vend ses albums, a créé de nombreux produits dérivés (vêtements, tasses, calendriers et agendas, etc.) qui sont également en vente sur son blog et c’est donc tout une entreprise qu’il lui faut gérer… Sans compter les rencontres avec son public par exemple dans les festivals de bandes dessinées, comme récemment à Strasbourg, le Strasbulles ou Festival européen de la Bande Dessinée de Starsbourg au début du mois de juin. Bref, Jack Koch, en plus d’être un super instit et un dessinateur talentueux, est un « homme d’affaires » et un « entrepreneur » en devenir, et nous lui souhaitons de continuer ainsi sur la voie de tous les succès et de sa notoriété grandissante car il le mérite bien.
Pour en savoir plus :
Le blog de Jack Koch « Danger Ecole » : http://dangerecole.blogspot.fr/
Les deux pages Facebook de Jack et celle des « Amis du blog Danger Ecole » :
https://www.facebook.com/jack.koch.568?fref=ts
https://www.facebook.com/jack.kochdeux?fref=ts
https://www.facebook.com/groups/10001029834/
Jack publie aussi ses dessins sur Twitter où vous pouvez également le suivre si vous avez un compte :
https://twitter.com/dangerecole
L’hommage à Jack rédigé dernièrement par une bloggeuse quimpéroise :
http://dequimperatelaviv.wordpress.com/2013/04/12/hommage-jac[…]
Une interview accordée en janvier par Jack à « vousnousils, l’e-mag de l’éducation » :
http://www.vousnousils.fr/2012/01/02/jack-koch-grace-a-mon-bl[…]
Nous le savons tous, le stress est l’un des facteurs principaux qui poussent les enseignants à la reconversion… Ce stress, cette proximité du burn-out, cet état latent d’épuisement professionnel et la peur qui va avec de s’enliser une quarantaine d’années dans un métier usant, fatiguant et mal reconnu atteint notamment les jeunes… Le métier n’attire plus et la formation telle qu’elle a été conçue ces dernières années ne les a pas encouragés à se lancer puisque les professeurs stagiaires étaient « jetés » dans des classes avec très peu de modules de formation et aucune formation pratique comme cela se faisait avant dans les IUFM (stages accompagnés, stages filés,…). Beaucoup d’enseignants qui veulent quitter l’enseignement sont de jeunes enseignants voire des enseignants stagiaires. Aide aux Profs vous dresse un état des lieux des raisons qui bloquent les jeunes à embrasser la carrière de prof et de ceux qui la fuient dès les premières années.
Lorsqu’on entend un témoignage tel que cet enregistrement anonyme d’une jeune prof stagiaire en collège, nous pouvons nous interroger sur les conditions d’entrée dans le métier des jeunes enseignants : http://www.dailymotion.com/video/xfvkif_quot-c-est-b[…]
L’accès à l’enseignement est particulièrement difficile puisque les concours d’entrée y sont très sélectifs et les connaissances et techniques à acquérir impressionnantes en quantité et en qualité, y compris pour le CRPE, le Concours de Recrutement des Professeurs des Écoles, qui se veut très technique dans de nombreuses disciplines. Le nombre de candidatures à ces concours ne cesse de chuter… Qui a envie de passer un bac + 5 pour ne gagner que 1500 à 1700 euros par mois en début de carrière ? Il faut bien reconnaître que ce métier, niveau financier, n’est pas véritablement attractif, le salaire est trop faible au regard des compétences demandées et du niveau de diplôme exigé. Cadre A, certes, mais cadres A trop peu payés… Puisque la différence de salaires avec les cadres A des autres administrations provient notamment des primes ou des 13e mois auxquels n’ont pas accès les enseignants. Y a-t-il une issue ? Nous pouvons en douter dans la mesure où l’Éducation Nationale, qui réfléchit à « offrir » une prime de fin d’année aux enseignants, ne pourra se permettre compte tenu du nombre d’enseignants, de leur donner plus de 90 euros par an, somme finalement assez dérisoire…
En ce qui concerne l’attractivité, elle vient également du manque de formation et de suivi des néo-profs (nous rappelons que le gouvernement Sarkozy avait décidé de supprimer l’année complète de formation des nouveaux enseignants)… Gageons que la création des ESPE ou Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education à compter de la rentrée 2013 sera à même de changer la donne, puisque seront rétablies certaines mesures de l’ancien système des IUFM d’accompagnement à l’entrée dans le métier. Il n’en reste pas moins que ces réformes et ces changements en très peu de temps restent déstabilisants pour tout un chacun qui s’intéresse de près ou de loin à l’enseignement et au fonctionnement de l’Éducation Nationale car c’est à y perdre son latin… Le contenu, les dates, les délais entre écrits et oraux ne cessent de changer et cela est assez anxiogène pour des étudiants qui cherchent à être diplômés pour avoir un accès plus aisé au monde du travail.
C’est donc à une véritable crise du recrutement que se confronte l’actuel Ministère de l’Éducation Nationale. Crise des vocations… Tout cela est bien résumé par un ancien inspecteur général, qui insiste sur les ravages de la réforme : « Elle a accru de façon dramatique la désaffection déjà installée. Hausser le diplôme requis au concours de bac+4 à bac+5 a mécaniquement réduit le vivier des candidats ». De plus, « avec un master, les jeunes ont des attentes plus élevées et beaucoup d’autres débouchés possibles », observe la sociologue Nathalie Mons.
En dehors de cette crise des vocations, ce qui apparaît plus inquiétant, c’est le nombre de jeunes enseignants qui frôlent le burn-out dès leur première année d’enseignement, dont les professeurs des écoles, qui sont confrontés à leur public des journées entières et qui ont davantage de disciplines et de séquences à préparer et qui sont donc très investis, et qui souhaitent se reconvertir très rapidement. Cela a été le cas par exemple de Gwendoline Perret, qu’Aide aux Profs vous avait fait découvrir en novembre, à la suite de la conférence que l’association avait organisée sur le thème des Enseignants entrepreneurs : pour elle, il était vital de quitter l’Éducation Nationale car elle ne rentrait pas dans le moule et ne concevait pas son métier d’enseignante à se débattre avec des classes surchargées, avec un administratif trop lourd, avec des projets dans lesquels les parents ne s’investissent pas…
Aussi a-t-elle démissionné dès les premières années de sa carrière pour monter son entreprise, une agence de communication et de création de voyages et d’événements (http://www.sensationnelle.net/). Beaucoup de jeunes enseignants néanmoins ne sont pas aussi entreprenants ni aussi audacieux que Gwendoline : beaucoup contactent Aide aux Profs et cherchent une voie de sortie mais beaucoup aussi s’enlisent dans le mal-être sans parvenir à trouver la confiance en eux qui leur permettra de tout changer.
Les solutions que pourraient envisager l’Éducation Nationale, outre la revalorisation de la fonction, du statut et du salaire ainsi qu’une réflexion accrue sur les modules de formation, serait de se pencher sur le dossier des secondes carrières et de permettre à tous ces jeunes – et aux moins jeunes également en souffrance au sein de l’Éducation Nationale – d’accéder plus facilement à d’autres concours ou d’autoriser leurs mobilités en cours d’année. Comme ce ministère n’en prend actuellement pas le chemin, il semblerait que l’association Aide aux Profs et la rubrique « seconde carrière » du Café Pédagogique aient encore de beaux jours devant elles… Faut-il s’en réjouir ? Rien n’est moins sûr.
Pour en savoir plus :
Gwendoline Perret sur Aide aux Profs :
http://www.aideauxprofs.org/index.asp?affiche=News_displ[…]
Quelques articles qui traitent du même sujet :
Article de l’Express du 12 décembre 2012 :
http://www.lexpress.fr/education/un-prof-sur-dix-en-etat-[…]
Article de Nice Matin du 12 novembre 2012 :
http://www.nicematin.com/derniere-minute/professeur-un-me[…]
Article du site Politis.fr du 16 juillet 2012 :
http://www.politis.fr/La-crise-des-vocations-perdure,19035.html
Article du Nouvel Obs du 17 juillet 2012 :
http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20120717.OBS7418/pro[…]
Sur le site du Café
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