Sommaire :
projets SVT au forum des Enseignants Innovants de Bordeaux
1) Travailler le respect et la motivation en SVT
2) Des 3èmes agissent pour l’environnement
3) La Science-fiction comme outil pédagogique
4) E-mobilisation sur Twitter – Travail sur les maladies génétiques en 3ème
Voici les projets expliqués par les enseignants concernés :
1) Travailler le respect et la motivation en SVT
Comment promouvoir le bien-être et le bien vivre ensemble en enseignant les SVT ? Avec le projet « Respect de soi, Respect des autres », Catherine Hupin, professeure au collège Aliénor d’Aquitaine de Salles (33), a réussi à accentuer la motivation et la solidarité de ses classes. Rencontre avec cette enseignante de SVT au Forum des Enseignants Innovants de Bordeaux.
Comment s’est mis en place le projet ?
Nous sommes une discipline où il est facile de faire du lien et surtout où les profs sont sensibilisés à la nécessité de bien être. Nous sommes souvent impliqués dans le CESC comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté. Ainsi, c’est en essayant de programmer sur les 4 ans du collège, avec l’infirmière et ma collègue, une démarche cohérente concernant l’éducation à la sexualité qu’il nous est apparu important de travailler sur l’estime de soi et son importance pour s’ouvrir aux autres en 6ème.
Ensuite en 5ème, on traite de la puberté, en 4ème des premiers rapports sexuels et de la contraception pour revenir en 3ème sur le vivre ensemble à travers les relations filles-garçons. C’est à ce moment là que j’ai eu l’opportunité de suivre une formation sur le développement des compétences psychosociales des jeunes (compétences pour bien vivre ensemble) animée par l’Instance Régionale d’Education et de Promotion de la Santé d’Aquitaine. Ce fut pour moi comme une prise de conscience. Pour faire réussir les élèves, le bien être et le plaisir sont des éléments primordiaux.
Quelles aptitudes sont nécessaires pour vivre sereinement avec les autres ?
D’autre part, l’éducation pour la santé fait partie de nos programmes et souvent de nos centres d’intérêt (d’où l’investissement dans le CESC des profs de SVT) : c’est dans ce cadre là que des actions peuvent être menées pour amener les jeunes à réfléchir à ce qui est bon pour eux, à ce qui peut les pousser à adopter un comportement favorable ou non (notamment dans leurs échanges avec les autres). Des débats, des jeux de rôles peuvent leur permettre de développer leurs aptitudes à communiquer efficacement avec les autres, être habiles dans leurs relations interpersonnelles en développant l’argumentation, leur empathie, leur créativité et leur esprit critique. Toutes ces aptitudes sont nécessaires pour vivre sereinement avec les autres.
Quel lien avec les SVT ?
A cela s’ajoute aussi le fait qu’en SVT, les travaux moins classiques que l’étude de documents papiers, sont dans notre culture. Nous travaillons facilement en groupe (lors de tâches complexes, de dissections, de sortie sur le terrain, de modélisation, de manipulations…) avec la nécessité d’établir des règles de fonctionnement du groupe. Le respect et la prise en compte de tous les membres du groupe est essentiel pour l’efficacité du travail. De plus, ces travaux développent la communication et l’entraide. Je crois que nous avons peut- être moins peur que d’autres d’expérimenter des façons d’enseigner nouvelles, différentes voire décalées de part notre culture. C’est ainsi que je propose à mes élèves de modéliser la circulation sanguine et les échanges avec les organes sous forme de jeu de rôle dans mes couloirs du collège avec des ballons bleus et rouges à s’échanger. Le tout est filmé puis les élèves écrivent et enregistrent un texte explicatif sur la vidéo tournée. Ce travail collectif est une vraie source de plaisir et de motivation d’autant plus qu’ils adorent se voir en vidéo !
Quel projet pour l’avenir ?
Pour l’an prochain, j’envisage de travailler à donner plus d’autonomie à mes élèves en travaillant avec des plans de travail et du tutorat (type pédagogique Freinet…). Je suis très inspirée par le livre de Sylvain Connac sur les pédagogies coopératives. Mon projet va bien au-delà des SVT : notamment en vie de classe et à l’aide d’une heure consacrée à un projet autour du vivre ensemble. De plus, moi seule à agir, ça ne suffit pas donc j’ai trouvé des financements pour proposer la formation que j’ai reçue à mes collègues du Réseau de Réussite Scolaire (mon collège et 18 écoles). Je tente de mettre en place de nouvelles actions à l’échelle du collège avec ma CPE (rentrée scolaire autrement, club de jeux coopératif…).
Propos recueillis par Julien Cabioch
Le site internet de Catherine Hupin
Instance Régionale d’Education et de Promotion de la Santé d’Aquitaine
Les projets du forum de Bordeaux
2) Des 3èmes agissent pour l’environnement
Revisiter le programme de SVT en 3ème, impliquer les collégiens à la reconnaissance et au développement de la biodiversité locale, le tout en partenariat avec des associations spécialisées. Vaste chantier mené par David Guilloteau au collège Saint Joseph de Nozay (44). Décryptage du projet présenté au forum des enseignants innovants de Bordeaux.
David Guilloteau
Enseignant en SVT
Collège St-Joseph de Nozay (44)
Voilà un projet d’ampleur de par sa durée et ses classes concernées, comment s’organise votre travail ?
Par groupe de 2 à 4, ils construisent une problématique qui les intéresse, qu’ils doivent résoudre par une action concrète sur l’environnement local (exemple : construction d’hôtels à insectes, de mangeoires à oiseaux, de nichoirs, plantations de parterres de plantes mellifères, participation à une campagne d’arrachage de plantes nuisibles telles que la jussie).
Ils bénéficient de 6 séances d’une heure trente pour mener à bien leur projet, le planifier, l’organiser ainsi que l’aide de partenaires extérieures, à savoir 4 associations environnementales (les Amis de Gruellau, la LPO44, le Musée Benoist Maison de la Forêt, le CPIE Val de Vilaine) qui leur fait part, à travers des sorties de terrain, de leur expertise naturaliste. Des collectivités territoriales (mairie de Nozay, Communauté de Communes de la Région de Nozay) ont aussi participé à ce projet, notamment le Conseil Général de Loire-Atlantique, qui subventionne le projet dans le cadre de sa politique d’Education au Développement Durable. En cours de réalisation, les élèves présentent leur projet et transmettent leur savoir acquis sur le thème de la biodiversité à des élèves de CM de deux écoles environnantes, lors d’une sortie autour du collège qu’ils organisent et animent.
A terme (fin juin), les élèves de 3ème exposent leur projet par une affiche à proximité de leur action concrète et une présentation à un public de parents et d’associations partenaires, sur ce que j’appelle un « parcours biodiversité », disséminé dans la cour du collège.
Installation d’hôtels à insectes par les primaires de l’école Notre-Dame du Sacré-Coeur à Treffieux (44), encadrés par des élèves de 3ème du collège St-Joseph de Nozay (44).
Quels sont les aspects motivants pour les élèves ?
L’action donne du sens à mon enseignement de SVT en apportant un aspect naturaliste dans ma pratique pédagogique en 3e. Chez les élèves, elle développe une rigueur dans la démarche, une autonomie, une liberté d’action et leur permet d’être confrontés, dès le collège, à des méthodes de travail retrouvées dans les TPE et les TIPE des classes de lycées et de classes préparatoires.
Ce projet prend tout son sens dans la formation des jeunes en fin de collège en leur permettant de s’initier à la démarche de projet, d’agir et de comprendre les enjeux environnementaux pour un futur citoyen et de marquer leur présence des quatre années au collège, par une action concrète de leur part.
Vous n’avez pas hésité à bousculer votre progression en SVT 3ème. Quelles étaient vos priorités dans vos choix pédagogiques ?
Je suis parti du constat qu’en fin de troisième, je trouve les élèves « consommateurs » du savoir qu’on leur distille. Ils manquent d’autonomie dans leurs apprentissages et de regard critique sur le savoir enseigné. Par ailleurs, je trouve dommage qu’en fin de troisième, les élèves aient un faible niveau naturaliste, alors même qu’ils habitent dans une région rurale, côtoyant plusieurs espèces végétales et animales d’une grande richesse autour d’eux. Et, de plus, ils peuvent connaître l’appareil respiratoire d’un « poisson », sans être capable de faire la différence entre une carpe et un gardon !
D’un autre côté, je veux que les élèves comprennent que les sources de savoir sont multiples aujourd’hui. Et, au-delà du savoir diffus que l’on peut trouver sur Internet, il est important qu’ils sachent faire appel à des partenaires experts dans leur domaine pour trouver une réponse à une problématique formulée : associations, collectivités territoriales, professionnels.
Enfin, je souhaite que les élèves connaissent mieux le territoire dans lequel ils grandissent et sachent qui gèrent ces espaces naturels sensibles du Nord de la Loire-Atlantique : étang de Clégreuc, étangs de Gruellau, ancienne mine d’Abbaretz, forêt du Gâvre, marais de Mazerolles.
Revisiter le programme de SVT en 3ème
C’est pourquoi, je me suis lancé dans une réécriture du programme de SVT de 3ème autour du mot « biodiversité » et de ce projet :
– toute la génétique est abordée dans l’objectif de comprendre les mécanismes qui expliquent la biodiversité actuelle : caractères, chromosomes, gènes, allèles, ADN, variabilité génétique, brassage, hasard, environnement.
– la partie « immunologie » est vue comme un exemple de biodiversité à l’échelle microscopique et comme l’interaction entre cette biodiversité microbienne et l’humain ;
– la partie « évolution » montre comment la biodiversité a changé au cours des temps géologiques et les mécanismes qui expliquent encore aujourd’hui son évolution ;
– la partie « Responsabilité humaine en matière de santé et d’environnement » est centrée sur la biodiversité et l’action de l’Homme.
Quels conseils donneriez-vous à des enseignants en SVT qui souhaiteraient mobiliser ainsi leurs 3èmes ? Des écueils à éviter ?
Le conseil principal : lancez-vous ! C’est une grande richesse que de voir les élèves proposer des problématiques aussi diverses, de les voir se confronter à des difficultés d’organisation (faire des devis, contacter des professionnels, planifier des rencontres avec des primaires, se rendre compte que la problématique de départ est mal formulée) et trouver les solutions pour les résoudre. Une majorité d’élèves a apprécié ce projet car il leur a permis d’être plus autonomes, de vivre la démarche de projet de A à Z, de construire une action concrète.
Les deux difficultés que j’ai rencontrées sont :
– d’abord celle de consommer beaucoup de temps personnel pour planifier toutes les rencontres en amont avec les associations partenaires et caler les sorties sans perturber les emplois du temps des collègues (d’autant plus que les élèves ne proposant pas les mêmes problématiques, ils ne faisaient pas les mêmes sorties, au même moment)
– ensuite la frustration de ne pas avoir pu accompagner tous les élèves sur leur lieu de sortie (puisque je pouvais avoir cours avec une autre classe en même temps) : il est donc essentiel de déléguer aux associations partenaires
En conclusion, il est important de tisser un bon partenariat avec les associations partenaires et aussi et surtout avec les collègues et la direction de l’établissement qui doivent être partie prenante de ce projet.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Les projets du forum de Bordeaux
http://www.forum-bordeaux2014.net/projets.php
3) La Science-fiction comme outil pédagogique
Pierre Cassar
Collège Paul d’Aubarède et Lycée Hippolyte Fontaine, Saint-Genis-Laval
La science-fiction imprègne notre société. Le film «Avatar» : 15 447 918 d’entrées en France !! Plus d’un quart des Français ont vu ce film ! Et si on pouvait utiliser la science-fiction pour construire des savoirs en classe? Ayerdhal (auteur Français de science-fiction) dit que la science-fiction « est un puissant outil pédagogique, toute science confondue, et un formidable véhicule idéologique. » Au-delà de cette interprétation (complétée d’un socle théorique riche), on peut retenir que la science-fiction est capable de transmettre de véritables connaissances. L’idée est venue de tester les possibilités de cet outil «science-fiction» pour questionner le réel en Sciences et y apporter des réponses, permettre aux élèves d’en mesurer les limites en créant eux-mêmes des fictions scientifiques, construire des savoirs et savoir-faire en Histoire, Sciences et Français.
Les premiers résultats montrent que l’outil est capable de pousser des élèves au questionnement scientifique et leur permet d’investir de manière créative des savoirs et savoir-faire. L’action s’avère stimulante pour l’enseignant. Elle construit pour l’élève des compétences pluridisciplinaires.
4) E-mobilisation sur Twitter – Travail sur les maladies génétiques en 3ème
56 élèves présentent des maladies génétiques à travers 28 comptes Twitter. Par binôme, les collégiens de 3e communiquent au plus grand nombre les origines des maladies génétiques et les avancées de la recherche. Grâce à Twitter, les élèves échangent pendant deux mois avec des spécialistes, des associations et des médias à ce propos.
La forte implication des élèves dans le projet naît de leur responsabilité éditoriale sur Twitter : écrire et être lu. Les 3e ont pu effectuer en ligne de véritables échanges, scientifiques d’une part et cordiaux d’autre part. La sensation de se mobiliser pour une noble cause est porteuse à cet âge. Les collégiens ont découvert l’ensemble des fonctionnalités du réseau social Twitter, réseau social au service ici des cours de SVT et d’une cause nationale.
Les élèves ont mesuré l’influence de leurs propos tenus sur la toile : les comptes Twitter ayant du contenu fiable, bien écrit et répondant à diverses sollicitations avaient davantage d’abonnés. Ils ont cherché à optimiser leurs publications selon les heures de la journée et selon le support de l’information (vidéo, schéma, interview, sons…). Une entraide entre les groupes s’est naturellement mise en place notamment par des élèves habituellement en retrait.
À noter que ces classes ont décidé de réaliser un flashmob dans le collège pour une visibilité maximale sur Youtube le week-end du Téléthon Je remarque enfin une meilleure maîtrise du cours de génétique après 2 mois de travaux via l’évaluation sommative de fin de thème et par les échanges plus nombreux entre les élèves et le professeur. Une enquête réalisée auprès des élèves via le professeur de technologie a permis de relever les principaux points motivants : – travailler avec un réseau social au collège, être responsable face à un projet, participer à une cause nationale, être reconnu par les médias locaux.
Plus d’informations sur le site internet de Julien Cabioch
http://www.vivelessvt.com