Par Françoise Solliec
En regard de la pauvreté de l’accompagnement académique d’une politique d’assouplissement de la carte scolaire en collège et des changements attendus avec l’informatisation de la procédure d’affectation en seconde, c’était bien la question de la mixité sociale dans les établissements d’enseignement publics parisiens que posait la FCPE Paris dans son point presse du 13 mars 2008.
Comme toutes les académies, Paris a dû faire dans les établissements du second degré une répartition des moyens en poste à la baisse (-177), répercutant la diminution des emplois annoncée au niveau national. Selon la FCPE, cette répartition creuse les inégalités entre les établissements, puisque l’attribution, proportionnelle aux effectifs élèves, desservira ceux qui perdent des élèves au profit des établissements plus attractifs.
Il est vrai que la politique de suppression d’emplois menée depuis plusieurs années a fait fondre les réserves de la plupart des collèges et que nombre d’options, dont certaines sont pourtant inscrites comme facteur d’attractivité et de réussite dans les projets d’établissement vont devoir disparaître, ou, à tout le moins, devoir être assurées en heures supplémentaires. Le mécontentement est donc général, que ce soit parmi les enseignants peu enclins à assurer ces heures supplémentaires, alors qu’ils se voient obligés d’assurer des compléments de service dans d’autres établissements, ou parmi les parents, inquiets de voir se réduire dans les établissements des possibilités d’ouverture offertes par les options ou même des activités de soutien aux élèves.
Par ailleurs, constatent les membres de la FCPE, le discours sur l’assouplissement, voire « la disparition » de la carte scolaire, conduit à une certaine perplexité des familles qui pensent qu’elles auront toute liberté dans le choix de l’établissement lorsqu’on leur explique qu’il y a toujours une affectation de secteur et que les autres demandes doivent suivre une procédure dérogatoire, instruite par l’inspecteur d’académie. Si les nouvelles mesures pourraient dans le principe favoriser une certaine mixité sociale, en donnant plus d’importance aux vœux des familles, encore faudrait-il qu’elles bénéficient d’un accompagnement adapté et que les collèges les moins attractifs puissent conserver quelques moyens leur permettant d’améliorer l’accueil de leurs élèves, au lieu de se voir contraints à leur offrir le strict minimum défini par les programmes.
La FCPE Paris, membre du groupe de travail mis en place à cet effet depuis décembre, se déclare favorable à la procédure d’affectation automatisée des élèves en seconde, y voyant « la fin du marché aux élèves » et de « l’opacité » des procédures qui, il faut bien le dire, pouvaient permettre à certains proviseurs une large capacité de choix.
Elle juge intéressant pour les familles de devoir formuler au moins 1 vœu dans 4 lycées différents (10 vœux sont possibles au maximum, pouvant porter sur des filières ou des options différentes), tout en s’inquiétant de la qualité de l’information qui pourra leur être transmise, compte tenu du calendrier très serré de l’opération. Elle souhaite cependant que les critères retenus puissent être retravaillés à l’avenir, notamment la définition de la proximité, et espère que la prise en compte des notes du contrôle continu du brevet s’accompagnera d’une réflexion sur l’harmonisation du système de notation entre les collèges. Elle regrette enfin que la notion de mixité sociale ne soit introduite que par l’unique critère boursier.
La FCPE Paris s’inquiète également de l’ouverture annoncée de 850 place en 1ère année de la filière Bac pro 3 ans. Comment les familles pourront-elles faire ce vœu alors qu’on ne sait pratiquement rien du contenu de cette première année ?
Pour être efficaces et équitables, les changements induits par ces nouvelles procédures, notamment en termes d’élargissement de vœux, doivent s’accompagner d’une information très complète des parents. La FCPE a demandé à ce que des réunions soient organisées dans chaque collège, avant les derniers conseils de classe.
Concrètement, cependant, peu de choses changeront pour les familles des élèves entrant en 2nde. Comme par le passé, elles devront remplir un formulaire recensant leurs vœux et ce sont les établissements qui se chargeront de les saisir. Les résultats des commissions d’appel seront pris en compte et ce n’est donc qu’aux environs du 25 juin que l’application informatique sera lancée pour affecter les quelque 13 000 élèves concernés, l’objectif de l’administration étant qu’une place soit affectée à chaque élève avant le 10 juillet.
La FCPE souligne néanmoins que d’autres objectifs sont à atteindre en termes de mixité sociale et de meilleure réussite des élèves et que ce changement d’attitude dans les processus d’affectation devra s’accompagner d’une réflexion en profondeur sur la carte des formations.