« Il est incompréhensible que ces programmes ne fassent pas l’objet d’une formation ». A quelques semaines de la mise en application des programmes de maternelle, Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, dénonce le 28 mai le manque d’initiatives du ministère de l’Education nationale pour la formation des professeurs de maternelle. Un cri d’alerte qu’il élargit à la consultation en cours sur les programmes de l’école élémentaire. « L’enseignement primaire, hier priorité, est sorti des radars de la rue de Grenelle », déplore-t-il. L’Education nationale est-elle incapable d’accompagner le changement ?
L’Education nationale et le changement
« Avoir de beaux programmes ne suffit pas », explique S Sihr. « Ce qui compte c’est ce qu’en font les enseignants. Or rien ne se passe depuis la publication des programmes ». Selon le Snuipp, seulement 74 professeurs de maternelle sont partis en stage en 2014. 3 300 ont bénéficié d’une animation pédagogique (une séquence de 3 heures faite par un inspecteur) sur 90 000 professeurs de maternelle, soit 4%.
Alors que les nouveaux programmes rompent avec ceux de 2008 et qu’ils entrent en application à la rentrée 2015, le Snuipp ne voit pas comment les enseignants pourraient appliquer des points nouveaux, comme le travail sur la numération ou la découverte du principe alphabétique, sans formation sans formation. Pour le moment , selon le Snuipp, les enseignants n’ont même pas reçu les nouveaux programmes… Ce n’est d’ailleurs pas mieux coté formation initiale puisque, selon le Snuipp, 13 Espe n’ont toujours rien inscrit de spécifique pour la maternelle dans leur maquette.
Alors, S Sihr demande une formation de 3 semaines aux nouveaux programmes pour tous les enseignants de maternelle. Il la voit étalée sur 3 ans en faisant appel aux remplaçants.
Le primaire déjà oublié ?
S. Sihr s’inquiète aussi de la consultation sur les rythmes. Elle sera bientôt close et peu d’enseignants semblent avoir répondu à un questionnaire qui comporte une centaine de questions. Pour S Sihr, tout cela est le signe du désintérêt du ministère envers le primaire. « On dit souvent que les syndicats disent non à tout. Sur les programmes de maternelle nous disons « oui » et c’est la ministre qui est dans l’immobilisme ».
La déception du Snuipp se porte aussi sur les postes. Certes 9182 ont été créés dans le primaire depuis 2012. Mais 26 000 avaient été supprimés depuis 2005. A la rentrée 2015, sur les 2511 postes créés, 1500 seront pris par les nouvelles dispositions en faveur des directeurs et de l’éducation prioritaire. Il restera 700 postes pour faire face à l’arrivée de 25 000 nouveaux élèves. « On risque de passer à coté d’une occasion de réformer l’Ecole », conclue S. Sihr.
François Jarraud