Par François Jarraud
Comment rétablir la semaine de 4 jours et demi ? On se souvient que Xavier Darcos, en application d’une décision de Nicolas Sarkozy, avait « libéré » le samedi matin, instituant de fait la semaine de 4 jours à l’école primaire. Familles, enseignants, municipalités s’y sont adaptés. Deux ans plus tard, revirement de l’Etat. Luc Chatel, dans sa circulaire de rentrée, appelle à rétablir la semaine de 9 demi journées, donnant raison à ceux qui militent pour le respect des rythmes biologiques de l’enfant. Mardi 30 mars, Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, réunissait quelques défenseurs de cette cause pour présenter leurs actions futures. Il y avait là des chronobiologistes (F Testu, H Montagner, R Clarisse), le Réseau des villes éducatrices représenté par un élu brestois, Marc Sawicki, Georges Fotinos, spécialiste des questions de santé à l’Ecole, Michel Volckrick du SIEN Unsa (syndicat d’inspecteurs) et Pierre Bégué de l’Académie nationale de médecine.
« Les recteurs et les inspecteurs d’académie seront attentifs à la gestion des rythmes scolaires, en relation avec les collectivités locales, les parents d’élèves et les enseignants. En visant avant tout l’intérêt de l’enfant, ils étudieront les formules les plus adaptées aux besoins de l’élève. L’organisation de la semaine en neuf demi-journées (du lundi au vendredi en incluant le mercredi matin) est encouragée chaque fois qu’elle rencontre l’adhésion ». Cet extrait de la circulaire de rentrée 2010 manifeste un des plus surprenants revirements dans la politique éducative française. Après s’être donné tant de mal à instituer la semaine de 4 jours, le ministère demande à ses corps intermédiaires de faire pression pour le retour à la situation antérieure.
Un étonnant revirement
A l’origine de cette décision, sans doute le rapport de l’académie de médecine sur « l’aménagement du temps scolaire et santé de l’enfant » remis le 10 janvier 2010. Yvan Touitou et Pierre Bégué y expliquent que « les semaines de 4 jours, 4 jours et demi ou 5 jours de classe ont fait l’objet de recherches qui montrent que l’aménagement hebdomadaire en 4 jours n’est pas favorable à l’enfant car celui-ci est plus désynchronisé le lundi et le mardi matin que dans la semaine habituelle de 4 jours et demi. Par ailleurs, un certain nombre d’études ont établi que les performances mnésiques sont meilleures après un week-end de un jour et demi comparé à un week-end de deux jours comme dans la semaine de quatre jours actuelle. De plus, le sommeil est un facteur indispensable à la bonne santé de l’enfant et certains travaux ont corrélé les difficultés scolaires à un sommeil insuffisant ». Ils condamnent aussi le calendrier scolaire annuel où le temps scolaire est condensé sur une période trop courte, générant ces semaines et ces journées trop chargées au regard des nécessités biologiques des enfants.
Invité par la FCPE le 30 mars, Pierre Bégué explique que l’enfant est un être fragile car en développement et que la semaine actuelle désynchronise l’enfant , générant des anomalies du sommeil. Ces propos sont appuyés par François Testu et Hubert Montagner, spécialistes des rythmes biologiques de l’enfant. Des études menées par G Fotinos montrent que la violence scolaire diminue.
Ils bénéficient aussi des remarques du rapport de l’Inspection générale (Philippe Claus et Odile Roze) sur la mise en œuvre de la réforme du primaire. Il établit que « les conséquences du resserrement du temps scolaires se font ressentir sur la fatigue des élèves et des enseignants… et sur le temps consacré aux enseignements : au terme de l’année scolaire il se confirme que.. le temps manque pour faire tout le programme d’enseignement ». L’année scolaire est en effet passée à 144 jours alors que la moyenne européenne est de 185 jours.
Un impossible retour en arrière ?
Reste à savoir comment opérer le retour en arrière. Car les différents acteurs politiques, municipaux, enseignants se sont réorganisés sur 4 jours.
Des candidats de la majorité ont encore récemment fait campagne en vantant la suppression de l’école le samedi matin. « Ils l’ont fait » affirme un clip vidéo qui montre une famille partant en week-end.
Les villes ont réorganisé leurs activités péri-éducatives en prenant en compte le changement de rythmes. Adjoint du maire de Brest pour les politiques éducatives locales, Marc Sawicki explique qu’il est difficile de demander aux conseils d’école de revenir à la semaine de 9 demi-journées. Brest a expérimenté ce rythme là dans une école avec succès : le climat scolaire est devenu meilleur. Mais le rétablir partout aurait un coût difficile à supporter pour les communes. Il faudrait mettre en place des activités de 16 à 17 heures, envisager la cantine le mercredi midi, éventuellement adapter les transports scolaires. Pour une ville comme Brest, le coût se situe entre 1 million et 1,4 million.
Les enseignants se sont installés dans la semaine de 4 jours et les villes qui ont essayé de revenir à 9 demi journées se sont heurtées au vote défavorable des conseils d’école. Pour Michel Volckrick, les recteurs et les IA encourageront les équipes à aller vers le s5 demi journées. Mais cela risque d’être au prix du transfert de l’aide personnalisée le mercredi matin.
Le programme de la FCPE
Concrètement, la FCPE va demander à ses équipes d’intervenir dans les conseils d’école, d’impulser des débats. Des rendez-vous seront pris avec les syndicats qui soit demandent la semaine de 5 jours comme le Sgen, soit n’ont pas approuvé la semaine d e4 jours comme le Se Unsa et le Snuipp. Pour Jean-Jacques Hazan, les enseignants seront sensibles aux gains de qualité d’enseignement avec la réorganisation en 9 demi-journées. « On peut faire adhérer les enseignants en montrant l’amélioration des conditions de travail et en leur parlant de la réussite des élèves ». Car pour lui la question du temps scolaire est à la fois une question de santé et de réussite scolaire. « La circulaire ministérielle ne marque pas la fin d’une bataille mais le début d’une ouverture ».
La circulaire de rentrée infléchit le temps scolaire
Les rythmes scolaires sont ils adaptés aux besoins des enfants
Rapport de l’académie d emédecine