Par Marcel Brun
Les points d’achoppement entre parents et enseignants ne manquent pas et c’est eux que le GFEN avait décidé d’adresser pour ses Rencontres annuelles. Le premier malentendu concerne les devoirs, comme le montre Patrick Rayou. Des exemples concrets de dialogue avec les parents, à l’occasion des réunions de parents ou au quotidien ont aussi été présentés.
Comme à son habitude, le GFEN pose de bonnes questions. Celles des relations entre parents et école, au menu de ces cinquièmes Rencontres Nationales, pourrait s’apparenter à un serpent de mer ou à un marronnier.
Caricaturons : d’un côté, des enseignants qui ont l’impression d’être bien seuls face à des normes éducatives de plus en plus flottantes, de l’autre des parents qui suspectent les enseignants de vouloir faire leur éducation. Plus savamment dit, une norme scolaire centrée sur la transmission de la culture et des savoirs, face à une société qui élève un Veau d’Or à la consommation et à l’individu. La tentation du « chacun chez soi » pourrait donc être grande, pour ne plus se prendre la tête avec les conflits de norme : « stop aux devoirs à la maison qui transforment la cuisine en enfer » protestent les uns, « qu’on nous laisse enseigner en paix » sont tentés de répondre les autres, harassés du sentiment de ne plus pouvoir faire leur travail.
Convoqués comme experts dans le débat, les universitaires sont-ils légitimes ? Voilà qu’ils refusent les clivages trop simplistes : non, les parents les plus pauvres ne se désintéressent pas de la scolarité, ils ne savent juste pas comment faire, ne comprennent pas toujours ce qu’on attend d’eux, et se résignent à l’impuissance des fatalités lorsque ça devient difficile. Oui, les « devoirs » sont nécessaires aux apprentissages, le tout est d’en faire un objet de pensée pour savoir ce qu’on peut donner à faire, où on doit apprendre à le faire, et ce qui est légitime d’attendre à chaque âge, en fonction des savoirs qu’on veut transmettre. Bon, le problème, avec les universitaires honnêtes, c’et qu’ils ne désignent pas d’emblée les coupables, d’un camp ou de l’autre…
C’est de la salle, en pleinière, qu’une voix anonyme change de grille d’analyse : « mais vous ne voyez pas que certains ont intérêt à la perpétuation des ces antagonismes, de ces exclusions, de ces inégalités ? ». Sans doute pressée de reprendre la Bastille, elle définit une autre « lutte des classes », renvoyant parents et enseignants des classes moyennes à leurs responsabilités. La salle, composée d’enseignants engagés, mais aussi de travailleurs sociaux, d’étudiants ou de salariés des collectivités territoriales, opine : quand les inégalités sociales sont si flagrantes, l’Ecole peut-elle suffire ?
Pourtant, tous les ateliers proposés donnent des exemples de projets, de démarches, d’expériences qui tentent de soulever les montagnes, avec toujours la même conclusion : c’est parce que je te présume capable que tu le deviens… Peut-on, au-delà des anathèmes, appliquer la maxime aux enseignants ? « Faut-il encore qu’on leur en donne les moyens », avec les postes et la formation, demandent les syndicats. « Faut-il aussi qu’ils osent en faire un défi collectif » a aussi répondu le président du GFEN, et que la Nation « se ressoude autour de l’Education-promesse d’avenir »…
Bon, c’est en marche, non ?
Comment ça, « pas sûr » ?…
Ah ce que vous pouvez être négatif…
Dossier : Les 5èmes Rencontres du GFEN