« Les pays en développement et les organisations partenariales telles que la Banque mondiale devraient centrer leurs efforts sur l’obtention de meilleurs résultats scolaires, notamment parmi les enfants défavorisés, afin d’engranger les retours sur l’investissement dans l’enseignement primaire ». Le rapport d’évaluation de la politique éducative de la Banque mondiale propose une réorientation sensible du programme suivi par l’organisation.
Certes, la Banque relève les progrès accomplis à travers plus de 700 projets et une forte augmentation des prêts accordés à l’enseignement primaire depuis 1990 (14 milliards de dollars). « Dans la plupart des régions du monde, les investissements de la Banque et des nations ont permis d’élargir l’accès à l’enseignement primaire par le biais de la construction de nouvelles écoles et la réduction du nombre d’obstacles physiques, financiers et sociaux. Cependant, des dizaines de millions d’enfants dans le monde en développement – principalement les filles, les pauvres et autres groupes défavorisés – ne fréquentent pas l’école ; des centaines de millions abandonnent l’école avant la fin du cycle primaire et, parmi ceux qui terminent ce cycle, une grande partie n’arrive pas à assimiler les connaissances et compétences désirées, notamment dans les pays les plus pauvres de l’Asie du Sud et de l’Afrique subsaharienne ». Aussi, pour la Banque, » le dernier défi EFA à relever consiste à assurer que tous les enfants, en particulier les enfants défavorisés, acquièrent les connaissances et les compétences de base nécessaires pour assurer la réduction de la pauvreté ».
La Banque souligne les progrès dans l’accès à l’école et dans la parité et l’équité. Mais la qualité de l’enseignement n’a pas progressé dans la même proportion. » Bien des stratégies utilisées pour élargir l’accès rapidement, telles que les réductions « de choc » des frais, l’utilisation d’enseignants contractuels, le double horaire et le passage automatique d’un niveau à l’autre, ont eu des effets négatifs sur les résultats scolaires, tout au moins dans le court terme, et certaines stratégies sont difficiles à maintenir en place ». Ainsi au Ghana seulement 10% des enfants atteignent les niveaux nationaux en maths, 5% en anglais; en Inde 50% des enfants de 7 à 10 ans sont incapables de lire un petit paragraphe simple. Encore s’agit-il de pays qui ont fait l’effort d’une évaluation des performances.
La Banque revoit donc sa politique et met en avant de nouveaux critères d’attribution de prêts. » L’aide de la Banque dans le secteur de l’enseignement primaire doit être ciblée sur les facteurs les plus susceptibles d’influer sur les résultats scolaires dans le contexte national. Cela demandera une analyse plus approfondie des résultats scolaires de l’enfant, des contraintes locales et des éléments de facilitation… Les programmes d’amélioration de la gestion du secteur et de la gouvernance doivent reposer sur des analyses saines de l’action politique et institutionnelle qui tiennent compte des incitations encourageant les officiels et les enseignants à améliorer la qualité de l’enseignement et les résultats scolaires ».
La Banque intervient donc dans un débat qui secoue les systèmes éducatifs des pays les plus pauvres pris entre l’ambition d’assurer l’éducation pour tous (EFA) et les contraintes budgétaires. Beaucoup choisissent de recruter des enseignants non formés et de surcharger les classes au risque d’une baisse de la qualité et d’une montée des décrochages. La solution pourrait être trouvée dans un effort financier plus important. Pour la Banque, « les estimations de coût et des écarts de financement doivent être révisées afin de refléter les coûts d’obtention des résultats scolaires de base (et non seulement l’achèvement du cycle primaire) ; et tenir compte de l’augmentation des coûts unitaires de l’élargissement d’accès et de l’amélioration des résultats scolaires des enfants venant de milieux défavorisés ».
Le rapport (en pdf)
Rappel : Le Café 73
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