Le niveau des écoliers et collégiens français en maths et en sciences a t-il encore décliné ou s’est -il redressé ? A 10 heures nous dévoilerons les principaux enseignements de l’enquête internationale TIMSS qui évalue les élèves de CM1 et de 4ème dans ces disciplines. Pour la France l’enjeu est de taille après une chute retentissante de niveau lors de l’édition précédente de TIMSS en 2015. Va t-on remonter à la surface ou continuer à couler ? Retrouvez à 10 heures sur le site du Café pédagogique un dossier complet d’analyse de TIMSS 2019.
8000 élèves testés
L’enquête internationale TIMSS évalue tous les 4 ans le niveau en maths et sciences d’un nombre important de pays : 58 pour le CM1 (plus un certain nombre de régions) et 39 en 4ème. Les épreuves ont été passées en 2019 par près de 4000 écoliers et collégiens dans 150 à 200 écoles et établissements. L’enquête croise les résultats avec de nombreuses informations sur l’environnement de l’élève : son origine sociale, l’équipement culturel de la famille, l’ancienneté et la formation des enseignants, la composition sociale des établissements, la langue parlée à la maison etc. Autant de données qui ouvrent des fenêtres sur des exploitations possibles des résultats.
La catastrophe de 2015
En 2015, c’était la catastrophe. La France avait des résultats désastreux. En fin de CM1, le score des jeunes français était de 488 en maths et 487 en sciences. La France se situait nettement en dessous de la moyenne des 49 pays participants qui était de 500 points et en dessous de la moyenne européenne qui était de 527 points en maths et 525 en sciences. NOus étions aussi en dessous de la moyenne de l’Ocde : 528 et 527. Seulement 23% des élèves français avaient un bon niveau en maths contre 48% des européens et 42% de tous les participants. En sciences c’était respectivement 22, 45 et 46%. Avec ces résultats la France se retrouvait 22ème sur 22 en Europe : au dernier rang au fond de la classe.
La faute à Fillon ?
En commentant ces résultats exécrables, N Vallaud-Belkacem avait mis en cause le gouvernement Fillon. « Ces élèves de CM1 sont entrés en CP en 2011 », disait-elle dit. « C’est la génération sacrifiée qui paye au prix fort les choix politiques du gouvernement Fillon. Ils ont suivi leur scolarité avec les programmes de 2008 dont l’Inspection générale a souligné les faiblesses. Ils ont connu les suppressions de postes et une formation réduite à peau de chagrin. Ces élèves payent le prix de cette politique. Ils le paieront à l’avenir si la même politique est appliquée ». Et déjà il était question d’une « stratégie mathématique » pour répondre aux difficultés des élèves : nouveaux programmes, nouvelles ressources pour les enseignants, développement des Maisons pour les sciences avec La Main à la pâte.
Rechute en 2019 avec Cèdre
Où en est-on aujourd’hui ? On le saura à 10h ce 8 décembre. Mais on peut rappeler une autre évaluation très récente : l’enquête Cèdre réalisée par la Depp. Les résultats ont été publiés le 1er octobre dernier pour les élèves de CM2 et de 3ème. Et ils sont très mauvais.
En Cm2 le score moyen des élèves qui était resté stable de 2008 à 2014 connait une chute en 2019 passant de 249 à 232 points. 9% des élèves ont un niveau très faible : ils n’étaient que 4% en 2014. Inversement on ne compte plus que 6% de très bons contre 10% en 2014 et 15% de bons contre 19% en 2014. Il y a un net glissement des élèves dans le mauvais sens. Au total 54% des élèves ont un niveau jugé insuffisant contre 42% en 2014.
Au collège, la chute est réelle mais un peu moins forte. Le nombre des élèves très faibles passe de 4 à 6% et les faibles de 16 à 18%. Inversement les élèves très forts passent de 9 à 8% et les forts de 15 à 14%. Si la perte de niveau est moins accentuée au collège qu’à l’école c’est parce qu’elle a été régulière depuis 2008. Le score moyen est passé de 250 en 2008 à 243 en 2014 et 237 en 2019.
Des explications ?
Comment expliquer ces très mauvais résultats ? On pense bien sur aux programmes. Les écoliers évalués ont connu les programmes de 2008 et le début de la mise en place des programmes de 2016. Ils ont ensuite connu les réorientations apportées par JM Blanquer, avec de nouvelles injonctions. C’est la même chose au collège : les programmes ont changé en 2015 puis ont été ajustés en 2018.
D’autres facteurs ont été évoqués. D’abord la qualité des enseignants : les professeurs des écoles sont rarement à l’aise en maths et sciences. Les meilleurs scientifiques optent pour des carrières dans le privé. Mais le niveau disciplinaire suffit-il à faire un bon enseignant ? Pas sur. On a pu aussi lier le niveau en maths avec la maitrise du langage, un autre souci du système éducatif. Les deux enquêtes montrent un lien évident entre l’origine sociale des élèves et les difficultés en maths.
Les résultats de la nouvelle enquête TIMSS vont-ils confirmer la dégringolade de 2015 confirmée par la récente enquête Cèdre ? Si c’était le cas il faudrait en tirer des conséquences ou accepter la relégation de l’école française à la suite des autres pays européens. Ce déclassement aurait aussi un prix : le niveau en sciences et en maths d’une génération a aussi un impact sur le développement économique d’un pays.
François Jarraud