« C’est peut-être la plus grande déception des systèmes éducatifs européens. Nombre d’entre eux font des déclarations ambitieuses sur l’équité dans l’éducation. Mais l’étude PISA révèle que l’origine sociale joue un rôle plus fort dans les résultats scolaires en Allemagne, en France et en Italie qu’aux Etats-Unis. » Dans une étude publiée par le « Lisbon Council », Andreas Schleicher, directeur des études éducatives de l’OCDE et responsable du programme international PISA, exhibe le retard français. Il le fait d’autant plus volontiers qu’il accuse le gouvernement français de cacher les résultats de PISA sur les inégalités sociales entre établissements.
Pourquoi ce déballage ? A. Schleicher ne croit pas en « l’inflation scolaire ». Pour lui, « les économies les plus compétitives seront celles qui produiront le plus d’information et de connaissances… On pourrait penser qu’avec un tel développement de l’éducation il y aurait une baisse de la valeur des diplômes. A l’évidence c’est le contraire. A l’exception de l’Espagne, les revenus et les autres variables qui nous informent sur la valeur sur le marché du travail de l’éducation ont augmenté plus vite que l’offre depuis 1998. La demande de personnel qualifié augmente plus vite que la fourniture par nos universités ». A l’appui de sa thèse des statistiques sur les salaires en fonction des diplômes. La France est justement un des pays où les écarts salariaux sont les plus forts entre travailleurs de niveau secondaire et diplômés du supérieur.
Autre argument : il met en évidence l’insuffisance des investissements dans l’éducation en Europe et particulièrement en France. Ainsi il y a proportionnellement deux fois plus d’étudiants dans les pays nordiques qu’en France. Sur 30 pays de l’Ocde, 15 ont un taux de diplômés du supérieur plus élevé que le taux français. C’est le cas par exemple des Etats-Unis, du Japon, de la Corée du sud, du Royaume-Uni ou de l’Irlande.
A. Schleicher préconise globalement pour l’Europe de plus gros investissements dans l’éducation. Il montre que l’Europe dépense moins que les Etats-Unis et le Japon à tous les niveaux de l’éducation, du primaire au supérieur.
Cette étude prend à contre pied des travaux récents. Elle contredit à la thèse de F. Dubet et M. Duru-Bellat sur « l’inflation scolaire ». Réalisée par un organisme reconnu internationalement, elle interroge également les gouvernements français et allemands accusés, non seulement de promouvoir des systèmes éducatifs particulièrement injustes du fait de la sélection précoce (l’apprentissage à 14 ans) mais aussi de brader l’avenir.
Etude (en pdf)
Rappel : la thèse de F. Dubet et M. Duru-Bellat
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