Par Cyril Froidure
OIT, FAO, CNUCED, Banque Mondiale, OMS, FNUAP. Point commun avec toutes ces organisations en cet automne 2008: la publication d’un rapport.
Quel es l’intérêt de ces publications? D’abord de faire un point d’étape sur une question ou le bilan d’une année écoulée, ensuite de fournir une masse de données statistiques que tout un chacun aurait certainement du mal à trouver ou mettrait du temps à dénicher, d’élaborer des documents graphiques qui, du point des enseignants que nous sommes, peuvent permettre d’alimenter notre réflexion et nos cours, de venir suppléer nos manuels qui par définition, proposent des documents limités en quantité et en qualité, et défaut inévitable, non actualisé.
Pour toutes ces raisons, les rapports produits par la sphère onusienne sont bien utiles mais sans être considérés comme une source infaillible et unique d’informations.
Nous vous proposons ce mois-ci un compte-rendu du rapport de la FAO (Food agricultural Organization) ainsi que les liens vers les autres documents publiés depuis septembre.
Pourquoi avoir choisi ce texte-ci? Pour au moins deux raisons:
*Il aborde le problème des biocarburants et en ces temps de post-Grenelle de l’environnement, d’inquiétudes climatiques, de prix du pétrole jouant à l’accordéon, de hausse des prix des matières agricoles, décideurs, producteurs comme quidam se posent la question du bien-fondé de ce choix générant des discours contradictoires.
*Nourrir les Hommes est l’une des questions au programme du Capes d’histoire-géographie et le rapport envisage la question du rapport entre développement des agrocarburants et la sécurité alimentaire.
Rapport de la FAO sur la situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture. Les biocarburants : perspectives, risques et opportunités.
Ce rapport en deux parties laisse un très grande place à la question des biocarburants étudiées sous tous les angles. La seconde partie fait un tour d’horizon de la situation actuelle avec force chiffres, graphiques et cartes. Les auteurs y abordent la hausse des coûts, la baisse des volumes de l’aide alimentaire, l’augmentation des coûts de production.
Revenons aux biocarburants. Un rappel de l’actualité de la hausse des prix agricoles est réalisée, attribuée pour partie aux biocarburants. D’où la mise en débat de ceux-ci au regard de leur capacité à répondre aux défis énergétiques. Lors d’une conférence de haut niveau à Rome, siège de la FAO, fut décidé d’évaluer la question des biocarburants. Depuis quelques mois, le remplacement des carburants fossiles par les biocarburants est remis en cause alors que l’on prévoit des conséquences non-négligeables sur l’agriculture et la sécurité alimentaire telle que la croissance de la demande de certains produits provoquant une augmentation des prix. De plus, leur impact sur les émissions des GES n’est pas uniforme, voire parfois négatif selon les biocarburants, leur mode de production, leur utilisation.
Néanmoins d’autres causes sont à convoquer quant à l’augmentation des prix actuelle : faiblesses des rendements agricoles du fait d’aléas climatiques, le niveau bas des stocks de céréales, la croissance démographique et urbaine, les modifications dans la structure de la demande.
Une première partie revient sur les relations pluriséculaires entre énergie et agriculture. Aujourd’hui les biocarburants représentent 1,9% du total des bioénergies, biomasse et déchets, 10% de la demande mondiale en énergie. Malgré une croissance récente de la demande en biocarburants liquides, on estime que leur part pour les transports ne dépassera pas 3,5% en 2030. Principalement produit dans les pays de l’OCDE et au Brésil, ces biocarburants profitent de politiques de soutien pour des énergies considérées comme moyen de lutte contre pollution et réchauffement climatique or, de plus en plus, les observateur n’acceptent plus sans discuter l’idée que les biocarburants sont des énergies durables et respectueuses de l’environnement, pointant pour certains leur bilan énergétique négatif.
La seconde partie fait un point technique sur le sujet. Quels types de biocarburants ? Quelles méthodes de fabrication ? Quelles formes ?
Les biocarburants liquides produits forment un faible volume mais la croissance de la production est forte pour l’éthanol et le biodiesel. Sécurité énergétique assurée et lutte contre les changements climatiques étaient et sont encore les raisons avancées pour soutenir leur production. Toutefois, leur impact est loin d’être uniforme et positif. Ainsi la conversion des terres de la sylviculture à la production de matières premières énergétiques peut se révéler néfaste en termes d’émissions de GES.
Une autre opportunité réside dans le développement de biocarburants de 2ème génération utilisant l’une des matières les plus répandues sur terre : la cellulose. Parmi les atouts de ces productions, la conversion quasi-totale de la production en carburants, l’utilisation de terres marginales, un potentiel de baisse des GES élevé. Il n’en reste pas moins qu’à court terme, il ne faut pas s’attendre à ce que les biocarburants occupent une place conséquente dans la consommation totale d’énergie.
Enjeux économiques et politiques sont centraux lorsque l’on parle des biocarburants. Dans la mesure où le marché de l’énergie est plus important que celui de l’agriculture, les prix de la première orienteront les prix agricoles. La demande en biocarburants va, en outre, concurrencer la production d’autres cultures agricoles même lorsque les biocarburants sont ou seront réalisés à partir de cultures non-alimentaires. Néanmoins à ce jour et à court terme, mis à part l’éthanol brésilien, aucun biocarburant n’est en mesure de concurrencer en termes de prix les combustibles fossiles. Alors comment expliquer la croissance de leur production ?
Toute une série de politiques de soutien ont été imaginées : obligation d’insérer dans les carburants classiques une dose toujours plus élevée de biocarburants, existence de subventions et d’avantages fiscaux. Cet important soutien est justifié par chaque état par la nécessité d’aider le secteur agricole, la volonté d’assurer sa sécurité énergétique, la prévention ou la lutte contre les aléas climatiques.
Face à quel marché sommes-nous ? Le marché des biocarburants est dans une dynamique positive dans le sens où la demande s’accroît expliquant pour partie la hausse des prix agricoles et il n’est pas prévu de retournement de conjoncture à court terme. Ce marché est tenu par un petit nombre de pays déjà cités même si d’autres états s’éveillent à la production de carburants verts (Indonésie, Malaisie) et si le potentiel d’extension des cultures se concentrent en Amérique latine et en Afrique subsaharienne.
Mais les règles du marché sont faussées par les politiques de soutien des états de l’OCDE et les discriminations vis-à-vis des pays en voie de développement, soulignant le besoin de règles pour réguler l’activité.
L’impact environnemental reste encore considéré par beaucoup et notamment par le grand public comme évidemment positif. Au niveau des spécialistes, s’est opéré un retournement d’opinion, postulant une influence plus nuancée sur celui-ci, principalement sur l’efficacité en termes de réduction des GES. Avant tout le rapport de la FAO insiste sur l’obligation de réaliser des analyses plus cohérentes concernant les effets des biocarburants sur l’environnement, études intégrant l’intégralité de leur cycle de vie. Des conséquences néfastes sont déjà identifiées comme possibles voire probables : celles liées à l’intensification de l’utilisation des sols, celles concernant la ressources en eau limitée pour la production de matières destinées à la production de carburants et donc d’autant plus pour la production agricole en général.
Le développement de ces productions peut-elle influer sur l’état de la pauvreté dans le monde ? Sur la sécurité alimentaire ?
Les auteurs notent l’évident retentissement d’une hausse des prix agricoles sur les pays importateurs nets d’aliments de base, distinguant par ailleurs des conséquences négatives à court terme sur la sécurité alimentaire des ménages les plus pauvres et des conséquences positives à long terme telles que la stimulation du développement rural. C’est ainsi que sont cités les possibles gains de revenus pour les agriculteurs se lançant dans les pays en voie de développement sur ce créneau des agrocarburants mais il faudra sans doute pour cela un coup de pouce politique, notamment aux petits paysans.
Faisant suite à ce long focus (une centaine de pages) sur les biocarburants, un « tour d’horizon de la situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture » fait un état des lieux plus général, développant les constats de hausse des prix, de baisse simultanée des volumes d’aide alimentaire et d’augmentation des coûts de productions, le tout accouchant d’une situation tendue sur le marché des produits de base alimentaire.
Voilà un document de travail pour les enseignants du secondaire fort utile. On pense en premier lieu aux professeurs de Seconde qui lorsqu’ils aborderont le thème « Nourrir les Hommes » trouveront du grain à moudre dans ce rapport tant en termes d’informations brutes que de documents à exploiter avec leurs élèves.
Le rapport de l’OIT (organisation internationale du travail): « Les inégalités de revenus à l’épreuve de la mondialisation financière.
Il insiste principalement sur l’augmentation des écarts de revenus dans le monde, prédisant une poursuite de cette dynamique à la suite de la crise financière.
http://www.ilo.org/global/About_the_ILO/Media_and_public_information/Pres[…]
Le rapport annuel du FNUAP (Fonds des Nations Unies pour la population), organisme qui avec l’ONU s’est donné pour mission d’ « édifier un monde où chacun ait la possibilité et les moyens de s’accomplir aussi bien qu’il ou elle peut et entend le faire ». Le rapport revient sur l’année 2007 consacrée à améliorer la santé maternelle et néo-natale.
http://www.unfpa.org/publications/index.cfm?filterPub_Type=2
Le rapport de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) s’intitule « les soins de santé primaires : maintenant plus que jamais » met l’accent sur les inégalités dans l’accès aux soins de base, le manque d’efficacité des systèmes de santé.
http://www.who.int/whr/2008/fr/index.html
Le rapport annuel de la Banque Mondiale est lui consacré pour sa première partie à « une mondialisation durable et solidaire ».
Petit détail en introduction à ce rapport les rémunérations des agents de la Banque y compris celles des principaux dirigeants. Pour information, Robert Zoelllick a reçu un traitement annuel net de 432 903 dollars. Les montants sont non imposables pour les citoyens non-américains et pour les Américains comme Zoellick, le montant de leurs impôts est compensé par une indemnité.
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/EXTABTUSFREN[…]