« Cette question de la transmission des connaissances agite les hommes depuis des millénaires. Curieusement, depuis quelques décennies, elle a connu un regain de controverses. Le bon sens populaire et l’expérience des professeurs ont été mis en doute par de curieuses «sciences» souvent mêlées de forts a priori idéologiques. Mais voici que la science, la vraie, la science expérimentale, est en train d’investir ce domaine. Cette science toute jeune, c’est la science du cerveau. Sous le nom de «neurosciences cognitives», ces sciences nouvelles commencent à apporter des réponses fermes confirmant bien souvent nos connaissances empiriques et l’explication rigoureuse qui nous manquait ».
Ce sont ces merveilleuses découvertes scientifiques que Gilles de Robien veut nous faire partager dans une tribune de Libération. « Nous savons par exemple désormais, grâce aux neurosciences, pourquoi certaines méthodes de lecture sont moins efficaces dans les premiers pas vers la lecture : elles contredisent directement les structures de fonctionnement du cerveau dans l’exercice du décodage. Bref, on sait désormais non seulement que la méthode à départ syllabique est plus efficace, mais l’on sait pourquoi. On en a la preuve. Plus aucune fausse science ne pourra révoquer l’expérience ».
Etre ministre de la recherche suffit-il à avoir des compétences scientifiques ? L’affirmation vague et péremptoire du néophyte couvre mal le fait que les scientifiques sur lesquels le ministre prétend s’appuyer ne se reconnaissent pas dans son obstination à imposer la méthode syllabique (on pourra par exemple lire la déclaration de 18 scientifiques le 18 février).
Faut-il s’inquiéter de voir le ministre de l’éducation s’obstiner dans une démarche que l’ensemble des spécialistes condamne ? Le pire est peut-être encore à venir. Après la lecture, G. de Robien semble avoir trouvé la solution à l’apprentissage du calcul. « Les recherches en cours nous éclaireront demain sur la mémoire, le calcul, le raisonnement ».
Laissons au ministre le dernier mot. « Les sciences du cerveau n’ont pas fini de nous étonner. A mesure que notre espérance de vie s’allonge, une autre question devient préoccupante. Comment et pourquoi la «matière grise» de certains peut-elle se mettre à dégénérer ? »
Tribune dans Libération
Rappel : Le point de vue de scientifiques