Dans le rapport annexé de la loi Fillon, la note de vie scolaire ne concernait que les élèves de 3ème. Mais dès janvier 2005, l’Inspection générale émettait des réserves:
« il faudra correctement identifier le périmètre concerné par la note sous deux aspects essentiels : il ne peut s’agir de l’activité en classe qui est déjà évaluée par l’enseignant, il ne peut s’agir de sanctionner une deuxième fois un comportement par ailleurs sanctionné ou puni dans le cadre du règlement intérieur. »
Un décret et un arrêté parus au JO le 12 mai apportent des « précisions ». Les critères retenus sont l’assiduité et le respect du règlement intérieur, à parts égales. La participation à la vie de l’établissement peut apporter une bonification sous forme de points supplémentaires, ainsi que l’obtention de l’ASSR et de l’AFPS.
La note de vie scolaire est attribuée par le chef d’établissement sur proposition du professeur principal et après avis du CPE.
Le décret:
http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=MENE0601172D
L’arrêté:
http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=MENE0601173A
Note de vie scolaire: une CPE s’interroge
La note de vie scolaire apparaîtra dans les bulletins à la rentrée prochaine. De nombreuses questions demeurent. Une CPE en a fait un tour (non exhaustif…)
– Les professeurs devront-ils noter le comportement des élèves dans leur cours pour que le professeur principal puisse faire une moyenne ensuite ?
– Les professeurs principaux auront-ils une prime supplémentaire pour le temps que leur prendront ces calculs mathématiques ?
· Sera-t-il mis en place des « détecteurs » de certificats médicaux de complaisance pour évaluer au plus juste l’absentéisme ?
· Faudra-t-il éplucher les causes des absences avant d’attribuer les points en moins ou se basera-t-on uniquement sur les totaux ?
· La réduction des postes de CPE au concours permettra-t-elle un personnel suffisant pour toutes ces petites considérations ?
· Les professeurs principaux sont-ils prêts à animer des conseils de classe qui dureront plus longtemps en raison de désaccords entre collègues qui feront autant débat que nos « encouragements » ou « félicitations » ?
· Les professeurs sont-ils formés à l’évaluation des comportements ?
· Les professeurs possèdent-ils suffisamment d’informations sur la vie privée des élèves pour évaluer la capacité de l’élève à se maîtriser ?
· L’élève timide et à la personnalité un peu effacée est-il moins méritant qu’un hâbleur qui saura se servir à son profit de quelques actions citoyennes ?
· L’élève peut-il être jugé sur sa personnalité ?
· Aurons-nous assez de recul, d’objectivité pour noter des comportements ?
· Et aurons-nous assez de temps ?
· Quelles actions devrons-nous abandonner pour consacrer du temps à ces questions ?
· L’injustice de ce système ne portera-t-elle pas préjudice à l’évaluation pédagogique proprement dite ?
· Inciter les élèves à participer à des actions citoyennes pour obtenir une meilleure note, n’est-ce pas les pousser un peu plus à un comportement consumériste ?
· N’est-ce pas à l’opposé des valeurs que nous défendons chaque jour ?
· Les professeurs accepteront-ils encore d’être professeurs principaux ?
· L’évaluation pourra-t-elle être justifiée clairement aux familles ?
· Qui définira les critères précis d’évaluation ? (pas moi, vous l’aurez compris)
· Comment prendra-t-on en compte les circonstances aggravantes et atténuantes des élèves ?
· Si on ne les prend pas en compte, pourra-t-on parler de justice dans ce système ?
· Un élève malheureux qui n’arrive pas à sourire…, un élève victime de maltraitance qui en veut du haut de ses onze ans aux adultes de la terre entière…, un élève dont les parents ne savent ni lire ni écrire et qui ne fournit jamais de justificatif d’absence… Ces élèves devront-ils faire l’objet d’un traitement particulier ?
· Qu’en est-il de la double peine soit disant interdite et clairement rappelée dans les textes de 2000 ?
· Ne peut-on pas parler de régression des pratiques pédagogiques ?
· Quelle valeur peut avoir un comportement ou une action si elle est faite uniquement parce que « ça rapporte des points » ? Stratégies hypocrites ? Citoyenneté de surface ?
· Peut-on poser la question de la transparence et de la légitimité d’une telle évaluation chiffrée ?
· N’est-ce pas confondre éducation et sanction ?
· La menace fait-elle partie de l’éducation ?
· Pourquoi faire croire qu’il s’agit de valoriser les comportements positifs ?
· Le candidat à l’élection des délégués qui n’est pas élu mérite-t-il moins de points que celui qui est élu ? Et élu, aurait-il réellement été un « bon » délégué ? · Les délégués ne jouant pas correctement leur rôle seront-ils pénalisés dans leur note ?
· Y aura-t-il seulement encore des candidats à la fonction ?
· Le fait que le chef d’établissement porte la responsabilité de la note de vie scolaire aura-t-il une influence sur nos propositions ?
· Combien de temps existera-t-elle ?