La maîtrise de la
langue
Dans le rapport de M. Bentolila :
« Bien des enfants arrivent à la
porte de l’Ecole de la République en situation d’extrême insécurité
linguistique et de terrible déficit culturel. Pour eux, l’école
maternelle constitue la première et la dernière chance de médiation
dans un parcours d’apprentissage qui en a été jusque-là privé. Ces
enfants sont mal entendus parce que leurs questions –souvent non
formulées- sont restés sans réponses. (…) Ils n’ont aucune idée de ce
qui justifie l’effort et le soin de la mise en mot, la volonté de
laisser une trace d’eux-mêmes sur l’intelligence d’un autre leur est
totalement étrangère. Ils arrivent à l’école déjà résignés à n’avoir
aucune prise sur le monde, de ne revendiquer aucun pouvoir linguistique
et intellectuel sur les autres (…) »
Le langage qu’ils
maîtrisent étant «
incompatible avec l’entrée dans l’écrit », l’école
maternelle doit donc «poser
les termes d’une relation plus exigeante et plus confiante avec la
langue orale », pierre angulaire du « juste combat contre
l’illettrisme »…
Il faut donc ( ?) que la
maîtresse leur fasse lecture, «
deux fois par jour pendant une demi-heure (et non pas expédiée en un
quart d’heure avant la sortie) » « des textes aussi éloignés que
possible de la langue orale familière afin de bien marquer la
spécificité de l’écrit ». Il faut « donner voix au texte comme un
musicien donne vie à une œuvre », avant de demander que
chacun « propose son
interprétation » en utilisant le texte comme arbitre, « acceptant certaines
propositions, en repoussant d’autres parce que contradictoires avec la
volonté de l’auteur. Les « mots inconnus » iront
rejoindre le « trésor
des mots de la classe »
M.
Bentolila refuse d’accepter «
l’intrusion désordonnée » dans les écoles « du bon de commande de la
Redoute, de l’affiche publicitaire, de la recette de cuisine ou du mode
d’emploi d’un article electroménager », de ces « bains d’écrits dans lesquels
on plonge les élèves, « inefficaces et dangereux » (…). « La modernité n’est pas une
garantie : certains poèmes classiques charmeront les oreilles et les
esprits des jeunes enfants plus sûrement que certains albums de
jeunesse ». M. Bentolila leur promet alors que leur « nécessaire labeur »
d’être « éclairés par
la claire conscience qu’il leur promet des découvertes magnifiques des
images merveilleuses qui n’appartiendront qu’à eux »…
Programme 2002 :« Dans l’appropriation active du
langage oral se développent des compétences décisives pour tous les
apprentissages: comprendre la parole de l’autre et se faire comprendre,
se construire et se protéger, agir dans le monde physique et humain,
explorer les univers imaginaires… En s’ouvrant ainsi aux usages et
fonctions du langage, l’enfant acquiert une langue, le français, qui
lui permet non seulement de communiquer avec ceux qui l’entourent, mais
aussi d’accéder à la culture dont la langue nationale est le vecteur,
une langue qui lui permet d’apprendre et de comprendre le monde dans
lequel il vit. »
Circulaire
Langage 2006 :
« Le support d’images, de dessins, de
photographies, de représentations ou témoignages visuels des événements
vécus est efficace lorsque l’on aborde des événements plus complexes à
raconter. Les images facilitent la restructuration collective des
représentations mémorisées. L’enseignant incite les élèves à parler sur
ces images, et à propos de ce qu’elles représentent ou évoquent. On
peut aussi faire dessiner ce qui a été vécu, mettre en ordre les
différents dessins produits, combler les lacunes, puis, à ce moment
seulement, faire construire un récit ordonné qui sera enregistré au
magnétophone comme bande son de la séquence d’images.
Le langage «
décontextualisé » est à construire en s’appuyant sur des verbes
d’action : expliquer/justifier, interpréter,
desiner/représenter, raconter/relater, anticiper…
Le chapitre 5 revient
largement sur la «première culture littéraire » à construire pour «
nourrir l’imaginaire », «faire découvrir un usage particulier
de la langue », « découvrir le patrimoine » : rendre les enfants
familiers de l’objet-livre, initier aux codes, organiser la rencontre
avec les personnages, apprendre à comprendre la pensée d’autrui,
apprendre à en parler. L’enseignant veille « à faciliter la
compréhension avant la lecture », à faire justifier les réponses, il
vérifie aussi la compréhension « autrement qu’en questionnant » :
reformulations, résumés, transpositions, dictées à l’adulte…
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