« En Aquitaine un nombre relativement important de jeunes s’insère dans la vie professionnelle au niveau V… D’un côté, élément positif, on observe qu’une forte proportion de jeunes, en tout cas une proportion supérieure à la moyenne nationale, sort du système scolaire à ce stade, avec un BEP ou un CAP. C’est un élément positif dans la mesure où il faut, bien sûr, mettre ce chiffre en relation avec celui des sorties sans qualification, chiffre qui est, on le sait, relativement faible dans l’académie… Cependant, nous avons été conduits à observer que cet élément positif présente aussi un aspect négatif, et, de ce point de vue, il n’est pas sûr qu’il faille parler d’un modèle aquitain : car si assurément l’insertion au niveau V est bonne, comme le taux des sorties sans qualification, on ne peut en dire autant de l’accès au niveau IV… S’il est vrai que la proportion des jeunes qui poursuivent leurs études jusqu’au niveau du baccalauréat augmente, elle demeure cependant plus faible qu’au niveau national… Faut-il alors se féliciter des taux remarquables de réussite aux examens ? du brevet au baccalauréat, les taux de réussite des jeunes aux examens sont élevés et supérieurs aux moyennes nationales… Mais si on intègre cette performance dans son contexte, la même question que précédemment revient sous une autre forme : ce qui se dessine désormais, c’est ce que nous avons examiné comme la question du positionnement des diverses voies les unes par rapport aux autres. Une inévitable conclusion se profile : certains déséquilibres apparaissent, pas seulement territoriaux, et la présomption de pratiques sélectives, par suite, amène à parler d’une sorte de manque à gagner ». Le rapport de l’Inspection générale (Jean-Louis Poirier et Jean-François Cerisier) sur l’académie de Bordeaux porte sur une académie qui obtient de forts taux de succès.
Pourtant il souligne le caractère élitiste des pratiques d’orientation particulièrement dans le secondaire. » Les représentations et pratiques pédagogiques des professeurs se caractérisent, en général par l’effacement de toute perspective de continuité du CM2 à la 6ème et du collège à la 2nde, par la sévérité des évaluations et la mise en avant d’exigences de niveau élevé, par l’insuffisance ou l’inexistence des dispositifs pédagogiques de soutien et de suivi individuel à l’intention des élèves en difficulté. Tout cela, ajouté à l’attitude et aux conseils de divers professeurs principaux ou conseillers d’orientation, a pour effet le décrochage d’un certain nombre d’élèves. Cela explique alors l’attirance de ces élèves pour des solutions séduisantes en faveur d’institutions ou d’organismes où ils ont le sentiment que leurs difficultés sont prises en compte, où ils se sentent respectés et aidés et où ils voient se dessiner un parcours de rupture avec l’échec. D’où le succès des MFR et de l’apprentissage. De là aussi, a contrario, une effet sélectif sur la voie générale et certaines formations technologiques de haut niveau qui se trouvent ainsi écartées du projet d’un certain nombre d’élèves ». Cette orientation se fait au détriment des CSP défavorisées.
Encore ne trouvera-t-on dans ce rapport aucun écho aux travaux de Georges Felouzis qui avait mis en évidence des pratiques de ségrégation ethnique dans l’académie : « On observe en effet de la ségrégation au collège et certaines origines en sont plus victimes que d’autres : c’est plus net pour les personnes originaires du Maghreb, d’Afrique noire ou de Turquie » déclarait G. Felouzis au Café en 2004. « Peut-on parler de discrimination ? Oui et non. Oui car cela crée une situation sociale qui produit une identification de l’individu sur une base ethnique qu’il soit allochtone ou autochtone. Dans les collèges, on observe que ça incite à produire des identités centrées sur l’ethnicisation. Ca peut produire une lecture de la société en terme de relations raciales. Mais ce n’est pas le fruit du racisme. C’est diffus : la cause principale en est la ségrégation urbaine ». Les rapporteurs ont « ignoré » les travaux de Felouzis…
Par contre l’enquête met en évidence les inégalités territoriales. On ne sera pas surpris de savoir que les Landes se placent, avec les Pyrénées atlantiques, en tête de l’académie : c’est un département qui a misé sur l’intégration des TICE grâce à une politique très volontaire du Conseil général.
L’Inspection invite l’académie à augmenter le taux d’accès en lycée et au bac.
Le rapport (en pdf)
Article de G Felouzis dans le Café
Les TICE dans les Landes