Par Eric Castanet
Les Vies de Marie Curie, le nouvel album de Fiami sort au mois de juin. Qui est donc cet auteur ? D’où lui vient son inspiration ? Venez découvrir son univers, son œuvre !
Comment êtes-vous tombé dans la marmite de la BD ?
Avec Tintin, Lucky Luke, Astérix, Gaston, Blueberry, Tanguy–Laverdure, toutes les BD joyeuses de mon enfance qui me faisaient aussi voyager.
Quels seraient les conseils que vous donneriez à quelqu’un qui veut se lancer dans la BD?
Se donner de peine, ne pas se décourager et se faire plaisir.
D’où vous vient cet intérêt pour la Science ?
De ma première BD sur l’histoire des sciences : « Les vies d’Einstein ». Elle est née de l’idée du responsable de la communication du CERN qui appréciait mon travail et m’a suggéré en 2003 d’en faire une sur Einstein.
Comment travailler vous le dessin ?
Je me documente beaucoup (dans des bibliothèques et sur Internet) sur les différentes époques étudiées pour essayer de créer une atmosphère propre à chaque période. Avec mon vocabulaire graphique très simple, j’essaye de communiquer un maximum avec un minimum d’éléments. La mise en couleur est une espèce de dessin complémentaire qui permet la lisibilité finale. Dans « Les vies de Marie Curie » chaque épisode à une couleur dominante (selon la saison ou le décor).
Parlons inspiration, est ce qu’on peut dire qu’il y a des dessinateurs ou scénaristes qui vous ont particulièrement inspirés ?
Hergé, Goscinny et Sempé sont pour moi des références absolues. J’aimerais leur arriver un jour à la cheville.
Pouvez-vous nous parler de vos deux premières BD sur l’histoire des sciences ?
Traduites en 10 langues, elles sont utilisées dans de nombreuses écoles à travers le monde à des niveaux très différents, de l’école primaire à l’école d’ingénieurs en passant par les lycées.
« Les vies d’Einstein » raconte une histoire de la physique avec Einstein comme fil rouge qui traverse 6 grandes étapes de l’histoire de la physique. « Les vies de Galilée » raconte 6 grandes étapes de l’histoire de l’astronomie avec Galilée comme fil rouge. J’essaye à chaque fois d’être gai et juste scientifiquement et historiquement.
Comment a démarré l’aventure: Les Vies de Marie Curie ?
Un professeur de chimie qui avait lu et apprécié « Les vies de Galilée » m’a envoyé un courriel pour m’inviter à me lancer dans cette nouvelle aventure. J’ai beaucoup hésité car la chimie était pour moi un souvenir d’école difficile (j’ai failli rater mon bac à cause de ma note de chimie). Ce qui m’a décidé, c’est d’utiliser le personnage de Marie Curie pour parler d’histoire des sciences et de femmes. Pourquoi pendant des millénaires, la moitié de l’humanité (les femmes) a été privée du droit d’apprendre ? Dans chacun des 6 épisodes on découvre des femmes, célèbres ou anonymes qui ont lutté pour obtenir ce droit. Au côté de Marie Curie, on rencontre notamment Mme Aristote, Mme Lavoisier ou Olympe de Gouges (qui a rédigé la déclaration des droits de la femme en 1791).
En tant que non-spécialiste des sciences, comment avez-vous travaillé pour les Vies de Marie Curie ?
Je ne suis ni historien ni scientifique, juste auteur de BD. Comme pour chaque album, je m’entoure de spécialistes, en l’occurrence de chimistes, de professeurs d’histoire des sciences, de pédagogues et de philosophes.
Comment s’articule le scénario de votre dernière BD ?
Je raconte 6 grands moments de l’histoire de la chimie en essayant de montrer l’évolution de la place de la femme dans la société et la science. Marie Curie joue le personnage fil rouge qu’on voit grandir au fil des 6 épisodes :tour à tour elle est une petite esclave d’Aristote, une adolescente déprimée guérie par Paracelse, la gouvernante des Lavoisier, une étudiante de Mendeleïev, elle-même en 1911 et un modèle de femme scientifique en 2011.
Avez-vous une visée pédagogique ?
J’essaye de donner une culture générale scientifique sans être ennuyant. C’est mon gros souci : comment parler de sujets parfois très pointus tout en restant accessible et si possible drôle. Il faut que mes BD plaisent à la fois aux élèves et aux enseignants. Pour ces derniers j’ai mis sur mon site Internet un document (téléchargeable gratuitement) contenant des suggestions pour faciliter l’utilisation en classe des albums. Par sa structure en 6 épisodes, la BD peut être utilisée de façon très souple, comme complément d’un cour ou comme point de départ d’une exposition. Les non scientifiques découvriront que la science, avant d’être une histoire de formules (souvent incompréhensibles) est d’abord une formidable aventure humaine. J’essaye aussi de rappeler que la science n’a pas de propriétaires, elle est une histoire de partages de connaissances sur différents continents à diverses époques, ça me semble essentiel de le rappeler à l’heure du règne des brevets et de la science privée.
Avez-vous des projets en cours ?
Plein. J’espère que je pourrais en réaliser quelques-uns.
Où peut-on se procurer vos BD ?
Il suffit de les commander sur mon site Internet www.fiami.ch et attendre une petite semaine pour être livré. En Suisse, on le trouve aussi en librairies et grandes surfaces.
Le site de Fiami.
Documents pédagogiques pour l’utilisation en classe des albums :
http://www.fiami.ch/MC/MC_F/MC_F_ecoles.html
Sur le site du Café
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