Combattifs. Vincent Peillon et Georges Pau-Langevin n’ont pas dévoilé de nouvelles mesures à l’occasion de la conférence de presse de rentrée du 29 août. La nouveauté était dans le ton et les orientations politiques. Le ministre de l’éducation nationale a présenté une rentrée « de gauche » en assumant pleinement ce qui a été réalisé en un an. Pour le ministre, il ne s’agit plus de « fatiguer le doute » mais d’afficher l’action gouvernementale. La rentrée est de gauche, volontaire et optimiste
Réduire les inégalités
« Il ya un changement important à cette rentrée », affirme le ministre. « C’est une rentrée pour la réussite de tous les élèves, notre préoccupation majeure ». « Un système qui réussit est un système où tous les enfants réussissent ». Vincent Peillon a donné un ton nouveau à la traditionnelle messe de rentrée du ministère en défendant tout ce qui a été fait en une année. Surtout il n’a pas hésité à ancrer son action nettement à gauche. « C’est la première rentrée de la gauche », dit-il. Et il le démontre.
Fermeté
« Quand il y a création de 7 500 postes, on les voit. Quand il y a 30% de recrutement en plus on les voit. Quand la prime est versée, on la touche ». Le ministre de l’éducation nationale a fustigé tous ceux qui mettent en doute son action et écarté l’idée qu’à cette rentrée rien ne change. Pour lui, comme pour George Pau-Langevin, le travail réalisé l’an dernier est immense et il se traduit déjà concrètement. Et il se situe dans une action à long cours.
Inversion historique
Coté postes c’est « une inversion historique ». A la rentrée 2012, 13 000 postes étaient supprimés. Cette année 7 500 nouveaux postes sont dans les établissements. Aux journalistes qui soulignent la lenteur du déploiement des nouveaux dispositifs, le ministre répond en montrant la rupture en profondeur. Au primaire, le « plus de maîtres que de classes » va « faire travailler ensemble les enseignants dans la perspective du travail d’équipe ». Les 10 000 postes d’EVS, des contractuels qui aident les directeurs d’école sur le plan administratif, que la droite avait supprimé, « on les a rétablis en un an ».
Le ministre ne cède rien sur les rythmes. « Pour la première fois on offre à tous les enfants de France des activités périscolaires ». Les nouveaux rythmes ne sont pas qu’une évolution structurelle. Certes c’est « un changement dans l’approche pédagogique de l’enfant ». Mais le ministre insiste sur un autre aspect. « C’est la mesure centrale de notre lutte permanente pour réduire les inégalités scolaires ».
Même recherche d’égalité dans les ESPE. « C’est un changement d’esprit : on met tous les enseignants ensemble » et les éducateurs avec eux. Le ministre reconnaît que 3 ESPE n’ont reçu qu’une accréditation provisoire pour n’avoir pas compris le nouvel esprit et avoir négligé l’aspect professionnel de la formation.
Des mesures pour les enseignants
Le ministre a rappelé ses engagements pour les enseignants. La nouvelle prime ISOE (400 € par an) pour les professeurs des écoles. Il a promis deux demi journées de consultation sur les nouveaux programmes et l’éducation prioritaire. Sur l’évolution du métier il est resté flou sur la mage de manoeuvre dont il pourrait disposer dans les discussions avec les syndicats. Mais pour lui, « les marges de manoeuvre seront déterminées en priorité par la pédagogie ».
L’innovation mise en fiches
George Pau-Langevin a rappelé son action avec les 10 000 postes d’AVS créés à la rentrée et la politique de pérennisation de ces emplois. Elle a aussi évoqué le conseil de l’innovation. « On n’ pas repris l’ancien conseil car l’école doit prendre en compte ses partenaires », allusion au fait que des élus locaux et nationaux, des représentants d’autres ministères siègent dans ce conseil. La ministre veut « rechercher, inventorier et mettre en réseau » les enseignants innovants.
Des ministres de combat ?
C’est des ministres bien campés sur leur bilan et assurés de durer qui ont fait leur rentrée le 30 août. Ce n’est pas seulement le moral retrouvé après des vacances. Les ministres donnent l’impression d’avoir bien en main la machine éducation nationale et d’être capable d’en orienter le cours. Alors qu’ils ouvrent de grands chantiers très difficiles comme la réforme du collège, celle du métier, les nouveaux programmes, il faut bien au moins cette énergie pour affronter la montée des oppositions.
François Jarraud