- Laïcité : Questions autour d’une charte
- Jean-Louis Auduc : Un bel outil à faire vivre
- EPS : Une charte de la laïcité, oui… mais pour qui?
- La charte de la laïcité inaugurée à l’école Vitruve
- Et ailleurs…
La charte de la laïcité est-elle une réponse de gauche à une question française ? En convoquant trois ministres, un président de l’Assemblée nationale, celui du Conseil économique, social et environnemental, de hautes personnalités comme Robert Badinter, la publication de la charte de la laïcité, le 9 septembre, est traitée par le gouvernement comme un événement politique majeur. Quel contenu pour ce texte ? Quelles intentions dans sa rédaction ? Quelle histoire aussi dans l’institution scolaire ?
Que dit la Charte de la laïcité ?
Le texte final, dévoilé par le ministère le 8 septembre, est quasiment identique à celui que le Café pédagogique a publié le 12 juillet. Seul l’article 1, qui faisait préambule et qui n’évoquait pas les compétences, a été retiré. L’ordre des articles a été légèrement modifié pour arriver à 15 articles au lieu de 17. La charte affirme quela laïcité « permet l’exercice de la liberté d’expression des élèves ». Elle fixe le principe de stricte neutralité des enseignements : « les personnels ont un devoir de strictes neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions ». Elle pose le principe que « nul ne peut se prévaloir de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer aux règles applicables dans l’Ecole de la République… Aucun élève ne peut ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme ».
Un texte libérateur ?
Vincent Peillon insiste sur le coté libérateur du texte. » La laïcité doit permettre à chacun de s’émanciper, de s’épanouir et de trouver sa propre liberté », déclare-t-il au Journal du Dimanche le 8 septembre. » Plutôt qu’une arme et une défiance, voyons (la laïcité) comme un pacte de confiance où chacun d’entre nous accepte qu’il y ait un espace commun dans lequel nous devons réserver un certain nombre de nos opinions personnelles, et où en contrepartie personne ne doit être inquiété pour une opinion, une croyance ou une appartenance. La laïcité libère, mais elle garantit et protège aussi… La laïcité libère, elle n’opprime pas. La laïcité respecte, elle ne stigmatise pas. La laïcité pacifie, elle ne brutalise pas « . Pour Jean-Louis Auduc, spécialiste de la question, » c’est bien d’avoir un texte qui montre la laïcité au quotidien et qui insiste sur le fait qu’elle est un outil de liberté. D’ailleurs ce mot est celui qui revient le plus souvent dans la charte. Cette charte casse l’image réductrice d’une laïcité d’interdiction et met en avant la liberté de conscience, de la personne, l’enjeu de la culture commune et partagée. La charte est bien équilibrée entre les 3 principes de la laïcité : la primauté de l’Etat avec ses programmes d’enseignement, la liberté de conscience et d’expression, l’égalité de traitement des croyances et des incroyances. »
Un accompagnement pédagogique
Le ministre a annoncé qu’une circulaire demandera aux directeurs et chefs d’établissement de mettre en oeuvre autour de la charte « une pédagogie de la laïcité ». » Un texte de commentaire de la charte, article par article, sera disponible pour aider les professeurs, les CPE, les chefs d’établissement à se l’approprier. J’ai par ailleurs demandé à ce que ces notions soient enseignées dans les nouvelles écoles du professorat et de l’éducation, et un module numérique à destination des professeurs est en cours de finalisation. » On s’achemine vers la publication d’un kit pédagogique et la mise en place d’un module de formation initiale. Jean-Louis Auduc trouve cet effort insuffisant. » On a eu dans le passé une charte de la citoyenneté dont les personnels ne s’étaient pas emparés. J’espère que le ministre lancera une grande action de formation dans les semaines qui viennent auprès des professeurs principaux. Le ministre a annoncé un kit pédagogique de complément. Il faut aussi des réunions où on donne des indications, où on présente le kit. Il ne faut pas se limiter à l’envoyer si l’on veut une véritable appropriation ».
Un sujet éminemment politique
C’est que la question de l’enseignement des valeurs morales à l’Ecole a fait un grand retour ces dernières années. Qui a dit : » Dans un contexte d’évolution constante des comportements individuels et des usages sociaux, il appartient plus que jamais à l’École, par la voix et l’exemple de ses maîtres, d’asseoir les bases d’un exercice bien compris de la liberté individuelle au sein de la société. » Ce n’est pas Vincent Peillon. C’est Luc Chatel en 2011. Le retour de la morale à l’Ecole est devenu un sujet constant des derniers ministres de l’éducation nationale. Chatel comme Peillon se défendent d’ailleurs d’un retour à la morale de grand papa. » Il s’agit avant tout d’aider chaque élève à édifier et renforcer sa conscience morale dans des situations concrètes et en référence aux valeurs communes à tout « honnête homme» », disait Chatel en évoquant l’instruction morale. » La morale laïque, cela n’a rien de vieillot », nous disait Vincent Peillon en 2012. « Il ne s’agit pas de réciter des préceptes ou d’ânonner des maximes, mais d’enseigner la liberté, de réfléchir au sens de la vie ». Ces idées on les retrouve dans la loi d’orientation adoptée en juillet 2013. » L’enseignement de la morale laïque, tout comme l’instruction et l’éducation civiques, participe de la construction d’un mieux-vivre ensemble au sein de notre société. Ces enseignements visent notamment à permettre aux élèves d’acquérir et de comprendre l’exigence du respect de la personne, de ses origines et de ses différences, mais aussi l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que les fondements et le sens de la laïcité, qui est l’une des valeurs républicaines fondamentales ». C’est dans ce contexte que V. Peillon publie sa charte. Dans une France en mal de repères et de valeurs communes, l’enseignement des valeurs à l’Ecole a été d’abord une réponse de droite. Elle est maintenant reprise par la gauche. Mais à sa façon.
François Jarraud
La charte qui est publiée aujourd’hui
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L’Expresso du 12 juillet
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/07/12072013Ar[…]
Jean-Louis Auduc le 7 septembre
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/09/06092013A[…]
V Peillon dans le Journal du Dimanche
http://www.lejdd.fr/Societe/Education/Actualite/Vincent-Peillo[…]
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- Et ailleurs…
La publication le 9 septembre de la charte de la laïcité est présentée comme un moment fort de l’action gouvernementale. Il s’agit, dans la continuité de la loi d’orientation, de donner une impulsion de gauche à une interrogation sur les valeurs qui traverse la société française. Pour autant, la charte a ses limites pédagogiques, sociales et politiques.
Les difficultés scolaires sont rarement solubles dans les règlements intérieurs. Cette loi vaut aussi pour les questions de laïcité. Ce n’est pas seulement en affichant la devise républicaine que l’on met de la fraternité dans les établissements. Ce n’est pas seulement en placardant une charte que l’on atteindra le niveau de vivre ensemble que vise la charte. Certains articles d’ailleurs interrogent. Si l’endoctrinement politique ou religieux sont évidemment à proscrire, l’absolue neutralité que promet la charte est une chimère. Comment l’enseignant pourrait-il totalement laisser à la porte de sa classe ses convictions ? Est-ce même souhaitable ? On ne peut pas à la fois exiger des enseignants qu’ils soient des modèles pour leurs élèves et les dépouiller de leur liberté. N’a-t-on pas vu aussi récemment, en 2005, des enseignants enfreindre les programmes d’histoire quand ceux ci déraisonnaient ?
Mais redescendons vers des situations plus banales. Les enseignants sont mis face à des situations pour lesquelles leur formation est très courte. Que faut-il dire à l’élève qui refuse de faire du sport en période de jeûne ? Comment réagir à telle ou telle remarque sur un moment du cours ? La question est d’ailleurs plus vive encore hors des cours dans les moments de vie scolaire. Comment gérer la diversité des attitudes à la cantine ? Qu’est-ce qu’un signe ostensible d’appartenance religieuse et à qui appliquer la loi ? Sur tous ces points, des fiches pédagogiques seront bienvenues. Mais leur portée sera très limitée. Seule la formation continue pourrait aider les enseignants à apporter la bonne réponse au bon moment.
Il y a aussi une limite sociale. La question de la laïcité ne se pose pas partout dans les mêmes termes. L’Ecole elle-même n’échappe pas à la discrimination. On sait que les résultats du système éducatif sont fortement corrélés aux inégalités sociales, en France beaucoup plus que dans d’autres pays de l’OCDE. On sait aussi que les inégalités sociales ne sont pas sans rapport avec les différences ethniques. C’est en étudiant les collèges aquitains que Georges Felouzis a mis en évidence la ségrégation ethnique qui frappe l’école républicaine et le fait que l’Ecole soit elle-même productrice de ségrégation. En 2004, il nous disait » On ne peut pas parler de xénophobie ou de racisme. Mais on observe en effet de la ségrégation au collège et certaines origines en sont plus victimes que d’autres : c’est plus net pour les personnes originaires du Maghreb, d’Afrique noire ou de Turquie. Peut-on parler de discrimination ? Oui et non. Oui car cela crée une situation sociale qui produit une identification de l’individu sur une base ethnique qu’il soit allochtone ou autochtone. Dans les collèges, on observe que ça incite à produire des identités centrées sur l’ethnicisation. Ca peut produire une lecture de la société en terme de relations raciales ». Comment mettre en action les valeurs de la laïcité dans des établissements ghettoïsés ?
Plus globalement, la Charte interroge aussi la conception française de la laïcité. Fruit de l’histoire, sa conception de la laïcité est plus antireligieuse que chez nos voisins. En même temps, l’Etat laïc subventionne des établissements religieux. Et personne n’ignore qu’ils sont à 90% catholiques. Ces particularités sont soutenues par une culture étatique très forte qui est très apparente dans le texte de la charte. L’Ecole invite tous les jeunes à l’intégrer et à s’y soumettre même si elle apparait singulière. Une singularité qui semble de plus en plus difficile à faire admettre dans un monde ouvert à toutes les cultures. « Aujourd’hui, la morale laïque doit tenir compte des différences culturelles et il n’est plus possible d’opposer le public universel et le privé singulier avec la même radicalité que naguère », nous disait F. Dubet en avril 2013. « Alors qu’il fallait réduire les différences de foi et de culture au privé, nous devons apprendre à vivre paisiblement avec ces différences. En ce sens, il ne nous suffit plus d’être républicain, il nous faut aussi devenir démocrate. La morale laïque ne peut plus surplomber les morales et les identités particulières, elle doit aussi nous apprendre à les reconnaître et à vivre ensemble. » Un travail auquel la charte semble tourner le dos.
François Jarraud
F Dubet
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La cuisine de la laïcité
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La charte
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A quoi peut bien servir une charte de la laïcité ? Que peuvent en faire les enseignants ? Ne risque-t-elle pas de stigmatiser davantage les minorités ? Ancien directeur d’IUFM, Jean-Louis Auduc suit les questions de laïcité depuis des années. Il a participé à la rédaction de l’ouvrage « Pédagogie de la laïcité » préfacé par le ministre en 2012. Pour lui la charte de V. Peillon est un texte accessible qu’il va maintenant falloir faire vivre à travers une formation des enseignants.
La charte compte 17 article comme la Déclaration des droits de l’Homme. A quoi peut-elle être servir ?
C’est bien d’avoir un texte qui montre la laïcité au quotidien et qui insiste sur le fait qu’elle est un outil de liberté. D’ailleurs ce mot est celui qui revient le plus souvent dans la charte. Cette charte casse l’image réductrice d’une laïcité d’interdiction et met en avant la liberté de conscience, de la personne, l’enjeu de la culture commune et partagée. La charte est bien équilibrée entre les 3 principes de la laïcité : la primauté de l’Etat avec ses programmes d’enseignement, la liberté de conscience et d’expression, l’égalité de traitement des croyances et des incroyances. Ce texte vulgarise bien la laïcité. C’est un bel outil pour une laïcité de conviction et non de contrainte. Par exemple, la laïcité c’est aussi les jours protégés comme Roch Hachana et Yom Kippour en ce moment. Ils sont dans la loi de 1905 (article 42). On a trop souvent aujourd’hui une vision d’une laïcité d’exclusion. Avec cette charte on est dans une laïcité de conviction. Et surtout devant un texte qui vulgarise.
Certains articles semblent un peu irréalistes comme celui qui affirme qu’il « appartient à tous les personnels de transmettre aux élèves le sens et la valeur de la laïcité » ou celui qui dit que « les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions ». Il ne suffit pas de l’écrire pour que ce soit respecté.
Ces articles, c’est simplement la loi. Je conseille aux enseignants d’expliquer aux élèves qu’ils ne sont que des musiciens qui interprètent des partitions qu’ils n’ont pas écrits. Souvent l’élève ou ses parents croient que quand le professeur choisit telle ou telle oeuvre c’est un choix personnel qui reflète ses idées. La neutralité s’appuie sur le fait que l’enseignant doit appliquer la partition décidée par l’Etat qui seul détermine les programmes.
Concrètement, le professeur est face à des situations où souvent il ne sait pas quoi faire. Par exemple des refus d’aller à la piscine ou des problèmes de longueur de robe.
C’est pourquoi il faut décliner la charte par discipline dans des documents d’accompagnement avec des fiches pédagogiques par rapport aux disciplines et aux espaces scolaires pour les CPE et les enseignants.
Il y a un vrai enjeu de formation continue des enseignants pour qu’ils expliquent cet outil aux élèves. On a eu dans le passé une charte de la citoyenneté dont les personnels ne s’étaient pas emparés. J’espère que le ministre lancera une grande action de formation dans les semaines qui viennent auprès des professeurs principaux.
Le ministre a annoncé un kit pédagogique de complément. Il faut aussi des réunions où on donne des indications, où on présente le kit. Il ne faut pas se limiter à l’envoyer si l’on veut une véritable appropriation. Je souhaite qu’elle soit présentée par les professeurs principaux lors de l’élection des délégués élèves et, pourquoi pas, aux élus lors de la réunion du conseil d’administration du collège ou du lycée.
On est dans un pays laïc où l’Etat finance des écoles catholiques de façon importante. Comment empêcher que ce texte ne soit pris comme anti musulman devant le fait qu’il y a deux poids deux mesures ?
Le texte ne s’applique qu’aux écoles publiques. Les articles 13, 16 et 17 ne s’appliquent pas aux écoles sous contrat dans le cadre du caractère propre. Leur seule obligation en ce qui concerne la laïcité c’est le respect des programmes nationaux. Mais la situation que vous évoquez n’est pas aussi simple. On en a peu parlé mais dans le palmarès des lycées établi par l’Education nationale c’est un lycée sous contrat musulman qui est premier au niveau national. Il fait partie de la quinzaine d’établissements musulmans sous contrat. Il y a 5 ou 6 ans il y avait une querelle sur ces établissements. Maintenant il y en a 1 ou 2 de plus chaque année. Et ça ne pose pas de problème.
Le moment est venu d’une pédagogie de la laïcité. V. Peillon avait promis une vulgarisation et une charte. Il l’a fait.
Propos recueillis par François Jarraud
Le texte de la charte présenté au CSE
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En première ligne des disciplines qui doivent faire face à des problèmes de laïcité : l’EPS. Alors que V. Peillon publie la nouvelle « charte de la laïcité », comment ce texte va-t-il permettre de répondre aux problématiques du terrain ? Pour Julien Gout, professeur d’éducation physique et sportive en région parisienne, les problématiques sont plus larges. Parler de laïcité n’a souvent pas lieu d’être dans des établissements où plus de 90% des élèves ont la même croyance. L’auteur repositionne d’ailleurs le débat sur la culture scolaire qui est proposé : « les problèmes liés à la natation sont souvent très loin des problèmes religieux et de laïcité, en effet, quel intérêt pour un élève d’apprendre à nager, alors qu’il n’a quasiment aucune chance de voir la mer un jour dans sa vie, ou de payer l’accès à une piscine publique… »
L’article 10 insiste sur la nécessité de garantir l’égalité entre filles et garçons. Justement dans certains établissements de quartiers populaires ou vous avez enseigné pendant plusieurs années, qu’en est-il ? La charte peut-elle être un point d’appui ?
En effet, il existe un véritable besoin autour des problématiques de genre dans les établissements des quartiers populaires. Cela rythme le quotidien des enseignements. En EPS, il va de soi que certaines activités posent problème. Enseigner l’acrosport, la danse peut être perçu par le public masculin comme une véritable agression. Il est souvent nécessaire de rentrer par le défi, l’exploit et une connotation plus « masculine » pour faire pratiquer l’élève. La charte ne sera pas un appui, mais une occasion de rappeler de nouveau certains principes, comme l’acception d’un point de vue. Evaluer une chorégraphie en Danse demande une certaine acrobatie, pour sortir des jugements qui se limitent le plus souvent à l’exploit et faire rentrer les élèves dans la perception de l’esthétisme, du langage du corps. Dès lors, la charte est un outil, parmi tant d’autres mais pas un moyen.
On évoque le plus souvent les problématiques liées à la pratique de la natation, et au refus de certains élèves, ou parents, d’aller « à la piscine » ? Cette problématique est-elle réelle ? Et comment peut-on la prendre en compte ?
Il est vrai que souvent, la problématique de refus d’accès à la piscine est justifiée par des choix liés à la religion. La charte aurait dans ce cas là un intérêt évident. Mais les explications peuvent aussi être plus communes. Sans rentrer dans de longues explications, quel adolescent n’a pas un rapport à son corps problématique ? Un élève entre la sixième et la terminale prend 50 cm, les enfants, deviennent de futurs adultes. Des solutions existent, mais elles demandent un travail de l’ensemble des acteurs de l’établissement, du médecin scolaire, à la CPE, en passant par l’infirmière pour expliquer, vérifier, et évoquer les enjeux de l’apprentissage du savoir nager. Mais encore une fois, les solutions existent et la natation se déroule très bien dans de nombreux établissements, même les plus difficiles. Par contre, il convient de noter que les problèmes liés à la natation sont souvent très loin des problèmes religieux et de laïcité. En effet, quel sens peut trouver un élève dans le fait d’apprendre à nager, alors qu’il n’a quasiment aucune chance de voir la mer un jour dans sa vie, ou de payer l’accès à une piscine publique ? Il me semble que la véritable problématique est plutôt celle de la cohérence entre l’offre culturelle accessible pour les habitants des quartiers populaires et la culture scolaire.
Justement vous évoquez le décalage de la culture scolaire avec la culture présente au sein de ces quartiers. Pourtant, l’article 8 souhaite favoriser « l’accès à une culture commune et partagée » Comment répondre à cette réalité ?
Je dois avouer qu’avant de travailler en zone sensible, la formation que j’avais reçu a souvent insisté sur la nécessité de prendre en compte la grande hétérogénéité des élèves. Or l’hétérogénéité n’est pas évidente dans les collèges dits « sensibles ». Les élèves sont presque tous issus de catégories sociaux professionnelles défavorisées, et sont pour beaucoup en grande difficulté scolaire. Dès lors le tableau peint est véritablement différent.
Par contre, ce qui est frappant c’est le décalage entre la culture que l’on souhaite enseigner, la culture scolaire et les possibilité d’accéder à cette culture en dehors de l’école. Quel sens revêt le fait d’intégrer des valeurs telles que la solidarité, le respect de l’autre,… quand la réalité du quartier fait la part belle à « la loi du plus fort » ? Evoquer la laïcité et la nécessité de l’accès à une culture commune de haut niveau, c’est bien. Mais il est nécessaire que cette préoccupation de l’école soit également prise en compte dans la politique sociale du pays. Cette charte ne peut avoir qu’un impact limité en l’état actuel des choses. Les problématiques ici sont principalement des problématiques sociales, territoriales. Il s’agit plus d’un pansement que d’une solution pérenne.
Propos recueillis par Antoine Maurice
EPS et laïcité : Les documents de B. Lefort
http://bernard.lefort.pagesperso-orange.fr/Sites/04.htm
Ramadan, voile et EPS
http://bernard.lefort.pagesperso-orange.fr/documents_captur[…]
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Comment faire vivre la charte de la laïcité à l’école ? Pour installer une des premières chartes de la laïcité, vendredi 13 septembre, George Pau-Langevin n’a pas choisi n’importe quelle école. Elle s’est rendue dans l’école Vitruve, située dans l’arrondissement dont elle est élue. Mais cette école est aussi un lieu historique de l’innovation pédagogique. Une école qui depuis cinquante ans applique la fraternité dans un quartier très populaire. Et où on pratique la laïcité pour de vrai…
L’école du vivre ensemble
Rarement un ministre aura été aussi bien reçu que George Pau-Langevin, ce 13 septembre, à l’école Vitruve, dans le 20ème arrondissement parisien. Ce n’est pas tant qu’on ait déployé le tapis rouge pour la ministre. L’accueil est extraordinaire par l’art qu’ont les enfants de l’école de recevoir le visiteur. Hauts comme trois pommes, deux élèves ont salué la ministre avec l’assurance d’un présentateur professionnel. « Nous sommes heureux que vous soyez dans notre école car ici les enfants prennent des responsabilités ». Puis toute l’école a entamé le chant de l’école au quart de tour.
» C’est une école qui développe le vivre ensemble et par conséquent il était naturel que nous la choisissions. C’est déjà une école où on a un vécu démocratique ce qui est un terreau favorable pour que la charte soit appliquée », nous a confié la ministre. De fait l’école, fondée en 1962 par des instituteurs militants de l’école nouvelle, est devenue une école expérimentale . Elle a mis en place des structures de gestion associant les enfants. Dans le couloir, les enfants ont affiché les noms des coordinateurs enfants, ceux des ludothécaires et même ceux des « contrôleurs de vitesse ». L’école a institué un système de réglement des conflits entre enfants. Les enfants savent débattre, argumenter avec assurance. En même temps , l’école Vitruve est largement ouverte sur le quartier. Les parents participent au assemblées, aux fêtes , aux journées à thèmes.
Le problème des minorités silencieuses
Justement, la ministre assiste à un débat en classe sur le dernier conseil d’école, un organe qui réunit les élèves délégués et un enseignant sur les règles à appliquer dans l’école. Peut-on changer les règles ? Oui explique Théo parce qu’on peut changer d’avis après avoir essayé. La question du chewing gum amène une autre question : comment faire respecter l’interdiction des bonbons prises par le conseil pour éviter les disputes ? La maitresse explique qu’il y a des élèves qui ne respectent pas la règle et qui refusent de venir au conseil. C’est une minorité silencieuse. Comment lui faire respecter la règle ? « Il faut les faire venir au conseil », suggère Léna. A Vitruve, on a une certaine expérience du vivre ensemble.
Ecole de la vie, école de l’apparence
C’est par ce biais des applications concrètes, que l’école Vitruve entend appliquer la charte. Pour Frédéric Le Merrer, coordinateur de l’école, « la charte ne prendra son sens que si elle s’intègre dans un démarche plus globale qui va solliciter l’ensemble des acteurs de l’école. Elle ne transformera la réalité que si elle interroge l’école et ses pratiques ». Dans la charte, il voit « une vision de l’école républicaine, l’école du travail coupé de la réalité », mais aussi « le droit à l’expression, des mots rassurants qui se rattachent à l’école de la vie, de la responsabilité ». Pour lui c’est cette dernière école qui répondra le mieux aux défis de la laïcité.
Des parents, l’inspecteur du secteur, le recteur, des élus locaux ont échangé avec la ministre sur la laïcité. La maire du 20ème arrondissement, Frédérique Calendra a rappelé les difficultés rencontrées dans les cantines scolaires. Des problèmes qui ne peuvent se résoudre que dans le dialogue avec les parents.
La ministre a annoncé la publication prochaine d’une nouvelle circulaire sur la place des parents à l’école. George Pau-Langevin a rappelé que « s’il est important de rappeler le cadre quand les personnels s’interrogent pour savoir s’ils appliquent bien les principes républicains… il faut faire de l’école le creuset de la société et non un lieu qui divise ». Pour elle, « l’idéal ne vivra que dans l’action pédagogique », « On fait confiance aux enseignants pour diffuser ces principes.. Ce texte a été voulu pour que tous les enfants, notamment dans ce quartier, sachent qu’on est tous égaux et que nous souhaitons vivre ensemble. Il ne s’agit pas de critiquer ou d’être contre telle ou telle croyance, mais de rappeler que l’école est un espace dévolu à la culture. Le texte dit que nous sommes tous protégés et respectés. C’est un texte de fraternité ».
François Jarraud
L’école Vitruve
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Un instit fait traduire en langage accessible aux écoliers la charte. Au Québec, en Allemagne d’autres conceptions de la laïcité travaillent aussi les sociétés…
La charte de la laïcité (déjà) traduite par les enfants
» Par exemple, un prof a le droit de punir un éleve que quand il a fait quelque chose de mal et non à cause de sa religion ». Les CM2 d’Alexandre Acou ont traduit la nouvelle charte de la laïcité dans leur langue. Ce travail collaboratif a été réalisé par un enseignant qui avait été remarqué au Forum des enseignants innovants d’Orléans.
La charte traduite
https://www.evernote.com/shard/s263/sh/12bbaaf3-f497-4cae-bed9-2[…]
Le travail d’A Acou
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Québec : La charte des valeurs interdit les signes ostentatoires
Le gouvernement québécois a présenté le 10 septembre la « charte des valeurs québécoises » qu’il entend voir s’appliquer dans la province. Rompant avec la tradition des accomodements, la charte entend faire passer la laïcité par des textes réglementaires. Ainsi le personnel de l’Etat devrait respecter un devoir de neutralité religieuse, le port des signes religieux serait interdit dans certains lieux. Le visage devrait être découvert quand on donne ou reçoit un service de l’Etat. Malgré tout, au nom de l’histoire, le crucifix qui domine l’Assemblée nationale québécoise restera en place. Une charte à deux vitesses ?
La charte
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Quel modèle de laïcité pour le Québec
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Laïcité : L’Allemagne autorise le « burkini »
La Cour administrative fédérale allemande a autorisé une jeune collégienne d’origine marocaine à participer aux cours de natation en « burkini », un vêtement intégral incluant un voile. La jeune fille demandait à être dispensée d e piscine et refusait le port du burkini. Le tribunal rappelle l’obligation scolaire et lui donne la possibilité de porter le burkini pour éviter la dispense.
Article Cidal
http://www.allemagne.diplo.de/Vertretung/frankreich/fr/__p[…]
Sur le site du Café
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