« L’évaluation une vraie question politique » : c’est ainsi que Claude Lelièvre titre sa chronique sur son blog. Si l’évaluation est bien une question politique alors quelles conséquences cela a-t-il sur l’Ecole et sur la démarche entreprise par la ministre ? L’évaluation échappe-t-elle au politique ou/et au réglementaire ?
C Lelièvre se base, pour parler d’une question politique, sur le fait que la loi d’orientation a fixé un cap de révision des modes d’évaluation. La question de l’évaluation renvoie aussi à celle du curriculum posée par RF Gauthier. La démarche ministérielle, initiée par V Peillon, reprise par B Hamon et relancée par N Vallaud-Belkacem se situerait dans l’esprit d ela refondation et dans l’application de la loi d’orientation. Ajoutons que la démarche de N Vallaud Belkacem est des plus classique : réunir une commission pour investiguer un sujet et faire du bruit médiatique, en publier els recommandations et demander à un Conseil, le Conseil supérieur des programmes, d’en décliner des textes que la ministre publiera.
Mais peut(on réellement changer par en haut les modes d’évaluation ? On sait qu’un siècle après l’interdiction des devoirs à la maison au primaire ceux-ci continuent à exister. Si on observe l’histoire des modes d’évaluation en France, on sait aussi qu’ils n’ont pas été décidés par les politiques. Le modèle vient des écoles congréganistes et l’école publique l’a reprise en concurrence avec elle. L’évaluation a connu des évolutions sensibles indépendamment de tout pouvoir politique. C’est la cas après mai 1968 quand l’évaluation par lettres remplace pour quelques années la note sur 20 dans l’atmosphère de renouveau qui a suivi mai. C’est le cas en ce moment où l’enseignement primaire a déjà largement abandonné la notation sur 20 de la propre initiative des enseignants.
Cela ne veut pas dire que l’évaluation échappe au calendrier politique. Bien au contraire il en suit le mouvement de fond. On vientd e le voir pour mai 1968. Mais un autre exemple éclairant est rappela par la revue Education et francophonie. La question de la note est entrée dans le débat politique dans le canton de Genève avec un référendum en 2006 où le peuple genevois a tranché en faveur d’un retour à une évaluation sommative.
Ce que montre Lucie Mottier Lopez c’est que deux choses. La première c’est qu’une première injonction politique de faire une évaluation formative a été peu accueillie par les enseignants. La seconde , appelant à rétablir l’évaluation sommative, n’a pas bouleversé le paysage. Sur le terrain pédagogique les enseignants s’en tiennent à ce qu’ils jugent bon pour leurs élèves. Seule la formation peut faire bouger els lignes. Mais justement, à Genève, personne ne demande de formation à l’évaluation formative…
Le seocnd enseignement c’est que la question de l’évaluation est hautement politique. Ele renvoie au débat politique qui se porte d’autant plus sur des questions de société que le domaine économique semble une impasse. L’exemple genevois de 2006 montre comment un changement de majorité politique se construit sur une question scolaire. C’est en agitant cette question que la droite a regagné du pouvoir et imposé ses vues. Il y a bien un lien entre choix d’évaluation et tendance politique. Dans le contexte politique actuel du pays, en posant la question des modes d’évaluation la ministre pourrait bien réveiller une opinion publique devenue plus exigeante et élitiste. La leçon genevoise c’est que le risque est plus grand pour le ministre que pour le système éducatif.
François Jarraud