Peut-on changer l’Ecole en un mois ? La question mérite d’être posée au regard des sujets traités par le ministère en octobre. L’accélération des réformes, une dizaine ce mois-ci, n’est sans doute pas sans rapport avec le calendrier politique. Les rend-elle plus crédibles ? A y regarder de près, ce n’est pas sûr.
Observons les sujets traités par el ministère en octobre 2015. Il y ales nouveaux programmes, l’évaluation, le budget 2016, la mixité sociale, la réforme du collège, le harcèlement, le plan numérique, le statut des parents et peut-être en ai-je oublié.
Premier point commun : presque tous ces sujets sont en panne depuis des années. Ne parlons pas de la réforme du collège. Mais la place des parents, la réforme de l’évaluation, de meilleurs programmes, le plan numérique, la ségrégation sociale, autant de points qui font débat depuis longtemps et que les ministres se sont repassés de main en main tranquillement.
Première conclusion : le changement est en route. En fin de quinquennat, le gouvernement met en place en accéléré des réformes plutôt que laisser à son successeur le soin de terminer le travail, ou pas. Il faut coûte que coûte qu’avant 2017 une situation irrécupérable soit créée.
C’est très net avec la réforme du collège que l’on veut appliquer d’un coup sur 4 niveaux en 2016. Ou le plan numérique où dès la première année on touche 40% des collèges. Ou encore l’évaluation pour laquelle sortent des textes applicables en 2016.
Cette rapidité nuit à l’application. C’est évidemment beaucoup pour l’administration. Surtout une réforme nécessite une phase d’appropriation qui n’est pas au même rythme que les annonces. Enfin pour pouvoir aller plus vite, la ministre s’accommode de peu d’exigence.
L’exemple en est donné avec la mixité sociale. La ministre annonce pratiquement qu’il est question de sauver la république. Mais au final, elle laisse le soin aux élus locaux de décider le volume du changement. Et celui-ci ne concernera que 0.5% des collégiens… Même chose pour l’évaluation : au final on impose de nouveaux formulaires, mais l’essentiel, une évaluation plus formative, reste dans les limbes. Vous faites, ou pas, comme vous voulez. Attendons pour voir pour la réforme du collège qui pourrait elle aussi déplacer moins de choses que l’on ne croit.
Mais le vrai problème de la ministre c’est que cette accélération nuit à la vision des réformes. Cette course perpétuelle fait qu’elles deviennent illisibles. Chaque semaine une ou deux réformes importantes c’est beaucoup trop pour l’opinion. Au final l’action ministérielle n’est liée dans l’opinion à aucun point précis.
Tout ce mal pour rien ?
François Jarraud
Sur le site du Café
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