« Je pense que l’impact de ce protocole sur les élèves et de ce type d’action en général peut difficilement se mesurer… Je ne peux pas dire, après plusieurs années d’application ce que « fait » le protocole aux élèves et ce qu’il ne leur « fait » pas. Mais je connais son impact sur ma pratique enseignante et je le mesure : de moins en moins de crispation devant l’échec ou le refus, plus de prise en compte de leur parole,davantage d’exigence dans le respect des règles et du niveau de langue, moins d’affect déplacé,… Le protocole m’a permis de redessiner une figure plus complète à partir de l’élève que je voyais en classe et de l’individu dont je devinais une vie que je ne pouvais pas prendre en compte puisque rien dans ma formation professionnelle ne m’avait entraînée à lui trouver une place au sein de ma pratique ».
Le protocole évoqué ici est le dispositif « Parlons tabou », mis en place depuis 7 ans par une centaine d’enseignants en France et en Afrique du sud. A l’origine de cette expérience la prise de conscience de l’ethnicisation de la violence scolaire et du tabou de la ségrégation.
« Parlons tabou » repose sur un constat, la ségrégation en milieu scolaire, et une démarche : aider les élèves à mobiliser les facteurs de protection de l’individu, utiliser le groupe classe comme un espace de médiation, accroître les compétences préventives des adultes.
A travers une série d’exercices, les élèves travaillent l’estime de soi, prennent conscience de leur identité et apprennent à gérer le lien entre image de soi et conduite à risque. Le protocole développe aussi les liens à l’intérieur du groupe clase et avec les adultes.
« Parlons tabou » ne prétend pas apporter de solution miracle. Mais ceux qui l’ont testé l’affirment : le protocole rétablit les liens humains, ouvre une perspective d’avenir pour les élèves en les aidant à construire leur personnalité et finalement améliore le climat d’établissement. Testé en 2002 dans une classe de sixième d’un collège du Rhône, « Parlons tabou » est utilisé maintenant dans 6 collèges et 2 L.P. du département. Autant d’établissements qui n’ont pas besoin d’une « permanence policière »…
V. Franchi et G. Colin, Prévenir la violence au collège à travers le dispositif Parlons tabou, Amiens, CRDP, 2005, 162 pages.
http://crdp.ac-amiens.fr/librairie/vient_de_paraitre/accueil/acc_prevenir_la_violence.htm