« Aujourd’hui, le nombre d’ordinateurs atteint un niveau considéré comme suffisant dans beaucoup d’établissements. Parallèlement, une majorité de familles s’est équipée et les enseignants se sont familiarisés avec l’usage des ordinateurs. Mais la confrontation de l’école avec un objet technique instable continue de poser problème. Les promesses de bouleversements pédagogiques se dérobent sans cesse, tandis que la réalité des usages et leurs effets sur l’enseignement et l’apprentissage restent difficiles à appréhender ». C’est sur cette contradiction, proposée par Serge Pouts-Lajus, que ce nouveau numéro des Cahiers pédagogiques est construit.
D’un côté il invite à découvrir les usages et les représentations que les élèves se font d’Internet. Ainsi Odile Chenevez montre qu’il y a urgence pour l’école à se saisir du phénomène blog. Jean-François Cerisier rend compte de recherches sur l’univers mental des élèves. « Il nous apparaît que la question de la représentation que les élèves se construisent d’Internet est centrale en ce qu’elle sous-tend l’élaboration de toutes leurs stratégies de recherche et d’exploitation d’informations ». Et il revendique « des parcours de formation cohérents ».
Du côté des usages en classe, Alyne Piazza rend compte des retombées formatrices des classes pupitres, Jean-Martial Fouilloux de la puissance des outils de création musicale. Les nouvelles communautés enseignantes nées d’Internet ne sont pas oubliées avec les Clionautes ou Weblettres. Alors tout va bien ? Claude Delagoutte et Patrick Picard montrent comment, dans le primaire, la structure même de la classe résiste à l’intégration des tice. « Tout se passe comme si les enseignants les plus en difficulté avec les nouveaux savoirs disaient en substance : « je sais faire des leçons mais je ne sais pas y intégrer l’informatique ». Or… ce ne sont pas les tice qui font avancer la pédagogie, mais les questionnements pédagogiques qui amènent éventuellement à utiliser les tice ».
L’intégration des tice ne pourra donc être atteindre qu’au prix d’un effort d’accompagnement. Or, pour Alain Chaptal, on assiste justement à un désengagement de l’état.« Aujourd’hui le ministère réduit drastiquement les moyens qu’il consacrait jadis à l’accompagnement des enseignants. C’est aussi un choix clair. La logique du laisser-faire et du discours déconnecté des moyens tient lieu de politique. Il est à craindre que le seul résultat soit le gaspillage du formidable potentiel de bonne volonté des enseignants ».
Soyons reconnaissants aux Cahiers de nous ramener ainsi à la réalité du terrain qui est en effet assez éloignée des discours officiels. Et de partager les inquiétudes du Café.
Le numérique à l’école, Cahiers pédagogiques n°446, octobre 2006.
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