Par François Jarraud
Spécialiste du système éducatif français, coordinateur de » École ségrégative, école reproductive » Choukri Ben Ayed connaît bien les inégalités sociales dans le système éducatif français. Il voit dans la publication par l’OCDE des Regards sur l’éducation, la confirmation des travaux des chercheurs. Mais comment les prendre en compte ?
L’OCDE vient de publier des données très sévères pour le système éducatif français. Sont-elles conformes à vos propres relevés ?
Ce sont des données internationales et on fait confiance à l’OCDE pour le sérieux de leur traitement. Au niveau national, on n’est pas surpris. On a pointé le seuil de 1995 avec la croissance des inégalités et la baisse des indicateurs des résultats. Pour le coup on n’est pas dans la controverse sur le chiffres. Au contraire on a l’objectivation officielle du constat que l’on a dressé. Sans discrédit possible.
Que faudrait-il faire pour sortir l’ Ecole de l’ornière ?
On a tellement dérégulé que le chantier est à prendre dans de multiples directions. Toutes les décisions prises ces dernières années ont contribué à dégrader la situation. Tout est à reprendre depuis la formation des enseignants aux curriculums en passant par les formes de soutien aux élèves. C’est un chantier colossal d’autant qu’en matière d’inégalités il y a des interactions entre la famille, les politiques locales plus ou moins molles et les politiques éducatives.
Finalement, ces données sont une grande alerte pour stopper le sens actuel des politiques éducatives en France. On fait fausse route. La libéralisation des établissements scolaires c’est une fausse route. La formation des enseignants telle qu’on l’a fait actuellement c’est aussi une fausse route. C’est une alerte grave. Elle doit inciter les candidats aux présidentielles à poser les bonnes questions pour l’avenir de l’Ecole.
Propos recueillis par François Jarraud
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Pour une vraie égalité des chances…