« Cette évolution de l’offre de formation induira une meilleure cohérence des filières professionnelles en créant des passerelles supplémentaires entre les deux grandes formations de l’enseignement professionnel que sont le C.A.P. et le Bac Pro ». Darcos a beau dire sa réforme qui consiste à diminuer d’un an la formation n bac pro mobilise des profs et des lycéens. Un compromis est-il possible ?
Bac pro en 3 ans : Le ministère impose des fermetures dès 2008
Dès la rentrée 2008, la moitié des BEP tertiaires (vente, compta, secrétariat, communication), un tiers des bep hôtellerie, électronique, électrotechnique, par exemple, devront être transformés en 1ère année d’un bac pro en 3 ans. C’est ce que révèle une lettre envoyée par X. Darcos aux recteurs le 29 octobre, mise en ligne par le Snuep. Au total cela devrait concerner un quart des élèves entrant en BEP.
L’opération déclanchée par le ministre s’effectue sans préparation : « le contenu de la première année de formation sera adapté par les équipes pédagogiques en prenant en compte les référentiels et les programmes des BEP et des bacs professionnels » écrit le ministre. Or cette absence de programmes avait été identifiée par l’inspecteur général Didier Prat comme une des sources d’échec en bac pro en 3 ans.
Les documents
http://www.snuep.fr/secteur_education
Bac pro en 3 ans : le ministre s’explique
« Alors que la Nation s’est fixé comme objectif d’amener 80 % d’une génération au bac et que les attentes en termes de qualification professionnelle sont de plus en plus fortes, ce cursus d’une durée de quatre ans limite aujourd’hui le nombre d’élèves de la filière professionnelle susceptible d’atteindre le niveau du baccalauréat ». Alors qu’un nombre croissant de lycéens contestent la suppression du bac pro en 4 ans (2 années de Bep puis 2 années de bac pro) et son remplacement parle bac en 3 ans, Xavier Darcos s’explique sur cette décision.
« Cette évolution de l’offre de formation induira une meilleure cohérence des filières professionnelles en créant des passerelles supplémentaires entre les deux grandes formations de l’enseignement professionnel que sont le C.A.P. et le Bac Pro. Ainsi pour les titulaires de C.A.P., la possibilité de rejoindre le baccalauréat professionnel en cours de cursus sera créé… De même les élèves de seconde professionnelle (1ère année du baccalauréat professionnel 3 ans) qui ne souhaiteraient pas aller jusqu’au Bac Pro pourront rejoindre la seconde année de C.A.P. Le B.E.P. sera… délivré à l’issue de la classe de première professionnelle (2nd année de Bac Pro en trois ans) ».
Le ministre entend répondre ainsi aux critiques qui soulignaient la disparition des passerelles entre le BEP et le lycée technologique. Reste un point souligné par l’Inspection générale en 2005 : tous les élèves de 2de professionnelle n’ont pas le niveau scolaire suffisant pour atteindre le niveau bac en 3 ans. Faut-il pour autant les condamner au cap ?
Communiqué
Quand les lycéens disent la même chose que l’Inspection générale…
Les élèves craignent une baisse de niveau de la formation et son inadaptation aux besoins des élèves les plus faibles. La réduction du bac en 4 ans sur 3 années seulement ampute en effet considérablement les heures d’enseignement. La Cgt Education a pu calculer que 612 heures de formation professionnelle disparaîtraient.
Ces revendications sont d’autant plus à prendre au sérieux qu’elles se recoupent avec les observations faites par l’inspecteur général Didier Prat au terme de 4 années d’expérimentation des bacs pros en 3 ans. Il écrivait, en 2005, » il y a lieu de souligner qu’une grande majorité d’élèves ne peut pas suivre un parcours vers un baccalauréat professionnel en trois ans au terme du collège ». Sur ce point cet avis rejoint les remarques des organisations lycéennes. Et il ajoutait : » l’enthousiasme suscité lors de la mise en place de cette expérimentation, a laissé place parfois à une certaine perplexité voire à une réticence de la part des enseignants, des élèves ou des apprentis et des responsables institutionnels, compte tenu des difficultés de recrutement et d’une insuffisance d’encadrement ». La crise semble donc venir de loin.
Communiqué UNL
http://www.unl-fr.org/actu_view.php?id=243
Dans le Café,le rapport Prat
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2005/actu_68_Enseignementprofessionnel.aspx
Un rapport du Sénat très critique
X. Darcos doit encaisser un coup porté parles rapporteurs de son budget au Sénat. Ceux-ci critiquent sévèrement la généralisation du bac pro en 3 ans. » La généralisation hâtive du baccalauréat en trois ans fait courir le risque de l’impréparation, avec les conséquences qui l’accompagnent naturellement. Votre rapporteure juge donc nécessaire de prendre le temps de la réflexion à ce sujet et de se déprendre de l’idée qu’il serait nécessaire d’appliquer le même traitement à toutes les filières. Les progrès futurs de l’enseignement professionnel se mesureront bien au contraire dans sa capacité à prendre en compte les besoins singuliers des élèves, sans chercher à leur imposer un rythme d’études en particulier, qui pourrait ne pas leur convenir » écrit la rapporteure. Elle dénonce un « pilotage qui semble manquer d’ambitions claires » et émet un avis défavorable à l’adoption de ce budget.
Rapport au Sénat
http://www.senat.fr/rap/a07-092-5/a07-092-550.html#toc414
Bac pro en 3 ans : les syndicats refusent la réforme
Chaque syndicat le fait dans son style. Mais le 26 novembre, le Se-Unsa et le Snetaa,particulièrement important dans l’enseignement professionnel,ont pris nettement position contre le projet ministériel de généralisation du bac pro en 3 ans.
Le SE-UNSA dénonce « une approche comptable cynique de la « revalorisation » de la voie professionnelle ». Il rappelle les rapports officiels de ces dernières années qui allaient contre la généralisation. » Le SE-UNSA ne peut accepter que les élèves les plus fragilisés ne trouvent plus de parcours de réussite dans le service public d’éducation. Il soutient une diversification des parcours vers le bac pro mais s’oppose résolument à une généralisation motivée par les économies budgétaires ! Le parcours en 4 ans doit rester possible ».
Pour le Snetaa , le Bac pro 3 ans est un dispositif « voulu par le patronat dans le but d’affaiblir tout l’édifice des diplômes nationaux et des conventions collectives ». Le syndicat dénonce « un véritable coup de force porté à l’Ecole de la République ».
A ces critiques, X. Darcos répond par le développement du bac pro. » Ce cursus d’une durée de quatre ans limite aujourd’hui le nombre d’élèves de la filière professionnelle susceptible d’atteindre le niveau du baccalauréat ». Le ministre reprend ici un argument du rapport d’audit sur l’enseignement professionnel qui déplorait le gaspillage de places en enseignement professionnel. « Pour 100 places de formation financées, seulement 50 à 70% des élèves seront in fine diplômés compte-tenu de l’abandon, des échecs et du non-remplissage des classes » écrit le rapport. « Le rapport coût/efficacité n’est donc pas satisfaisant ». C’est qu’en effet le taux d’abandon est de 12 à 13% en Cap, 8% en Bep et 11% en bac pro.
Les chefs d’établissement du Snpden condamnent « la précipitation qui consiste à supprimer les formations au BEP ». La Fep Cfdt, syndicat de l’enseignement privé, dénonce une mesure qui « hypothèque la réussite des élèves » et supprimera des emplois d’enseignants.
Communiqué Snetaa
http://www.snetaa.org/actu07/doc2007/com_21_11_2007_snetaa_snlcfo.pdf
Communiqué Se-Unsa
http://www.se-unsa.org/presse/comm/page.php?id=071126
Communiqué Darcos
Sur le Café : éditorial
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2007/11/26112007Accueil.aspx
Sur le Café :l’audit sur l’enseignement professionnel
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2007/r2007_enseignementprof.aspx
La FCPE demande une concertation sur le bac pro en 3 ans
« Le nouveau format du bac pro en 3 ans pourra permettre à des jeunes d’aspirer légitimement à un cursus de formation professionnelle sur une durée compatible avec une insertion professionnelle. L’accès à des formations de niveau bac +2 voire des licences professionnelles sera facilité. Les lycéens en bac professionnel seront enfin mis sur un pied d’égalité avec ceux des filières technologiques et générales » relève la Fcpe qui estime positive la mesure de généralisation du bac pro en 3 ans.
Mais la Fcpe estime aussi que « le maintien du BEP est nécessaire, car tous les jeunes ne disposent pas des acquis nécessaires leur permettant d’accéder directement au niveau d’exigence du baccalauréat professionnel ».
Communiqué Fcpe
http://www.fcpe.asso.fr/ewb_pages/a/actualite-fcpe-2075.php?PHPSESSID=49klfe0idmu46lr0ucl5mu48a4
Darcos peut-il calmer le jeu ?
Mardi 11, le ministre de l’éducation nationale a semé le chaud et le froid. Le froid parce qu’il a confirmé sa volonté d’imposer le bac pro en 3 ans. Le chaud car il a justifié la mesure en promettant que son seul souci était d’améliorer l’accès au bac et il a admis que le dispositif en 4 ans pourrait demeurer « dans certaines filières ». C’est que le même jour le ministre recevait les sommations d’une intersyndicale lui demandant de négocier cette réforme.
Parallèlement un mouvement se dessine dans les LP. Les lycéens ont ouvert la voie par des manifestations parfois violentes. L’UNL reconnaît que « la possibilité d’un Bac Pro en 3 ans peut être intéressante » mais est contre la généralisation. « Qu’en sera-t-il des élèves pour lesquels une formation en 4 ans sans redoublement est nécessaire pour arriver au Bac pro ?… Sera-t-il encore possible de préparer un BEP d’une filière et de s’orienter vers un Bac pro d’une autre filière ? … Pouvons-nous espérer qu’avec votre réforme tous les titulaires de ce diplôme souhaitant continuer leurs études le pourront ?. »
Maintenant, les lycéens sont en passe d’être rejoints par des enseignants. Entre le 18 et le 20 décembre, plusieurs académies annoncent des mouvements. Ainsi,par exemple,à Lille, le 20, la Cgt, la Fsu, FO, le Snetaa, Sud, et la CNT appellent à la grève. Ils dénoncent « le coup de force ministériel » et craignent « le renforcement du pouvoir décisionnel de la région ». Pour mieux comprendre ce mouvement , le Café a demandé à trois professeurs de lycée professionnel d’expliquer leur opposition. « Il n’y a aucune réflexion par exemple sur le devenir de ces élèves post Bac, ni sur les programmes, ni sur l’évaluation, ni sur une approche pédagogique innovante et le soupçon de vouloir faire des économies est très probable. Aucune consultation des gens de terrain (nous !). Bref tout est bâclé… Etc … car c’est urgent ! » nous disent-ils.
Alors Darcos peut-il répondre positivement aux critiques ? Deux revendications semblent émerger. La première concerne l’impréparation des programmes : la réforme est lancée avant même que des programmes soient prêts. Déjà en2005, l’inspecteur général Didier Prat avait souligné que cette impréparation était cause d’échec. Le ministère répond à cette critique en mettant en circulation un projet de programmes. Il n’apporte pas de réponses à l’autre interrogation qui taraude les lycées : celle du devenir des élèves trop faibles en 2de professionnelle pour espérer atteindre le bac sur trois ans. Cette exigence de justice mérite pourtant réponse.
La seconde concerne
Lire les réponses des enseignants sur le Café
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/141207Bacpropensent.aspx
Communiqué UNL
http://www.unl-fr.org/actu_view.php?id=252
Pour suivre le mouvement des LP
http://www.cetace.org/forums/viewforum.php?f=61
Le dossier de presse du ministère
Janvier : Mobilisation à Créteil pour le bac pro en 4 ans
Cgt, FO, Sgen, Snes, Snuep, Snetaaa, Sud, Sncl, Cgc, Se-Unsa :à Créteil tous les syndicats appellent à un rassemblement le 15 janvier pour protester contre le développement du bac pro en 3 ans.
Ils craignent que la nouvelle filière soit inadaptée à certains élèves, quele diplôme de Bep soit dévalué et que la mesure entraîne la suppression d’un poste sur 4 avec, dans cette académie,le licenciement d’auxiliaires.
Communiqué