Robien annonce la suppression de 8700 postes et affronte une inconnue : les enseignants accepteront-ils de gagner moins et de travailler gratuitement ? Finalement ce sont 8 700 postes qui seront supprimés au budget 2007 de l’enseignement scolaire. Cela correspond précisément à la baisse de 3 600 postes aux concours, à 1 800 postes supprimés dans le secondaire et à 3 000 postes récupérés en supprimant des décharges. « Le taux d’encadrement des élèves ne changera pas en 2007 » a précisé le ministre à l’AFP. Pour le ministre des finances, T. Breton, « nous avons fait des audits qui démontrent qu’il y a des endroits ou on peut faire autrement avec un petit moins et bien c’est la responsabilité d’un gouvernement que de faire en sorte de donner les moyens disponibles pour préparer l’avenir sans pour autant évidemment obérer nos missions ».
Car ces suppressions de postes ne sont possibles que par la « récupération » des décharges. Dès le 9 mai, le Café avait présenté cet audit et annoncé sa cible. Il vise la suppression de la totalité des décharges horaires des enseignants du second degré : heures de première chaire, pondération de STS, associations sportives, CCPN, heures de laboratoire, coordination EPS etc. Pour les auteurs de cet audit, ces décharges ne sont pas justifiées. Ainsi, » avec l’ouverture très large de l’enseignement du second degré depuis la fin des années soixante à des publics nouveaux, socialement et culturellement moins favorisés que ceux du lycée d’antan, les défis pédagogiques à relever et l’obligation de résultat assignée aux enseignants ne se concentrent plus dans la phase ultime de la scolarité secondaire : les difficultés à surmonter se rencontrent, pour les élèves comme pour les professeurs, tout au long de celle-ci » et, par conséquent l’heure de première chaire n’est pas légitime. Pour la pondération en STS, » le régime dont bénéficient les enseignants dans les sections de techniciens supérieurs (STS) trouve sa justification initiale dans le travail supplémentaire demandé aux enseignants du fait du public de ces classes. Cependant, le dispositif ne tient pas compte de la durée réelle de la période d’enseignement. En effet, l’année scolaire (36 semaines) est amputée, en premier lieu, du fait des examens qui sont organisés tout au long du mois de mai et, en second lieu, par les stages des étudiants d’une durée moyenne autour de huit semaines (quatre à seize semaines selon les spécialités) ». Les heures d’animation d’association sportive « ne recouvrent pas toutes une activité réelle ou suffisante » ce qui justifie leur suppression.
Au total, le rapport a calculé que, si ces décharges correspondent à 28 000 postes, le gouvernement pourrait en récupérer 11 880 (6 580 au titre de la première chaire, 4 060 pour les pondérations STS, 800 pour les associations sportives par exemple).
Ainsi le gouvernement essaie-t-il une nouvelle approche pour atteindre son but : réduire le budget de l’éducation nationale. La première mesure a consisté à réduire la durée de l’enseignement : c’est ainsi qu’ont été financés les dédoublements en langues (par les TPE de terminale) et le plan Ambition réussite (une demi-heure de cours de moins de collège).
Il tente maintenant la réduction des salaires et le travail gratuit. Souvent ces décharges se traduisent en heures supplémentaires. La perte salariale liée à leur suppression a déjà été calculée par Bercy : 1480 euros par an, soit environ 6% de moins sur la fiche de paie. Supprimer les décharges permettrait de maintenir l’encadrement des élèves à condition que les enseignants acceptent de travailler davantage gratuitement.
On apprécie l’enjeu budgétaire et social. On mesure encore mal le risque social et politique pris par Villepin. Déjà il va falloir finir le bac…
Article du Figaro
L’Expresso du 9 mai
L’audit qui inspire ces mesures (en pdf)