Et de neuf !
par Bérénice KAL
Neuf ans que le SNUipp tient son université d’automne et son succès ne se dément pas. Cette année, il a fallu se serrer un peu pour que les 450 participants plongent dans le grand bain de la pédagogie. La crise ne semble pas avoir découragé tous ces enseignants venus écouter, débattre et faire progresser la réflexion avec les pédagogues, sociologues, formateurs et spécialistes du système éducatif qui ont répondu à l’invitation du SNUipp.
Pour les participants, c’est un marathon des ateliers qui s’engage. La protection de l’enfance, la maternelle, la littérature de jeunesse, l’évaluation, l’art, les sciences, l’orthographe, le handicap, la laïcité, la formation des enseignants et les gestes professionnels, l’échec scolaire… sont autant de thèmes qui s’offrent à eux durant ces trois jours.
Chacun, y venant porteur de sa propre expérience, n’en tirera pas les mêmes apports. Entre Carole, 27 ans, sortie de l’IUFM il y a deux ans, et Florence, enseignante spécialisée actuellement stagiaire DDEEAS (directeur établissement spécialisé), les attentes ne sont pas identiques. Pour la première, ce qui l’importe, c’est de pouvoir prendre du recul sur sa pratique, de pouvoir réfléchir sur ce qu’elle fait en classe. Elle a besoin de sortir la tête du guidon et de pouvoir se rassurer par rapport à son métier. Florence, elle, est sensible à tout ce qui touche à la culture. Les recherches autour des livres pour la jeunesse lui ont beaucoup apporté. Mais elle souhaite aussi prendre connaissance des travaux de recherche, notamment en psychopédagogie, et suivre l’évolution des pratiques d’enseignement.
Valérie, enseignante depuis 17 ans vient pour la première fois à l’université d’automne. C’est une amie qui l’a convaincue de la richesse des ateliers et des conférences. Elle n’est pas particulièrement impliquée dans les actions syndicales mais apprécie qu’un syndicat offre un tel espace de réflexion et d’échange : « c’est une chance de pouvoir côtoyer autant de pédagogues, de sociologues, de chercheurs et d’échanger aussi facilement avec eux. Dans les ateliers, il y a beaucoup d’interventions et ça me permet de comprendre les questions que les autres se posent. J’ai choisi les ateliers auxquels je participe en fonction de mon parcours et des problématiques liées à mon expérience. Mais le questionnement des autres est aussi très enrichissant. »
Pour Juliette, enseignante en CM1 c’est aussi la première université d’automne. C’est Sophie, qui participe à sa quatrième université, qui l’a entrainée avec elle. Juliette recherche des apports, des réflexions sur le plan politique et pédagogique. « Les réformes actuelles sont inquiétantes et je souhaite m’informer sur l’évolution du système éducatif français. Le programme qui est proposé est très riche. Je connaissais certains intervenants comme C. Tauveron et Y. Quere, par la presse ou les livres. »
Pour Sophie, c’est l’occasion de prendre du recul par rapport au métier, d’échanger des pratiques avec les collègues, de les rencontrer. « Prendre connaissance des travaux des chercheurs est pour moi très important car j’utilise ces apports dans ma pratique. Une année, j’ai pu utiliser les travaux présentés par R. Goigoux et S. Cèbe sur la phonologie en maternelle. Ce qui est intéressant c’est de réfléchir sur le pédagogique, mais aussi sur nos valeurs, de saisir les évolutions de notre système éducatif. Je souhaiterais que les actes de l’université soient plus détaillés : il est impossible de suivre tous les ateliers proposés ! »
Dès la pleinière, Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUipp revient sur les enjeux de la transformation de l’école. « L’avenir d’un individu est lié à son parcours scolaire ; et quand 150 000 jeunes quittent actuellement le système éducatif sans qualification, les difficultés sont bien réelles. Il ne s’agit pas pour autant de renoncer. Bien au contraire, en refusant les déclarations simplistes, que ce soit sur la maternelle ou les RASED, les enseignants ont su mettre en avant leur conception du métier et contraindre le ministre au dialogue. La reconnaissance du travail des enseignants et des chercheurs est donc en jeu ». Pour Roger Establet et Christian Baudelot, qui ouvrent le ban, le problème est bien là. Si les enseignants avaient pu faire respecter leurs efforts pour enrayer l’échec scolaire tout en étant soutenus par les parents, aujourd’hui l’école produirait moins d’inégalités. Mais comme rien n’est perdu, c’est sans concession qu’ils interrogent ensuite le système éducatif français, au regard des comparaisons internationales pour casser définitivement les idées reçues.
Cette année les droits de l’enfant sont aussi à l’honneur avec la commémoration du vingtième anniversaire de la convention. La soirée anniversaire qui lui est consacrée, marque un temps fort d’une réflexion qui s’est égrainée au fil de nombreux ateliers. Il s’agit en effet de faire le point sur les avancées et le chemin qui reste à parcourir pour que tous les enfants du monde, c’est-à-dire aussi les enfants avec lesquels chaque enseignant travaille chaque jour, bénéficient de tous leurs droits.
Nouveauté cette année, l’université d’automne est en image. Le soutien de la MGEN a permis pour la première fois des interviews filmés des 35 intervenants, qui seront accessibles sur le site du SNUipp.
Le commentaire de Luc Cédelle, journaliste du Monde, sur son blogLe Davos des Instits
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