Par François Jarraud
Le Journal officiel du 6 janvier2010 a publié une série d’arrêtés définissant les concours du premier et du second degré (P.E., agrégation, capes, capet, PLP, CPE). Pour le ministère, ces concours, passés en cours de seconde année de master, sanctionnent une formation professionnelle. « Les étudiants préparant le concours enseignant sont sensibilisés progressivement aux métiers de l’enseignement », dit-on rue de Grenelle. Dès qu’ils ont réussi leur concours et validé leur année de M1 (ou de M2 à partir de 2011), les lauréats sont affectés dans un établissement. Mais l’analyse des épreuves montre qu’elles ne portent pas sur des savoirs professionnels.
Ainsi le Capes d’histoire-géo comportera comme épreuves d’admissibilité une composition d’histoire et une de géographie. Elles sont suivies d’épreuves d’admission composées d’une leçon et d’une étude de dossier. La seule épreuve non disciplinaire est « l’étude d’un document portant sur la compétence « Agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable » ». Elle dure 10 minutes et on ne saurait dire qu’elle remplace un mémoire professionnel ou une épreuve de sciences de l’éducation.
Pour les professeurs des écoles, l’admissibilité « comporte deux groupes d’épreuves de quatre heures chacun, en français et histoire géographie et instruction civique et morale, d’une part, et en mathématiques et sciences expérimentales et technologie, d’autre part ». L’épreuve de français » vise à évaluer la maîtrise des savoirs disciplinaires nécessaires à l’enseignement dans ces domaines, en référence aux programmes de l’école primaire; la connaissance et la maîtrise de la langue française, en particulier la grammaire, l’orthographe et le vocabulaire ; la capacité à comprendre et exploiter des textes ou des documents ». Les épreuves d’admission consistent en une « présentation de la préparation d’une séquence d’enseignement en mathématiques et interrogation, au choix du candidat, sur les arts visuels, la musique ou l’éducation physique et sportive ».
Rappelons que les candidats aux concours internes 2010 recrutés avant le 30 juillet 2009 pourront se présenter s’ils remplissent les anciennes conditions de diplôme (généralement la licence) et d’ancienneté de services. Ceux recrutés après le 30 juillet 2009 devront remplir les conditions de diplôme requises des candidats aux concours externes (en principe le M1) et d’ancienneté de services. Les conditions d’inscription pour le troisième concours ne changent pas avec cette réforme. Les modalités spécifiques d’accès au concours (mère ou père de trois enfants, troisième concours, discipline professionnelle des concours professionnels, etc.) sont maintenues.
Concours CPE
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORF[…]
Agrégation
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORF[…]
Capes
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORF[…]
Capet
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORF[…]
Caplp
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORF[…]
Capeps
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORF[…]
P.E.
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORF[…]
Pour le MEN
http://www.education.gouv.fr/cid25081/les-nouvelles-condit[…]
Dossier Formation des enseignants
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ReformeFormation.aspx
Les programmes des concours 2011 du secondaire
Agrégation, Capes, Capet, CaPLP, Cop, Cpe : tous les programmes des concours 2011 viennent de paraître au B.O. spécial n°7.
Le B.O. fixe précisément les programmes de toutes les disciplines du secondaire et des épreuves des conseillers d’orientation psychologue (Cop) et des conseillers principaux d’éducation (Cpe). Rappelons que la date limite d’inscription est le 20 juillet . Le calendrier des épreuves est paru au Journal officiel du 6 juillet. Pour le Capes, les épreuves d’admissibilité auront lieu du mardi 9 au mercredi 24 novembre 2010, pour l’interne le mardi 1er février 2011 ; pour le Capet ce sera le jeudi 4 et le vendredi 5 novembre 2010, à l’exception des épreuves de la section arts appliqués qui auront lieu le jeudi 25 et le vendredi 26 novembre 2010 pour l’externe, le 3 février pour l’interne; pour le CaPLP les épreuves du concours externe auront lieu le jeudi 25 et le vendredi 26 novembre 2010 et le concours interne le mercredi 2 et le jeudi 3 février 2011. Les épreuves d’admissibilité du concours de Cpe auront lieu pour l’externe le mardi 2 et le mercredi 3 novembre 2010 ; pour l’interne le lundi 31 janvier 2011.
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/pid24222/special-n-7-du-8-jui[…]
On s’éloigne des besoins, estime J.-L. Auduc
Qu’est-ce qui a changé dans les nouveaux concours d’enseignement dévoilés hier au J.O. ? Pas grand-chose si ce n’est qu’alors que se généralisent les TICE on n’y parle plus de C2i, qu’alors qu’on introduit les cahiers de compétences les mots « socle commun » n’apparaissent nulle part…
Pour Jean-Louis Auduc, directeur adjoint d’IUFM, « le nouveau modèle proposé… s’éloigne de la professionnalisation nécessaire des futurs enseignants. La suppression de l’année de formation professionnelle après la réussite au concours apparaît donc d’autant plus inconcevable. Est-il normal que l’entrée dans le métier enseignant se caractérise par un changement radical de posture entre ce qu’ont été les études universitaires, la préparation au concours et la réalité du travail à exercer, de la mise en apprentissage des élèves ? »
Lire la tribune de JL Auduc
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/01/A[…]
Goigoux : Il faut faire place aux résultats des recherches
« Quelles sont les formes pédagogiques les plus appropriées à la formation d’adultes déjà longuement scolarisés et formés à l’université ? » Pour Roland Goigoux, professeur à l’université Blaise Pascal, il est « paradoxal de constater que les débats conduits à l’université sur l’avenir de la formation des enseignants ne font pas état des recherches universitaires réalisées sur ce sujet ».
Dans cette tribune offerte au Café pédagogique, il fait le point sur ce qu’on sait de la façon dont les futurs enseignants envisagent leur formation et acquièrent des savoirs professionnels. » Les stagiaires demandent qu’on les aide à réussir leurs premiers pas dans le métier et, sur ce point, les recherches semblent indiquer qu’ils ont raison : la réussite initiale apparaît comme un facteur de motivation et de progrès, démultipliée lorsqu’elle est accompagnée d’une théorisation de l’action réussie. La pertinence d’une formation en alternance semble donc résider dans l’association progressive de trois composantes : l’action professionnelle (c’est pourquoi les stages sont indispensables très tôt dans le parcours de formation), la réussite de l’action (c’est pourquoi ces stages doivent être fortement encadrés par des tuteurs), la compréhension de l’action et des conditions de sa réussite (c’est pourquoi l’institut de formation doit donner aux stagiaires les moyens de redécrire leurs expériences hors de l’urgence de l’action quotidienne) ». Mais comment équilibrer ces trois exigences ?
D’où l’importance de l’alternance et de l’accompagnement sur le terrain. Or c’est justement cet aspect de la formation qui est remis en cause par la réforme.
La tribune de Roland Goigoux
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/01/G[…]
Le dossier Formation des enseignants
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ReformeFormation.aspx
Les profs apprennent des profs
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/09/0309[…]
Recrutement : De moins en moins de candidats enseignants pour des postes en déclin
« Au regard des 404 226 personnels enseignants du second degré public recensés en janvier 2008, les besoins de recrutement estimés ont conduit à l’ouverture de 9 950 postes au recrutement 2008 d’enseignants du second degré public, soit 1 700 de moins que l’année précédente (- 14,6 %). Également en recul (- 13,1 %), le nombre d’inscriptions s’élève à 122 154, soit 89 068 candidats ». Cette Note d’information du ministère fait le point sur les difficultés de recrutement pour les candidats 2009. Elle signale aussi les très fortes inégalités entre disciplines lors des concours.
Note d’information
http://www.education.gouv.fr/cid49784/les-concours-de-rec[…]
Le Conseil d’Etat suspend 5 décrets organisant les concours 2011
» Considérant… que, préalablement à leur signature, les arrêtés attaqués n’ont pas fait l’objet d’une saisine écrite, pour avis conforme, du ministre chargé de la fonction publique ; que ni le courriel, postérieur à la date de signature des arrêtés contestés, ni l’accord oral émanant du ministre en charge de la fonction publique ne sauraient s’y substituer » le Conseil d’Etat, par une ordonnance du 2 juillet, saisi en référé par la Fcpe, Sud et l’association Sauvons l’université, a suspendu l’exécution des arrêtés organisant la session 2011 des concours du CAPES, du CAPET, du CAPEPS, du CAPLP, ainsi que des concours de recrutement de conseillers principaux d’éducation et de professeurs des écoles. Il a aussi ordonné au ministère de payer 1 000 euros à chacune des associations.
Cette suspension est humiliante pour le ministère. Mais, d’après le Conseil, » elle ne devrait toutefois pas avoir d’impact pour les candidats à ces concours : le ministre de la fonction publique avait en effet fait parvenir un avis conforme au ministre de l’éducation nationale le lendemain de la signature des arrêtés contestés. Le ministre de l’éducation nationale a donc la possibilité de reprendre très rapidement des arrêtés au vu de cet avis conforme et prévoyant que les candidats déjà inscrits n’auront pas à renouveler les démarches en vue de leur inscription ». Mais ce n’est peut-être que la première étape d’un marathon judiciaire…
Ordonnance du Conseil d’Etat
http://www.conseil-etat.fr/cde/fr/communiques-de-presse/o[…]
Analyse : Jean-Louis Auduc : Une réforme irresponsable
Par Jean-Louis Auduc
« Le ministre de l’éducation nationale va-t-il enfin « agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable » ? » interroge Jean-Louis Auduc, directeur adjoint d’IUFM. La suppression de tout cadrage national de la formation des enseignants, les flous dans les textes officiels, montrent que la question de la formation des enseignants est traitée de façon indigne. « Alors que des évolutions apparaissent nécessaires à tous les niveaux du système éducatif pour l’améliorer », souligne JL Auduc, « ce n’est pas une génération d’enseignants parée pour répondre aux enjeux qui s’annonce, mais une génération d’enseignants sacrifiée dans leur formation par souci d’économies à court terme »
Le ministre de l’éducation nationale va-t-il enfin « agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable » ?
Les épreuves orales d’admission des futurs concours de recrutement d’enseignants comportent une épreuve, d’ailleurs contestée, visant à vérifier que le futur enseignant possède bien la compétence n°1 des dix compétences professionnelles de décembre 2006 : « Agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable ».
Au vu de ses prises de décisions et de son comportement actuel, il est clair qu’il serait impossible de valider au ministre de l’éducation nationale cette compétence qui comprend notamment parmi ses connaissances, capacités, attitudes : « Connaître les grands principes du droit de la fonction publique et du code de l’éducation ; respecter et faire respecter la personne de chaque élève »…… En effet, ce qui se passe actuellement autour de la formation des enseignants tourne le dos à la plus élémentaire éthique et à la responsabilité dont on doit faire preuve vis-à-vis des étudiants et des élèves.
Un « flou » juridique totalement anormal et irresponsable
Les étudiants qui souhaitent se diriger vers l’exercice du métier enseignant sont aujourd’hui placés dans une situation totalement incompréhensible et où l’on peut se demander si la logique actuelle n’est pas plus proche du camion fou ayant perdu l’usage de ses freins que d’une conduite pensée et responsable. Qu’on en juge !
Les textes réglementaires actuellement publiés et les effets d’annonces du ministère à moins de quatre mois de la rentrée sont totalement contradictoires. Les seuls décrets publiés, ceux du 29 juillet 2009 indique que pourront s’inscrire aux concours de recrutement enseignant: « Les candidats justifiant, à la date de clôture des registres d’inscription, qu’ils sont inscrits en dernière année d’études en vue de l’obtention d’un master ou d’un titre ou diplôme reconnu équivalent par le ministre chargé de l’éducation » Cette formule implique une inscription aux concours après les inscriptions universitaires en M2, soit vers la fin septembre. Une telle rédaction est absolument contradictoire avec l’organisation d’épreuves du concours, par exemple pour les professeurs des écoles en septembre comme le ministère l’avait indiqué oralement.
Or, à la date du 9 mai, les étudiants et les formateurs n’ont toujours pas vu publier de textes modifiant les décrets de juillet 2009. Des projets de document avaient circulé avec des dates d’inscription aux concours du 10 mai au 18 juin….. Visiblement, ces dates ne seront pas tenues.
Un tel flou est inadmissible. Comment construire pour deux ans des masters lorsqu’on ignore les textes réglementaires d’application qui s’imposeront à tous.
Autre exemple de l’improvisation et de l’absence de considération des étudiants qui règnent : Pour le concours de professeur des écoles, le ministère avait indiqué à la rentrée 2009 qu’avait été « oublié » dans les décrets de juillet 2009 (ce qui montre le sérieux du suivi du dossier !) parmi les pré-requis indispensables pour l’obtention du concours, le certificat de compétences en informatique et internet (C2i), le certificat de compétences en langues (CLES). Un projet de texte communiqué aux directeurs d’IUFM indiquait en février 2010 que ces deux compétences seraient « obligatoires » pour être stagiairisé, donc devaient obligatoirement faire partie des contenus du master.
Un des deux textes soumis au CSE du 6 mai (reporté au 12 mai) indique à présent : « des formations débouchant sur l’obtention du certificat en langues (CLES) et du certificat de compétences en informatique et internet (C2i) seront organisées au bénéfice des stagiaires issus des concours pour lesquels ces pré-requis sont exigés à la date de titularisation. ».
Comment peut-on admettre qu’à quelques mois du démarrage des formations et des éventuelles épreuves d’admissibilité, les textes réglementaires indispensables pour les conditions d’inscriptions au concours ne soient pas sortis ! Une intervention, une annonce du ministre n’est pas un décret ou un arrêté.
La pratique actuelle semble d’ailleurs montrer que le ministère semble souhaiter le moins possible être « contraint » par les textes.
Une absence de cadrage national très préjudiciable
On aurait pu attendre d’un arrêté ministériel sur les compétences à acquérir par les futurs enseignants qu’ à l’image des textes précédents d’avril 2002 ou décembre 2006, il prévoit un cadrage précis des horaires et des contenus de formation valables dans toutes les académies ou départements.
Loin de cet objectif, le texte que va examiner le 12 mai le conseil supérieur de l’éducation le 12 mai se contente d’abroger l’arrêté du 19 décembre 2006 et ne prévoit aucun cahier des charges, aucun cadrage en terme de contenus de la formation.
Le CSE n’avait pu se tenir le 6 mai boycotté par la majorité des organisations syndicales et la FCPE, choqués par l’absence total de cadrage pour la future formation des enseignants, ce qui confirme que loin d’une quelconque amélioration de la formation initiale des enseignants, la refonte prévue vise à démolir toute formation professionnelle des enseignants.
La formation initiale des enseignants stagiaires s’appliquera, en effet, en fonction des moyens et des possibilités pouvant exister dans chaque académie ou chaque département. La seule formation professionnelle dont pourront bénéficier les stagiaires en 2010-2011 sera donc liée au potentiel de moyens susceptible d’exister dans chaque académie et chaque département. Aucun moyen supplémentaire n’est prévu pour l’application de cette circulaire. La réforme de la formation des enseignants montre ici son vrai visage : faire à tout prix des économies budgétaires !
De lourdes conséquences pour certaines académies et certains départements
Cette adaptation aux possibilités locales sans moyens supplémentaires, cette injonction à chaque responsable de se débrouiller avec les moyens disponibles auront de lourdes conséquences.
Il y aura des disparités importantes entre les différentes parties du territoire et les choix effectués seront davantage pilotés par des impératifs de gestion plutôt que par l’intérêt des élèves. En effet, tous les observateurs attentifs du système éducatif le savent, les territoires avec les populations les plus défavorisées sont aussi les zones où il y a le plus de difficultés de remplacement, où dans le premier degré les personnels en ZIL ou en brigades de remplacement sont très insuffisants, où il y a le moins de maîtres formateurs ou de conseillers pédagogiques.
Ce sera donc dans ces départements, ces académies, où faute de moyens suffisants de remplacement adéquats, la formation professionnelle des enseignants risque d’être la plus chaotique, la plus faible, voire inexistante dans un certain nombre de cas, alors que dans ces territoires la réussite des jeunes nécessiterait des enseignants très bien formés.
On marche sur la tête !!! On tourne ainsi le dos à l’égalité de traitement de tous les élèves dans le service public de l’éducation nationale.
Les deux seuls domaines évoqués dans la circulaire d’accompagnement de l’arrêté sont :
– conduite de la classe, gestion des situations conflictuelles et des comportements violents ou discriminatoires ;
– individualisation de l’enseignement.
Ces deux approches sont loin de recouvrir les besoins indispensables à une formation sérieuse d’enseignants.
Enseigner est un métier qui s’apprend.
Cela signifie une vraie gestion de l’alternance. Il est anormal qu’il n’y ait pas de référence, comme dans les textes précédents, à la nécessité d’un travail d’analyses de pratiques. Les moments d’analyse de pratiques sont pourtant des moments décisifs pour que le stagiaire comprenne l’importance d’une posture réflexive, de mise à distance par rapport à ce qu’il a vécu dans sa classe.
L’analyse de pratiques doit permettre au stagiaire de :
– relier les apprentissages effectués en formation et de les éclairer par une mise en perspective ;
– se référer aux savoirs constitués pour mieux nommer et comprendre l’expérience de terrain ;
– faire des choix raisonnés face à des situations complexes en se dotant de repères conceptuels, méthodologiques et éthiques ;
– dégager le caractère multiple et hétérogène du métier enseignant.
Il est anormal de ne pas voir apparaître dans les formations obligatoires :
– la gestion de la diversité des publics scolaires et notamment de la mixité dans les classes
– le travail avec les parents d’élèves
– la psychologie de l’enfant et de l’adolescent.
Encore plus inquiétant et révélateur de la logique de la refonte de la formation initiale des enseignants, la formule dans la circulaire d’application qui indique que « des formations plus individualisées et optionnelles, adaptées au parcours professionnel du stagiaire se déroulant sauf exception hors du temps de service. »
Cela signifie clairement que tout ce qui peut permettre à l’enseignant de mieux s’adapter à sa classe, à ses élèves, de mieux diagnostiquer leurs forces te leurs faiblesses se fera hors du temps de service, comme si quelques recettes généralisantes pouvaient suppléer à une réflexion sur les pratiques pédagogiques les plus appropriées.
Apprendre les gestes professionnels, les gestes du métier, la gestion de la classe et des éventuels conflits, cela ne se résume pas à l’imitation des gestes d’un autre.
L’organisation de « conférences » comme proposée dans le texte pour modèle de formation peut être un danger si elle devient l’essentiel de la formation, car cela peut :
– conforter le stagiaire dans ses préjugés, dans ses idées préconçues sur le métier enseignant ;
– donner une seule vision des réponses à fournir par rapport à une situation sans les confronter avec d’autres réponses possibles ;
– en fait favoriser le conservatisme des démarches pédagogiques en ne permettant pas de réfléchir sur la pluralité des réponses pédagogiques possibles pour mettre en situation d’apprentissage les élèves.
Est-ce ainsi qu’on améliorera les performances de notre système éducatif ?
Alors que des évolutions apparaissent nécessaires à tous les niveaux du système éducatif pour l’améliorer, ce n’est pas une génération d’enseignants parée pour répondre aux enjeux qui s’annonce, mais une génération d’enseignants sacrifiée dans leur formation par souci d’économies à court terme et faute d’une véritable ambition pour une formation professionnelle de haut niveau.
Former des enseignants en alternance, c’est les confronter à la globalité, à la complexité du métier d’enseignant, donc cela nécessite obligatoirement une approche différenciée, diversifiée. Il s’agit de former et non de formater.
L’enseignant est un concepteur, il n’est pas qu’un simple exécutant, il prend lors de chaque séquence, lors de l’articulation entre les séquences, des dizaines, des centaines de microdécisions. Il n’est pas un simple exécutant d’où l’enjeu d’une véritable démarche réflexive en formation au travers notamment des analyses de pratiques.
Les enseignants débutants prennent aussi quotidiennement de multiples décisions dans d’autres buts que celui de l’enseignement disciplinaire : pour obtenir le calme en classe, pour capter leur attention, pour entretenir leur motivation ou préserver ses propres forces.
L’enseignant est aussi un aiguilleur. Dans le cas des élèves à besoins éducatifs spécifiques, il a à participer dans le cadre de son cœur de métier au diagnostic de la situation du jeune concerné, mais il n’a pas à donner au jeune et à sa famille l’impression qu’il est en capacité de traiter toutes les situations. Il doit les aiguiller vers les professionnels compétents dans les différents domaines concernés.
Etre enseignant, c’est bien connaître ceux qui peuvent compléter son action. Le partenariat, ce n’est pas se concurrencer, c’est agir en complémentarité, donc bien connaître son cœur de métier et le cœur de métier des professionnels qui peuvent agir pour accompagner le jeune.
La mise en œuvre du socle commun de connaissances et de compétences à l’école et au collège, la réforme des lycées, la nécessaire lutte contre l’échec scolaire et l’absentéisme scolaire, tout cela nécessite des enseignants bien préparés à la diversité des pratiques de l’exercice du métier enseignant.
Jean-Louis Auduc
Directeur adjoint d’IUFM
Derbiers articles de JL Auduc dans le Café :
Un arrêté en trompe l’œil
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/03/1703[…]
Un texte qui tourne le dos aux besoins
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/03/Form[…]
Deux années pour en arriver là !
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/01/Auduc_D[…]
Le dossier formation du Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ReformeFormation.aspx