Par François Jarraud
En proposant un « portefeuille de compétences » pour admettre les enseignants sur les postes à profil, Chatel fait un nouveau pas vers une réforme fondamentale de l’évaluation des enseignants. Les syndicats d’inspecteurs réagissent.
Le Livret de compétences c’est pour tout le monde ! C’est sur la base d’un « portefeuille des compétences » dématérialisé que l’accès aux postes à profil se fera, annonce une circulaire publiée au B.O. du 31 mars.
Pour le ministère, il s’agit « d’ancrer le métier dans un parcours professionnel et (de) valoriser la formation tout au long de la vie ». Le portefeuille de compétences « croisant les données sur les acquis de la formation et celles liées à la carrière et à la mobilité » enregistrera les appréciations des inspecteurs et des « conseillers mobilité carrière ». Il sera mis en place dès l’année de stage et suivra l’enseignant.
La circulaire définit neuf autres points organisant la formation continue des enseignants. Celle -cio a vu ses crédits largement amputés au budget 2011.
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/cid55578/mene1100119c.html
Pour le SIA, Chatel met la charrue avant les boeufs
Syndicat d’inspecteurs du secondaire, le SIA ne partage pas la volonté ministérielle de faire évaluer les enseignants par les chefs d’établissement, mais se dit prêt à faire évoluer l’inspection.
« Vouloir changer l’évaluation des enseignants nécessite préalablement de poser la question de son but avant d’en envisager les modalités. Le Ministre aurait-il mis la charrue avant les boeufs ou aurait-t-il fait le choix de minimiser le rôle de la pédagogie dans le système éducatif et envisagerait-il de supprimer les inspections individuelles ? » interroge Michèle Vinel, dans la revue « IA » éditée par le S.I.A. Elle réagit ainsi à l’annonce par le ministère de la mise en place de deux entretiens d’évaluation des enseignants , au bout de 2 et 20 ans de carrière, effectués par les chefs d’établissement.
» Vouloir modifier l’évaluation des enseignants, c’est devoir d’abord se poser la question de son utilité et des effets attendus : le pourquoi et le pour quoi », continue M Vinel. « Il serait regrettable que son utilité ne soit que gestionnaire (économie de coût). L’efficacité du système se joue d’abord dans la classe. Il est donc indispensable de maintenir l’inspection individuelle d’autant que la France dispose d’inspecteurs auxquels leur expertise pédagogique donne une réelle légitimité auprès des enseignants. Pour autant, il y a nécessité à rendre ce dispositif d’évaluation plus mobilisateur en y associant davantage les acteurs directement concernés que sont les enseignants mais aussi les chefs d’établissement. »
La revue du SIA
http://www.syndicat-ia.fr/revueIA/Annee 2011/n2_fevriermars_2011.pdf
Sur la réforme de l’évaluation des enseignants
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/[…]
Inspections : Chiffon rouge pour le Sgen
Le Sgen Cfdt proteste contre les inspections d’écoles diligentées par le ministère.
« Les personnels de l’école primaire vivent un sentiment de mal être profond que tous les observateurs attentifs décrivent », annonce le Sgen qui évoque « l’accumulation de réformes dangereuses ou mal conduites qui dégradent les conditions de travail, le sentiment de n’être pas reconnus » et les suppressions de postes. « Et c’est le moment que choisit le ministère pour lancer des opérations d’inspection d’école, sans aucune concertation préalable ».
« Il ne sert à rien d’écrire dans une circulaire que la démarche doit s’opérer dans la confiance quand on met en place des visites d’écoles qui expriment d’abord l’absence de confiance envers des personnels. Comment peut-on prétendre apporter une aide en imposant une contrainte de plus, perçue comme une menace ? », écrit le Sgen. « La confiance ne se décrète pas unilatéralement, elle se mérite par des comportements plus respectueux et un effort minimum d’écoute des personnels ».
Communiqué
http://www.cfdt.fr/rewrite/article/32909/actualites/c[…]
Le SNPI Fsu invite les inspecteurs à la neutralité
Les inspecteurs doivent-ils soutenir la politique gouvernementale ou la mettre en oeuvre ? Pour Michel Gonnet, secrétaire général du Snpi-Fsu, il n’y a pas à défendre le budget 2011. Le fossé entre l’Etat et ses cadres prend de la distance.
« Le ministère nous rappelle régulièrement les obligations de réserve qui sont attachées à notre responsabilité », écrit Michel Gonnet dans une lettre envoyée aux IA-DSDEN. « Nous sommes convaincus que l’obligation de neutralité s’inscrit dans les principes fondamentaux de la fonction publique et nous ne ferons pas obstruction, dans l’exercice de nos fonctions, aux décisions prises. Cependant, si les décisions politiques et leur justification appartiennent à la représentation nationale, il n’incombe au fonctionnaire que leur seule mise en œuvre ».
Et le secrétaire général du Snpi-Fsu donne des exemples. » Nous ne justifierons pas par des raisons pédagogiques la diminution des postes en RASED dont nous savons qu’ils contribuent à l’aide aux élèves en difficulté… Nous ne comparerons pas les dotations d’un département avec des moyennes nationales car nous savons que les caractéristiques sociologiques de certains départements justifient des dotations particulières. Nous ne prendrons pas le prétexte d’études incertaines sur le taux d’encadrement des classes pour faire croire que la preuve scientifique est désormais administrée que le nombre d’élèves par classe n’a aucune relation avec leur réussite scolaire ».
Lettre envoyée aux IA-DSDEN
http://syndicat.snpi-fsu.org/index.php?option=com_[…]
La loi sur la mobilité des fonctionnaires transmise au Conseil constitutionnel
Par une décision du 4 avril, le Conseil d’Etat a reconnu valable la question préalable de constitutionnalité déposée par la CGT et la FSU à propos de la loi sur la mobilité des fonctionnaires. Cette loi permet de mettre des fonctionnaires d’abord en disponibilité d’office puis éventuellement de les licencier en cas de réorganisation d’un service. « L’arrêt du Conseil d’Etat pointe en particulier le manque de consultation des instances paritaires avant toute décision de réorientation de chaque fonctionnaire ainsi que le nécessaire examen de la situation particulière des représentants élus du personnel », note la FSU.
L’arrêt du Conseil d’Etat
http://arianeinternet.conseil-etat.fr/arianeinternet[…]
Communiqué FSU
http://www.fsu.fr/La-FSU-bientot-entendue-devant-le
Etats-Unis : Les droits des enseignants réduits dans plusieurs états
Dans plusieurs états, les enseignants voient leurs doits sociaux amputés par des majorités conservatrices, explique Education Week. Ainsi dans l’Ohio, les Républicains ont fait passer une loi fin mars interdisant les négociations sur la taille des classes et les conditions de travail, réduisant les pensions et l’assurance maladie et liant le salaire aux résultats des élèves. Le Wisconsin devrait se doter d’une législation identique et l’Indiana et le Tennessee y réfléchissent.
Article Education week
http://www.edweek.org/ew/articles/2011/04/07/28ohio.h[…]
Angleterre : La justice mobilisée pour affermir l’autorité des enseignants
Selon le nouveau code de pratiques des écoles anglaises, les directeurs pourront porter plainte contre les élèves qui véhiculeront des rumeurs contre les enseignants. Plus concrètement, les enseignants sur lesquels pèsent ces bruits ne seront plus suspendus automatiquement et la trace de ces bruits ne figurera plus dans leur dossier. Après être allée très loin dans la protection des enfants contre les prédateurs sexuels, par exemple par un fichage général de tous les adultes en contact avec les jeunes, il semble que le balancier reparte dans l’autre sens très fort.
Article du Guardian
http://www.guardian.co.uk/education/2011/apr/04/gove-behaviour-schools
Angleterre : Les profs super flics
Les professeurs doivent ils pouvoir fouiller dans les téléphones des élèves ? C’est une des mesures phares du plan éducation du nouveau gouvernement britannique. Les enseignants anglais vont avoir le droit de fouiller les élèves pour prendre leur téléphone portable. Ils pourront aussi lire les messages et vérifier les photos contenues dans l’appareil et même effacer ce qui leur paraitra non conforme.
Pour le ministre de l’éducation, Nick Gibb, ce « message fort » affirme le rétablissement de l’autorité des enseignants. Pourtant, selon BBC News, le principal syndicat des enseignants, le Nasuwt, s’oppose à cette mesure. Pour sa secrétaire générale, la mesure est disproportionnée et « imprudente ». « Cette mesure causera davantage de conflits et de problèmes dans les écoles plutôt qu’affermir la discipline ». Summum Jus, summa injuria…
Article BBC News
http://www.bbc.co.uk/news/education-12868879
Sur le site du Café
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